05/06/2017

Chili : Du désert d'Atacama au paso San Francisco

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20/04/2017 - 30/04/2017 ; Paso Agua Negra - La Serena - Copiapó - Paso San Francisco

Terrible de vent de face, même dans la descente il ne me laisse pas tranquille. J'ai dû pousser le vélo pour passer le paso Agua Negra à 4753m tellement il était fort. J'espérais qu'il me laisserait tranquille jusqu'à la Serena, deux cents kilomètres plus bas, mais c'est raté: je ne dépasse pas les 17km/h en pédalant dans la descente.
La  rivière qui longe la vallée de l'Elqui  irrigue les vignobles perchés sur le flanc des montagnes. Aux alentours de 1600m d'altitude j'aperçois les premières vignes. Joli contraste au milieu de ces monts secs et rocailleux. Les chiliens utilisent ces vignes pour faire un peu de vin mais surtout une eau de vie de vin bien connue en Amérique du Sud le pisco.

Quelle bonheur de retrouver le bord de mer, la chaleur et la douceur d'un hôtel. C'est la saison basse, il est presque vide. Pour partager une bière et du vin, je trouve tout de même des compagnons. Je fête le trentième anniversaire de mon frère avec le gérant de l'hôtel, qui garde les yeux scotchés sur la TV qui diffuse les matchs de football de la Première League anglaise.

La Serena n'est pas vraiment une cité balnéaire, il n'y a pas de plages agréables et l'architecture n'est pas grandiose, mais la place centrale est mignonne et le petit marché aussi. A la brocante du dimanche je trouve un nouveau rétroviseur. Le précédent a été arraché lors de la tempête de sable que j'ai subie au pied du paso Agua Negra.
Je quitte la Serena après deux nuits et quelques dizaines de crêpes au manjar (lait concentré au caramel).



Atacama

Je file vers le nord et la région d'Atacama par la route 5, la Panaméricaine. Le décor est désertique et les seules plantes qui survivent dans ce milieu aride sont les cactus. En haut d'une petite côte je rencontre Cyrille, un cycliste français de 65 ans qui parcourt l'Amérique du Sud. Même prénom, même nationalité, cyclistes tous les deux: les hasards de la route nous ont réunis. Il profite de sa retraite pour réaliser son rêve. On passe une bonne heure à discuter et raconter nos péripéties respectives, et chacun reprend sa route.

Je pensais que la route serait plate à mourir comme dans le désert australien. Mais j'enchaîne les montées-descentes de plusieurs kilomètres et ce n'est pas rare que j'atteigne les 1000 mètres d'altitude. Le trafic n'est pas dense mais les camions sont nombreux. Heureusement la nuit venue, trouver une place pour dormir au calme est plus que facile. Je dois juste éviter le sable et les épines de cactus pour me préserver et ménager ma tente. Le paysage à l'aube et au crépuscule est splendide. Les températures varient entre 25°C la journée et 5°C la nuit. Parfait ! Je profite pleinement de ces jours de plaisir avant d'aller affronter la Cordillère des Andes.

Paso San Francisco

A Copiapó, une ville minière poussiéreuse et sale, je fais mes courses et je me prépare mentalement pour traverser de nouveau les Andes par le paso San Francisco. Il vient juste de rouvrir après cinq jours de fermeture pour cause de neige. L'hiver approche il ne faut pas que je traîne !
J'ai rechargé mon smartphone et ma liseuse avec mon panneau solaire. Je suis prêt.

Je me trouve à 600m d'altitude et le paso San Francisco est à 281km pour une altitude de 4726m. La montée ne devrait pas être trop ardue. La seule difficulté c'est l'eau. Le côté chilien est sec, aucune rivière ou ruisseau sur ma carte. Mais il y a quelques mines, donc forcément de l'eau: sera-t'elle directement accessible ou seulement canalisée ? A voir ! Je me charge seulement avec quatre litres. Suffisant pour boire et cuisiner pour deux jours. En altitude je n'ai pas énormément soif.
La montée est douce, la piste est en bon état: bien tassée avec une fine couche de bitume par dessus. J'ai un léger vent de dos, je monte sans forcer. Certains passages sont plus pentus et encaissés mais juste sur une petite dizaine de km.
Le désert d'Atacama est extrèmement sec: pas un arbre, pas un buisson . Même les sommets à plus de 4000m ne sont pas enneigés. J'ai la chance le premier jour de trouver un petit ruisseau aux alentours du point kilométrique 80. Il a fait plutôt chaud aujourd'hui et j'ai presque bu toute mon eau. Je monte ma tente sur petit plateau à 2600m d'altitude en compagnie de chèvres, et d'ânes, tout près d'une petite cabane de berger.

Un peu plus loin, le deuxième jour, je rencontre un mineur qui m'offre un soda à la papaye.  Au sommet d'une longue côte, je regarde mon altimètre qui affiche 4000m d'altitude. Avant de partir, je n'ai pas regardé le profil de la route jusqu'au col et je pensais que la montée serait régulière. Je comprends rapidement que ça ne sera pas le cas. Il me reste encore plus de 150km jusqu'au paso San Francisco.

Je passe un premier col à plus de 4300m et je redescends vers le salar de Maricunga et la douane chilienne à 3800m. J'ai fait 63km aujourd'hui, le vent est très fort et je suis rincé. En arrivant à la douane je demande l'hospitalité. Je sais que des lits sont prévus pour les voyageurs car j'ai rencontré deux gendarmes quelques minutes auparavant qui m'ont dit que je pouvais dormir au chaud ce soir.
Et bingo! Un douanier me dirige vers une pièce pour la nuit: huit lits superposés. J'ai l'embarras du choix . Il y a de l'électricité mais pas de chauffage: bien mieux que ma tente quand même! Vers 20h, déjà dans mon duvet prêt à dormir, le douanier vient me demander de changer de pièce pour y loger une mère et sa fille qui arrivent. Il ne veut pas mélanger hommes et femmes. Il m'installe dans sa chambre avec chauffage et TV. Le grand luxe. Suspendu au mur un grand panneau interdit de fumer; mais ça ne l'empêche pas de s'en griller quelques unes en regardant la TV.

La douane ouvre à 9h. Enfin, devrait ouvrir à cette heure-là !  Mais on est dimanche et le douanier n'arrive qu'à 9h45. Il n'y a pas d'électricité. Du coup, impossible de scanner mon passeport. J'espère que le tampon suffira et que le douanier fera la "paperasse informatique" nécessaire plus tard. Sinon je risque d'avoir des problèmes lors de mon retour au Chili. Il est 10h, il fait -2°C et je roule en direction de la Laguna verde à 80km. Toutes les infos du web indiquent un petit refuge avec des termes et des lits. Je monte jusqu'à 4600m d'altitude, puis la route redescend légèrement vers la lagune à 4300m d'altitude. Trente kilomètres avant la lagune le goudron fait place à la piste. De la tôle ondulée, du sable, des graviers, un "bon" chemin comme je les déteste. Je dépasse rarement les 10km/h malgré un vent de dos assez fort. Mais je suis récompensé quand j'arrive au refuge. Une  cabane en tôle ondulée bien rouillée avec une petite table, des lits et une minuscule piscine intérieure avec de l'eau à 35°C. Il fait 5°C dehors avec un fort vent. Un bain chaud réconfortant, et de l'eau soufrée qui me permet de me nettoyer profondément. Je retrouve une peau de bébé!

Au réveil il fait 1°C dans le refuge et dehors -10°C. Bien emmitouflé, je pars à l'assaut du paso San Francisco. Il est à 21km mais il se fait languir. La piste est vraiment mauvaise et  monte fort. Trois heures de selle pour en arriver à bout. Il est midi, il fait -6°C et je suis en haut du paso San Francisco à 4726m d'altitude. Il y a un peu de neige mais pas autant que je le croyais. Côté argentin, la route est goudronnée et je file à plus de 60km/h dans la descente. Il fait très froid mais que c'est bon de descendre! Le paysage est extraordinaire : montagnes rouges, enneigées et couvertes d'herbes jaunies. Avec un grand salar en fond et quelques vigognes qui traversent la route.
SPLENDIDE !
Je suis émerveillé comme un gamin et satisfait de mon effort !





C'est ma deuxième traversée des Andes par un col à plus de 4700m. Je commence à être habitué à l'altitude même si certaines montées en haute altitude me coupent encore le souffle. J'ai toujours un peu mal à la tête la nuit mais rien de bien méchant.
Contrairement au côté chilien du paso San Francisco qui est aride et caillouteux, le côté argentin est coloré et sauvage. Il y a très peu de trafic. Juste quelques voitures de mineurs le matin et le soir. Sinon c'est le silence complet. Enfin quand le vent ne souffle pas. Je l'ai eu quasiment dans le dos tous les jours, ce qui m'a permis d'arriver jusqu'au paso San Francisco en trois jours et demi depuis Copiapó.

Statistiques

Distance :  837 km
Nb jours : 11
Nb jours de vélo : 10
Nb jours de repos : 1
Etape la plus longue :  127 km
Etape la plus courte :  51 km
Plus haut col : 4726m, paso San Francisco, Chili-Argentine


Total depuis le début

Distance : 41167 km
Nb jours : 580
Nb jours de vélo : 394
Nb jours de repos : 186
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 4753 m (paso Agua Negra, Argentine-Chile)
Crevaison : 12
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -10°C ( Paso San Francisco, Chili)





1 commentaire :

  1. ♥Cyril querido estoy muy feliz de verte bien guapo, que te esfuerzas por cumplir tus metas y llegar a ese lugar querido. Espero tener la suerte de volver a verte o cruzarte en mi vida por tercera vez. Te extraño mucho. La vieja de 80 años que viniste a conocer a la Argentina te espera con ricos mates y chocolates para compartir. Cuidate mucho...♥

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