10/12/2016

Patagonie : l'Argentine du bout du monde

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21/11/2016 - 25/11/2016 ; Ushuaia - San sebastian

Tout est bien réglé chez les kiwis au départ d'Auckland. Enregistrement automatique et portique spécial pour les gros bagages, en 3 minutes je suis enregistré et prêt à m'envoler pour Buenos Aires. 11h de vol, je regarde les goonies, le seigneur des anneaux et une sieste plus tard on atterrit. Je suis parti à 20h et j'arrive à 16h le même jour. J'ai remonté le temps.
Mon avion pour Ushuaia est à 4h du matin. 12h d'attente. Je retire des pesos, 2000 max (120€) . La banque me charge de 94 pesos, 6€. C'est vraiment l'arnaque, les banques se gavent sur mon compte !!!
Impossible d'acheter une carte SIM à l'aéroport, je vais devoir attendre d'être à Ushuaia.

Dans l'avion pour Ushuaia il y a beaucoup de touristes et principalement des français. Est-ce à cause de Nicolas Hulot ou aux rayons des savons des supermarchés ?
Après l'atterrissage, le commandant de bord annonce la météo : ciel bleu, vent et 5°C. C'est la fin du printemps et les gens sont toujours  couverts avec doudounes et bonnets. Il est 8h du matin et me voilà en Patagonie argentine dans la ville la plus au sud du monde ! Mon vélo n'a pas souffert du voyage et après deux tours de clé, je l'enfourche direction le centre ville, à 4km. Je mets 30 minutes. Je goûte au puissant vent patagonien.
Ushuaia est une ville industrielle, touristique et chère. En Argentine l'inflation était de 40%  en 2016 , ça fait mal au portefeuille. Après un tour au supermarché je suis plus léger de quelques centaines de pesos . Mais au moins le vin et la bière ne sont pas surtaxés comme en Australie. Avec 2€ euros on peut se désaltérer .
Au centre ville, on trouve des magasins d'équipement de sport, de smartphones et de souvenirs. Mais en dehors des rues principales c'est plutôt : rue en terre, maisons aux multiples couleurs, garage sur le trottoir, boulangeries, minimarket, ... Dans la cour d'école, les enfants jouent au foot sur un terrain vague avec deux pneus en guise de cage.
Et puis presque personne ne parle anglais. Mes trois mots d'espagnol me permettent à peine d'acheter une carte SIM pour mon téléphone. Il va falloir que je m'améliore rapidement si je veux pouvoir discuter avec les locaux.
J'ai la chance d'être hébergé par Juan et Lili, un couple de médecins retraités qui parlent français. J'en apprends beaucoup sur l'Argentine et la Patagonie. C'est plus facile quand on parle la même langue !

Après deux nuits au chaud dans un lit douillet, je reprends la route. Le temps est clément, 10°C,  nuageux mais pas de vent. A la sortie de la ville je suis arrêté par un barrage policier. Ils scannent mon passeport, me demandent ou j'ai dormi et me laissent filer. Les collines sont recouvertes de forêt, parfois rasée pour vendre ce précieux bois. La route est vallonnée, et après un col à 400m d'altitude j'attaque une descente bien méritée avec une superbe vue sur le lac Fagnano. Je rencontre beaucoup de motards avec les sacoches pleines. Après 100km je m'arrête à la panaderia ( boulangerie) "La Union" dans la ville de Tolhuin. C'est une place de choix pour les cyclistes. Les pains, patisseries, chocolats et empanadas sont délicieux. Et Antonio le patron est un homme au grand coeur. Il est connu pour héberger les cyclistes de passage dans la région. Je commande quelques friandises et au moment de payer, on me propose de dormir dans une pièce voisine des cuisines. Lit, douche, chauffage, un petit paradis. Je passe la soirée à me gaver de sucreries tout en regardant le match de foot Barcelone-Glasgow Ranger. Vive la Patagonie !




Les jours suivants sont d'un tout autre acabit. Après Tolhuin, le terrain est plat et venteux. Les arbres ont fait place à la toundra et les rafales de vent me giflent. Les nuages dans le ciel sont presque statiques. Incompréhensible ! je ne peux dépasser 9km/h, je pousse aussi fort sur les pédales que dans d'un col hors catégorie. A Rio Grande, une ville industrielle et plutôt moche, je trouve un abri pour la nuit. Une petite maisonnette où les locaux font des offrandes de bouteille d'eau à la Difunta Correa. Protégé du vent et du mauvais sort je passe une nuit paisible. J'ai l'habitude de vivre avec le soleil. Mais sous ces latitudes les jours sont très longs : le soleil se lève à 5h et se couche à 22h, et durant la nuit il y a toujours un peu de luminosité. Il va falloir un petit moment pour que je m'habitue. Il ne fait pas trop froid, 15°C dans la journée. Pas de pluie en 5 jours, ça fait plus de 4 mois que ça ne m'était pas arrivé.

Après 300km depuis Ushuaia, le 25/11/2016, j'arrive à San Sebastian, le poste frontière argentin direction le détroit de Magellan au Chili.

Statistiques

Distance :  300km
Nb jours : 5
Nb jours de vélo : 3
Nb jours de repos : 2
Etape la plus longue : 126 km
Etape la plus courte :  99 km

Total depuis le début

Distance : 30237 km
Nb jours : 423
Nb jours de vélo : 290
Nb jours de repos : 133
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)


30000 km depuis Pekin en octobre 2015 !!!



La Suite...

22/11/2016

Nouvelle Zélande : l'île du sud

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14 octobre 2016 - 20 novembre 2016 ; Picton - Queenstown - Christchurch - Auckland

Trois heures de ferry plus tard je pose les pieds à Picton sur l'île du sud. Cette partie de la Nouvelle Zélande est moins peuplée, montagneuse et  réputée plus sauvage. Voyons voir ce qu'elle peut offrir.

Je décide de descendre par la cote ouest. L'endroit de l'île ou il pleut beaucoup, beaucoup et beaucoup. 8 mètres par an ! Mais je préfère affronter d'abord le mauvais temps et profiter du soleil lors de ma remontée par l'est.
La saison touristique n'est pas encore vraiment commencée mais il y a déjà beaucoup de camping-cars et de vans, peut être plus que de locaux. Sur la route, la plupart des gens qui me doublent, conduisent un véhicule de location.

Je passe par Nelson avant de traverser le haut de la chaine des Southern Alps et arriver sur la côte ouest.
La route 6 suit la rivière Buller qui a creusée une vallée magnifique. Ce n'est pas le grand canyon mais j'apprécie virage après virage la beauté des montagnes qui m'entourent. Elles sont presque toutes dédiées à la culture de pins plantés dans les années 1960, coupés  entre 1985 et 1990 et replantés à nouveau.
Les sommets ne sont pas très hauts, aux alentours de 1000m. Le vent de face fatigue mes cuisses et les averses me trempent. La météo n'est toujours pas réjouissante.

Après 3 journées j'atteins l'ouest. Le vent souffle assez fort mais dans mon dos . Le paysage est presque chaotique. Les nuages sont bas, les plages couvertes de sable noir et les immenses falaises résistent aux interminables successions de vagues. Ç'est totalement différent des plages de sable fin du nord.

Je passe une soirée au chaud, à Greymouth chez Don et Robyn qui sont de retour après 14 mois de voyage à vélo. On échange nos histoires respectives autour d'un bon repas. Ils me disent que Bangkok en Thaïlande est un village tranquille à coté de Calcutta en Inde. Je n'ose même pas imaginer la pagaille que doit être cette immense ville. C'est la deuxième fois que je rencontre des  personnes qui ont traversé l'Inde en vélo. Et aucune n'a vraiment "apprécié" le pays.



Je fais mon petit bout de chemin vers le sud tout en suivant la route 6 qui longe la cote ouest. A droite la mer, à gauche les montagnes: plus de 3000m pour certaines. Les sommets sont enneigés. Splendide. A Franz Joseph et Fox Glacier les touristes survolent les glaciers en hélicoptères. Les températures sont plutôt clémentes, 15°C l'après midi, mais quand le vent souffle je suis glacé. Même avec le soleil, impossible d'avoir chaud 

Je passe par Haast et Makorora avant de me retrouver de l'autre coté des Southern Alps. Cette vallée est simplement : belle ! Avec ses grands lacs et rivières entourées par les montagnes blanches, la route est une succession de virages et de petites bosses. Pas trop de trafic. C'est presque le paradis du cycliste. Il manque juste le soleil.
Et puis après avoir passé le col à 1076 mètres par la route goudronnée la plus haute de Nouvelle Zélande, le paysage change complètement. Les forêts et pâturages verts laissent place aux plantes brulées par le climat plus sec de la région centrale Otago.
Au petit matin une femme m'a donné une part de gâteau alors que je roulais dans le froid, emmitouflé dans ma veste et moufles aux mains. Et cet après-midi dans le col de Wanaka, une jeune irlandaise en vélo me double (eh oui, je suis lent en montée avec tout mon chargement) et on discute tout en pédalant. Après une pause bien méritée, elle me propose son canapé pour la nuit. Sans aucune hésitation j'accepte et je passe une soirée au chaud avec ses colocataires à Frankton près de Queenstown.
Puis une deuxième nuit au chaud d'affilée chez Jane et Chris que j'avais contacté via Warmshower.
Ils ont traversé pas mal de pays avec leur vélo de randonnée et l'été dernier en Asie Centrale ils ont rencontré Mathéo un cycliste Français avec qui j'ai roulé pendant 5 jours au nord du Laos en décembre 2015. Le monde est petit.




Le 28 octobre j'arrive à Dunedin, sur la cote est, le point le plus au sud de mon périple. Il est temps de remonter.
Le temps a été clément à l'ouest, pas trop de pluie, juste quelques averses par jour, rien de comparable avec les journées froides et pluvieuses de Melbourne en août dernier (08/2016). J'ai été plutôt chanceux 

Mais la chance va s'éloigner. Plutôt que de suivre la route côtière principale qui me mènerai directement jusqu'à Christchurch, je choisis de suivre les petites routes et les pistes qui passent par le centre montagneux de l'île du sud (Naseby, Kurow et Cattle Creek).
Puis la pluie, la vraie, celle qui me trempe jusqu'aux os fait son apparition, et même la neige s'y met dans le col de Danseys à 900 mètres d'altitude. Les pistes deviennent molles et presque boueuses. Les petits ruisseaux se transforment en petits torrents. Sans pont  je suis obligé de me tremper pour continuer à avancer. Ce n'est pas l'enfer mais c'est loin d'être le paradis.  Même si les paysages sont beaux et alternent entre vert et marrons de vallée en vallée.
Heureusement j'ai toujours des vêtements secs que j'enfile le soir pour bien dormir. La nuit les températures chutent en dessous de zéro, ma tente et mon vélo sont couverts de givre. Le matin est moins réjouissant quand il faut remettre une tenue humide pour repartir.

Mais en arrivant à Christchurch après un joli passage par les gorges de Rakaia je retrouve la joie d'avoir un toit et une atmosphère chaleureuse. Bryan, un anglais adorable, ancien collègue de travail de mon père ayant vécu en France, m'accueille pendant trois jours. Il est marié avec Nicky une néo-zélandaise et a deux enfants. Je passe un moment super avec toute la famille (y compris avec le chat). Bryan m'emmène visiter Christchurch, la péninsule Banks et Akaroa, et m'offre de délicieux repas. Malgré ses origines anglaises, Bryan sait cuisiner .
Les signes du tremblement de terre survenu en 2011 sont encore visibles. Certains bâtiments, églises sont toujours partiellement en ruine.
Le centre ville est calme, la cité est presque silencieuse, avec de grands parcs, de belle plages et la montagne pas trop loin. Christchurch est la première ville ou je me sens bien. Malgré ça je ne vais pas m'installer ici.

Je reprends la route un samedi matin, bien reposé après 3 jours sans vélo. Direction Hamner Spring par la route principale sans grand intérêt.
Toujours en quête de calme et d'aventure, je prends la rainbow road, une piste de 112km. Construite pour la maintenance d'une ligne électrique à très haute tension. Fort vent de face, pluie, tôle ondulée, ce n'est pas une balade tranquille. Dans certains passages je suis obligé de pousser à cause du vent qui tourbillonne et me pousse en dehors de la route. Avec la pluie la piste est collante et me voilà à une allure de 9km/h. La région possède quelques chemins de randonnée et des abris pour les randonneurs. Fatigué de combattre les éléments, je m'arrête pour la nuit dans une hutte. Cheminée, matelas et table, le luxe sachant que le mauvais temps continue presque toute la nuit.
Le lendemain matin après plusieurs traversées de ruisseaux gelés et un col à 1300m j'arrive à une barrière fermée. La suite de la piste est privée et n'est ouverte au trafic que de décembre à février. Je transgresse l'interdiction et je saute par dessus pour continuer mon chemin. Cette partie est vraiment sportive avec beaucoup de pierres et d'éboulements. En poussant mon vélo plus d'une fois, je comprends pourquoi la route est barrée en cette saison. Après quelques heures de combat j'atteins de nouveau le bitume ☺. L'odeur du goudron mouillé me donne le sourire. Que c'est bon de rouler sur une surface lisse.

La suite jusqu'à Picton est tout a fait banale. La route traverse quelques vignobles à flanc de colline. J'écoute un peu de musique pour prévenir l'ennui.
Je reprends le même ferry qui m'avait amené sur l'île du sud et je navigue jusqu'à Wellington.




Retour sur l'ile du nord

Je suis à Wellington et j'ai 10 jours pour rejoindre Auckland avant de m'envoler vers un nouveau continent. Le temps est mauvais. Ma motivation n'est pas au top. Je suis fatigué d'être trempé. Ma tête est déjà en Argentine.
Deux jours après mon départ de Christchurch, en pleine nuit survient un tremblement de terre de magnitude 7,9 dont l'épicentre se situe 150 km au nord-ouest de la ville. Plus au nord, je n'ai moi même rien ressenti, bien fatigué après une journée dure et pluvieuse. Je dormais comme un loir dans ma tente. Bryan me contacte par mail pour avoir de mes nouvelles. Pour lui tout va bien il n' a pas eu de dégats dans sa maison qui avait déja subi des dégradations en 2011, mais il est fatigué, inquiet après avoir passé la nuit dehors. Le tremblement de terre sera suivi de mille deux cents répliques dans les jours qui suivent. Je suis loin de l'épicentre et je n'en ressentirai aucune.
Pour ne rien arranger mon roulement de pédalier est en fin de vie (il ne tourne guère rond et se grippe) et je suis obligé de rester un jour à Taupo à attendre la livraison de la pièce. Comme dans tous les domaines, il y a des standards mais ils sont tellements nombreux que les magasins de vélo ne les ont pas tous en stock.

Sur la route je rencontre toujours des gens sympa, ça me remonte un peu moral. A Auckland je suis hébergé chez David, un cycliste que j'ai rencontré il y a presque deux mois, lors de mon premier jour à Auckland. Il a passé quelques mois en Europe avec son vélo de randonnée. Il a traversé les Pyrénées en hiver. Respect !!!
La générosité et l'hospitalité me surprendront toujours. Je passe deux jours formidables en sa compagnie. Merci !!!


Bye-Bye NZ

Presque deux mois dans ce beau pays mouillé. Content de l'avoir visité mais aussi content de le quitter.

J'écrit ce post en direct de l'aéroport de Buenos Aires en Argentine. Nouveau pays, nouveaux visages, nouvelle langue, ... Je suis heureux comme un gamin. Dans quelques heures je m'envolerai pour Ushuaia en Patagonie Argentine, prêt à affronter les éléments et profiter de la nature au bout du bout du monde.

Statistiques

Distance :  2987km
Nb jours : 38
Nb jours de vélo : 32
Nb jours de repos : 6
Etape la plus longue : 130 km
Etape la plus courte :  30 km
Plus haut col : 1300m
Crevaison : 1
Température min : -3°C


Total depuis le début

Distance : 29937 km
Nb jours : 418
Nb jours de vélo : 287
Nb jours de repos : 131
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)



La Suite...

03/11/2016

Nouvelle Zélande : l'ile du nord, Te Ika-a-Māui

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26 septembre 2016 - 13 octobre 2016 ; Auckland - Kaitaia - New Plymouth - Wellington

Après 3 heures de vol j'atterris à Auckland sur l'île du nord. Il est 23h, la douanière m'accueille avec une tête d'enterrement et me demande:
- Pourquoi n'avez vous pas rempli l'adresse sur le formulaire d'entrée en Nouvelle Zélande
Je lui explique:
- je bouge tous les jours avec mon vélo, je ne reste jamais au même endroit.
- Et ce soir me demande-t-elle ?
- Je passe la nuit à l'aéroport.
Elle marmonne un charabia incompréhensible et me tamponne le passeport.
Me voilà en Nouvelle-Zélande pour un peu moins de deux mois.

Je trouve un coin à peu près tranquille pour assembler mon vélo et j'essaye de dormir un peu, allongé sur deux chaises. Autant l'aéroport de Darwin en Australie était calme et propre, autant celui d'Auckland est bruyant et plutôt sale. Le wifi n'est gratuit que pour 30min, radins !

Au petit matin je rejoins le centre ville et je récupère des pièces neuves pour mon vélo. J'arrive chez Maurice, mon hôte du soir. La chance est avec moi: il possède un magasin de vélos électriques. J'utilise son atelier pour changer cassette, chaîne, pédalier et roulements. Après 16000km, mon vélo en avait vraiment besoin.

Le lendemain je sors d'Auckland, direction le nord. Je suis la côte est jusqu'à Kaitaia. Les paysages sont magiques: collines plongeant dans la mer, plages de sable fin, gigantesque forêt de pins, pâturages, ... J'en prends plein les yeux. En Australie, il fallait faire des centaines de kilomètres pour voir du changement, ici à chaque virage je découvre un nouveau paysage.
La météo est capricieuse. Certains jours le temps est orageux et les averses se suivent tout au long de la journée, et les autres jours, le soleil sort timidement entre deux vagues de nuages. Les températures oscillent entre 8°C la nuit et 25° l'après-midi au soleil.
Pour dormir je squatte dans les parcs, les terrains de rugby et les aires de repos qui sont encore trempées par les pluies hivernales. Certains soirs j'ai l'impression de dormir dans ma baignoire. Je me cache un maximum, je n'ai pas envie de me faire réveiller par la police au beau milieu de la nuit. Je monte ma tente à la tombée de la nuit et enfourche mon vélo au petit matin sans laisser de trace. La partie nord de la Nouvelle-Zélande n'est pas le paradis du camping sauvage. Les barbelés bordent la route tel des glissières de sécurité. Il est rare de trouver un endroit "sauvage". La civilisation humaine est partout. La végétation subtropicale a été remplacée par des forêts de pins ou des pâturages. Ils ne sont plus peuplés seulement par des moutons. Depuis que le marché de la laine n'est plus aussi rentable, les vaches ont petit à petit remplacées les moutons.

Les routes sont étroites, vallonées et le trafic est dense. Je le savais en choisissant la route de la côte est. Les conducteurs n'aiment pas ralentir et n'hésitent pas à me doubler en passant à 5 centimètres de mon guidon. Ca me rappelle l'Asie !
Je traverse villes et villages où tout le monde à sa petite maison et son coin de jardin, très peu d'immeubles, même à Auckland.
C'est les vacances scolaires et je suis étonné que les parcs soient vides. Peut être que les jeunes autochtones préfèrent les jeux vidéo et les réseaux sociaux.


Après quatre jours j'arrive à Kaitaia, presque tout en haut de l'île du nord. Il est temps de redescendre par la côte ouest, la côte pluvieuse. Je l'apprendrais à mes dépends. Sur les 14 jours et 1400 km jusqu'à Wellington, je ne verrai le soleil que deux fois . Les journées de pluie se suivent et se ressemblent. La peau de mes mains et de mes pieds est fripée comme si je sortais d'une journée de piscine. Le sol est imbibé d'eau, pas terrible pour le camping.
Cette partie de l'île du nord est un peu plus sauvage et certaines petites routes sinueuses traversent le "bush" néozélandais peuplé de plantes subtropicales.

A Wellsford, une voiture s'arrête et une femme m'interpelle. Elle possède une grande propriété où elle cultive fruits, légumes, et élève des moutons et me propose de travailler pour elle pendant quelques jours ou semaines en tant que "woofer". Pour quelques heures de travail par jour, elle "m'offre" le gite et le couvert.  J'accepte juste pour l'après-midi, ça me changera du vélo et je pourrai prendre une douche chaude, le luxe après six jours de toilette "à la bouteille d'eau". C'est la première fois que je dois travailler pour avoir en retour droit au gîte et au couvert: l'hospitalité est bien différente pour les fermiers néozélandais
Le travail n'est pas trop dur, pendant 2 heures je l'aide à enlever une barrière séparant les pâturages. Ensuite je lave mes affaires, me repose et discute avec mes hôtes autour d'un délicieux repas chaud cuisiné avec les légumes du "jardin".
Je passe la nuit au sec dans la grange, allongé sur des bottes de paille. Je vis le titre de mon blog "sans feu ni lieu" et je repars le lendemain matin toujours en direction du sud. Je passe de nouveau par Auckland où le trafic est plus dense. Les routes désertiques et silencieuses d'Australie me manquent.

A Waiuku, 60km au sud ouest d'Auckland, je suis hébergé chez Tony, un retraité, fan d'arbres fruitiers et de rock'n'roll. Après un succulent plat de lasagnes, je l'accompagne à son cours de danse. Je ne peux me dérober à une invitation à danser.  Triste spectacle  ☹.
Tony remplit mes sacoches de tangelo (un agrume provenant de l'hybridation d'un mandarinier et d'un pamplemoussier) et je continue ma route sous la pluie. J'évite la route principale et je poursuis par les routes sinueuses qui m'amènent aux chutes de Marakopa: magnifique, avec les pluies de ces derniers jours. La route de Waitomo à Awakino est splendide, même si elle n'est pas goudronnée sur toute sa longueur. Je croise 2 voitures en 100km. Le bonheur !
J'arrive à New Plymouth avec une vue étonnante sur le mont Egmont. Ce volcan de 2500 mètres toujours enneigé au sommet est splendide. Il est planté au milieu d'une plaine comme un bouton d'acnée sur un front d'adolescent. C'est mon premier jour de soleil, j'en profite pour prendre quelques photos et me prélasser au soleil. Que c'est bon les vacances .

Nelle et Bruce un couple d'Américains expatrié chez les kiwis m'accueillent pour la nuit.
Les batteries de nouveau chargées je continue ma route par la côte ouest vers Wellington, la capitale.
Rien de transcendant, la route est presque plate, le paysage quelconque et le trafic s'intensifie à mesure que je me rapproche de la capitale.
J'ai le vent dans le dos. La pluie tombe tous les jours mais seulement quelques goutes : tout baigne !


Je ne pensais pas mettre les pieds dans un pays plus cher que l'Australie. C'est chose faite avec la Nouvelle Zélande. Tout est 50% a 100% plus cher comparé à l'Australie. L'insularité sans doute. J'ai troqué mon régime flocon d'avoine contre du pain de mie, du beurre de cacahuète et quelques fruits ou légumes.
Les néozélandais sont plutôt cool et ce n'est pas rare qu'ils "me tapent la discute" quand je fais une pause dans un parc. Après six mois en Australie, mon anglais n'est plus si mauvais et je n'ai plus besoin de faire répéter les gens quand ils parlent vite.
Je m'attendais à croiser quelques cyclistes mais au printemps ils ne semblent pas encore arpenter les routes. Il faut dire que le temps est nuageux ou pluvieux en permanence. Aux dires des néozélandais en été c'est mieux. Peut être !

Le ferry arrive et je charge mon vélo direction Picton sur l'île du sud.

Statistiques

Distance :  1718 km
Nb jours : 18
Nb jours de vélo : 16
Nb jours de repos : 2
Etape la plus longue : 138 km
Etape la plus courte :  33 km

Total depuis le début

Distance : 26950 km
Nb jours : 280
Nb jours de vélo : 255
Nb jours de repos : 125
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 10
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)


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12/10/2016

Australie : bilan et budget

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Presque 6 mois et 13000km, l'Australie a été le pays des extrêmes et des records:
- de température: 49°C dans le nord, -8°C dans les montagnes
- de distance en une journée: 257km
- de vitesse: 74km/h en descente
- de lenteur: 11km/h sur le plat, ...

Je n'aurais jamais pensé que ce pays immense pouvait être pluvieux, froid et venteux. J'avais comme image: le désert ! Ce qui est vrai dans le nord ouest et le centre. Mais le sud et le sud-est sont pluvieux et froids en hiver.

Kangourous, dingos, émeus, chameaux, oiseaux, ... je n'ai jamais vu autant d'animaux sauvages au bord des routes. Magique mais bruyant parfois, les cockatoos (cacatoès) font un vacarme fou !

L'Australie est un pays cher au même titre que la France. Mais fidèle à ma ligne de conduite, je n'ai pas dépensé des sommes folles. Moins que durant mon séjour en Asie. Je n'ai fréquenté aucun hôtel ou camping. J'ai utilisé abondamment les réseaux Couchsurfing et Warmshower.

Un grand merci à toutes les personnes qui m'ont hébergé et nourri !
La générosité australienne n'est pas une légende.

En chiffres

876$ ( 600€ ) en 166 jours : 3.6€/jour
nourriture : 584$ - 400€
forfait téléphone : 182$ - 124€
cartes, vêtements, livres, ... : 110$ - 75€
J'ai fait 13000km et dépensé 600€ 400€ de nourriture ce qui revient à : 3€/100km ☺

En 166 jours j'ai mangé :
- 25kg de pain
- 24kg de flocons d'avoine
- 11kg de gâteaux
- 10kg de mueslis
- 7kg de beurre de cacahuète
- 5kg de cacahuète
- 5kg de beurre
- 4kg de ketchup
- 6 kg de raisins secs
- 4kg de lait en poudre
et quelques légumes ☺




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Presse: article paru dans La Provence

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Clémence Bragard une journaliste de La Provence à pris contact avec moi pour publier un article sur mon parcours.
Nous avons  discuté par Skype plusieurs fois, interrompues par la mauvaise qualité des réseaux australiens. Elle a ensuite rédigé un article paru sur une demi page le samedi 27 août 2016.

Une des dernières phrases résume bien la philisophie de mon voyage et mon ressenti: " Bien dans ses pédales"

Un grand MERCI.

Article
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25/09/2016

Australie : Entre mer et montagne

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24 août 2016 - 25 septembre 2016 : Warragul, Sydney, Brisbane

1°C, brouillard, le froid est toujours présent fin août. Quelques jours de plat et de routes quelconques avant d'arriver à Bairnsdale. Deux choix s'offrent à moi : suivre la côte ou traverser les montagnes en plein hiver. La voie de la sagesse ou de l'adversité.
En regardant mes mains je me dis: évite le froid.
Ma main gauche est enflée avec quelques marques d'engelure et douloureuse au toucher. Les journées froides et pluvieuses en sont responsables. Mes moufles "étanches" ne résistent pas à plusieurs heures de pluie ☹. Je n'ai ressenti ni le froid, ni une quelconque douleur.
Ça fait longtemps que je n'ai pas vu la neige et le dénivelé me manque. Je décide de partir pour 300km de versants enneigés. Je vais en profiter pour tester mon matériel avant d'affronter le froid en Nouvelle-Zélande et en Patagonie.

La route monte progressivement et 150km plus loin quand j’atteins des altitudes de plus de 1000m j'aperçois les premiers névés. Le soleil brille mais les températures descendent au fur et à mesure que je progresse. -8°C, ce matin là, ma tente est gelée, mon vélo est couvert de givre et des glaçons flottent dans mes bouteilles d'eau. Il est six heures du matin, le soleil se lève, les sardines en aluminium me collent aux doigts et une fois mes affaires prêtes, j'enfourche mon vélo moufles aux mains. J'arrive à la station de ski de Mount Hotham, les gens me regardent d'un air bizarre. N'ont-ils jamais vu un cycliste en short en hiver à la montagne ? Je ne prends pas le temps de les questionner, le vent se lève, il ne faut pas que je traîne. J'atteins le col à 1808 m. Je change de versant et de temps: brouillard, vent, pas de quoi profiter de la descente ☹. Malgré mes moufles, après 15km de descente j'ai les doigts gelés. Mais il fait meilleur et je profite des toilettes publiques d'un petit village à 600m d'altitude pour me réchauffer les mains. Le soir, ma tente est toujours gelée et je prends une bonne douche avec une bouteille d'eau à moitié glacée.



Les montagnes sont derrière moi, la suite n'est qu'une succession de collines sur une route calme au milieu de paysages plutôt beaux à mes yeux. Le printemps pointe le bout de son nez et les premières fleurs apparaissent.
Je continue mon parcours à 200km des côtes. Je me dirige vers le nord, les Blue Mountains et Sydney. "Tu verras, en septembre le temps change d'un coup, le soleil et la chaleur chassent l'hiver". Voilà ce que m'ont promis les australiens quand j'étais dans le froid et la pluie aux alentours de Melbourne. Sauf que cette année c'est: pluie, pluie et pluie. Le ciel me tombe sur la tête jusqu'à Sydney.
Je m'achète une tenue de pluie style "ciré" pour me protéger un peu mieux. Pour ménager mes mains, je me fabrique des manchons  en coupant les jambes du pantalon que je fixe sur le guidon. Et ça se révèle efficace. Les jours de pluie succèdent aux jours de pluie. Et puis certains jours je suis malchanceux : il est 17h, la nuit tombe, la route est longée de barbelés. Je n'ai pas le choix, j'ouvre la porte non cadenassée d'un champ où les moutons pâturent. Propriété privée ? Je ne sais pas et je m'en fous, je veux juste dormir à plus de 100 mètres de la route. J'essaie de me cacher et je m'endors comme un bébé après cette longue journée. La pluie commence à tomber dans la nuit et au petit matin c'est le déluge. Je plie ma tente et range mes affaires sous une pluie glaciale. Toute la journée, elle tombe, pas d'accalmie. Je suis obligé de suivre la route principale, pas de route alternative. Les voitures et camions me doublent sans interruption. Je roule sur la bande d'arrêt d'urgence, jonchée de morceaux de verre, de boulons, ... Et donc je crève ! Je change la chambre à air et je repars. Le soir venu, je plante ma tente derrière un engin de chantier. Je n'ai pas trouvé mieux. La pluie s'arrête mais le vent se lève et ma tente claque toute la nuit ☹. Journée de merde ! Heureusement mes sacoches sont 100% waterproof et j'ai toujours des affaires "sèches" pour passer la nuit. Mais au petit matin avec des températures de 5°C, il faut remettre les vêtements mouillés de la veille.

"Ce qui ne te tue pas te rend plus fort" disait Nietzsche.
J'espère que c'est vrai.
Mano Solo qui chantait "j'ai vécu si fort que j'ai tué ce corps, fondu, désintégré en plein élan" ne s'applique pas à mon cas ☺

Tous les jours ne sont pas comme ça. A Albury, sous un beau soleil de printemps, je rencontre Rex et sa petite famille. Je passe un moment à discuter et ils m'offrent un café ainsi qu'un casse-dalle. Certains soirs quand je suis hébergé, c'est un bonheur de discuter autour d'une bière avec un bon repas chaud, de prendre une douche chaude et de dormir dans des draps propres.



J'atteins les Blue Moutains dans le froid et la pluie. Dommage, l'envie de visiter les alentours ne me vient même pas à l'idée. J'ai une seule envie, rejoindre la côte pour avoir des températures plus clémentes. Avant d'atteindre Sydney, je passe une nuit au chaud chez Pat et Tania, un couple d'australiens débordant de générosité. Je repars dimanche matin après avoir dégusté deux magnifiques croissants français ☺ Direction Sydney à 70km à l'est.

Rentrer et sortir d'une grande ville est toujours inintéressant et bruyant. Sydney ne déroge pas à la règle. Je ne suis pas fan des villes, mais il parait que Sydney est une ville magnifique. Ce n'est pas faux. Je fais mon touriste durant quelques heures. Je visite l'Opéra et l'Harbour Bridge. Puis je sors de ce vacarme pour retrouver la tranquillité du bush australien.
Je suis la côte jusqu'à Port Macquarie. Les plages de sable blanc sont belles à contempler et le soleil est de retour.
J'en profite pour prendre de vraies douches au bord des plages, raser ma barbe de deux mois et me reposer en regardant des surfeurs essayant de dompter les vagues. Mais il y a trop de monde à mon goût, trop d'interdictions: pas de camping, pas de feu, pas de chien et beaucoup trop de trafic pour profiter des joies du bord de mer.
Je décide de rentrer dans les terres pour retrouver le calme des petites routes sinueuses et le camping au bord des rivières avec de la belle pelouse pour dormir confortablement. Je me réveille à l'aube avec le chant des oiseaux.
Même si la météo est capricieuse, les températures sont agréables même à 1000m d'altitude près d'Armidale. Les journées de pluie, je ne porte pas de kway, trop chaud, je transpire. Juste short et T-shirt. Je suis trempé mais je n'ai pas froid. Et le soir venu je n'ai pas besoin de prendre de douche ☺


J'évite au maximum les routes principales et prends les routes de campagnes en passant par Grafton, Kyogle, Beaudesert et Kilcoy. C'est vallonné, vert et j'aperçois les premiers arbres exotiques: banane, avocat, ... Il fait 25°C, le soleil brille, je bronze de nouveau ! J'arrive le 22 septembre à Morayfield, 50km au nord de Brisbane. Je suis hébergé chez Brownyn et Darryl, un couple de retraité rencontré il y a quelques mois à l'ouest de l'Australie. Je me relaxe avant de m'envoler pour la Nouvelle-Zélande.

Statistiques

Distance :  2674 km
Nb jours : 33
Nb jours de vélo : 28
Nb jours de repos : 5
Etape la plus longue : 129 km
Etape la plus courte :  33 km
Crevaison : 3

Total depuis le début

Distance : 25232 km
Nb jours : 262
Nb jours de vélo : 239
Nb jours de repos : 123
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 10
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)
Jason et son pote au nord d'Albury




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25/08/2016

Australie Sud : du vert, du vent et des villes

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25 juillet 2016 - 23 aôut 2016  Ceduna - Port Lincoln - Adelaide - Melbourne - Warragul

En route vers le sud direction la péninsule d'Eyre et la ville de Port Lincoln. Le climat hivernal est toujours présent avec de la pluie, du vent et des températures aux alentours de 10°C à midi. Les paysages sont verts. Le brouillard du matin couvrant les collines et les petits lacs me fait penser aux paysages écossais. A la tombée de la nuit, j'utilise mon réchaud à bois pour me réchauffer et cuire de délicieux spaghettis.
A Port Lincoln, je retrouve la douceur d'un toit pour le week-end, accueilli chaleureusement par Graham et Karen un couple d'une soixantaine d'années ardents triathlètes. J'assiste à mon premier match de football australien confortablement assis, au chaud dans la voiture de Graham. Quelle surprise ! Les tribunes du stade de football sont séparées en deux: un coin pour les voitures et un autre pour les "piétons". Le dimanche sous un grand soleil je participe à ma première course d'orientation, suivi d'un formidable diner avec les membres du club de triathlon. Deux jours bien remplis, d'activités et de rencontres ☺

Je remonte vers le nord pour sortir de la péninsule et atteindre Adelaïde. Je me fais arrêter par la police car je ne porte pas mon casque. Ils me donnent un avertissement verbal et repartent avec le sourire des représentants de l'ordre ayant accompli leur devoir !
Comme j'ai le temps et que le me manque de dénivelé me donne des fourmis dans les jambes, je choisis de passer par une chaine de petites montagnes les Flinders Ranges. L'Australie est trop plate à mon goût. Je rencontre de formidables australiens qui m'accueillent gracieusement et j'atteins Adelaïde le 12 août 2016. L'entrée dans les grandes villes est toujours désagréable. Trop de trafic et de bruit.
Je passe le week-end chez Kathy et Tony. Deux jours bien remplis: pub, bières et pizzas le vendredi soir. Je rencontre un "Manager" qui a produit un groupe de rock de Marseille qui écume régulièrement les scènes australiennes et néo-zélandaises nommé harmonic generator. Le monde est petit. Le samedi, visite de quatre brasseries avec plus de deux litres de bières au compteur avant de rejoindre l'ovale d'Adelaïde et d'assister à un match de football australien entre Melbourne et Adelaïde. L'ambiance est bonne enfant, pas de séparation entre les supporters des deux équipes. Le jeu lui même est très dur, mais dans les tribunes les gens sont "civilisés", contrairement aux "sauvages" présents dans les stades de football français.
L'Australie est immense et les gens ne s'agglutinent pas dans des tours de béton. Adelaïde est une ville très étalée, composée de quartiers résidentiels: pas de barres d'immeubles immondes mais de belles plages à l'ouest et quelques buildings dans le quartiers des affaires.



Je continue ma route vers l'est direction Melbourne avec quelques belles journées ensoleillées pour mon plus grand plaisir. Au détour d'une petite route juste avant Millicent j'aperçois un vieil homme marchant au loin. En arrivant à sa hauteur je lui crie un "hello" pour le saluer. Plongé dans ses pensées je le surprend et lui fait presque peur. Je m'arrête et on discute plusieurs dizaines de minutes, échangeant nos histoires respectives. Voici la sienne : Il s'appelle Peter Tripovich. Il est vétéran de la Royal Australian Air Force et ancien agriculteur. Il fait partie de ces héros presque anonymes qui forcent le respect. Il a 90 ans et fait le tour de l'Australie à pied afin de lever des fonds pour la fondation International Children’s Care, une association de soutien aux enfants en difficulté.  Il est parti de Melbourne il y a quelques années. A cause de problèmes familiaux il a dû faire une pause forcée. A ses débuts il couvrait plus de 50km par jour mais depuis qu'il a repris sa marche, il y a quelques mois, il se limite à 40km, la faute à une cheville douloureuse. Pas si mal pour son âge ! ☺. Il a presque terminé son tour d'Australie. Plus que quelques centaines de kilomètres. Un rien, après avoir fait plus de 14000km !
Je lui souhaite bonne route et je repars sur mon vélo.

Plutôt que de me diriger directement vers Melbourne je fais un détour par la Great Ocean Road. Une route qui longe le bord de mer sur plus de 240km. Cette route très touristique est parcourue par des cars bondés de touristes chinois. C'est la première fois que j'en rencontre autant depuis que je suis en Australie.
Je profite quand même de cette magnifique route sinueuse, un des plus bel endroit d'Australie que j'ai vu. Mais il ne faut pas oublier que c'est l'hiver, et les pluies glaciales gâchent quelque peu ces beaux paysages.


Je traverse Melbourne sous la pluie pour ne pas changer. Je suis actuellement hébergé chez Michael et Kath à Warragul, 100km à l'est de Melbourne. Leur fille Mave me fait bien rire et le curry préparé par Michael est excellent. Demain je pars direction Sydney.

Statistiques

Distance :  2372 km
Nb jours : 30
Nb jours de vélo : 27
Nb jours de repos : 3
Etape la plus longue : 154 km
Etape la plus courte :  129 km
Crevaison : 1

Total depuis le début

Distance : 22606 km
Nb jours : 229
Nb jours de vélo : 211
Nb jours de repos : 118
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 7
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -5°C ( Mongolie)


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02/08/2016

Australie : Nullarbor Plain

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Norseman - Ceduna : 18 juillet 2016 - 24 juillet 2016
Depuis que j'ai posé le pied à Darwin j'entends parler de Nullarbor. Tous les "nomades" qui parcourent l'Australie décrivent cette zone comme longue et ennuyante. Elle a la particularité de posséder la plus longue ligne droite d'Australie: 146km, tout droit, pas la moindre courbe. Nullarbor est situé sur le Great Australien Bight avec le Great Victoria Desert au nord. Cette zone s'étend sur 1200km d'est en ouest. C'est un paysage entre toundra et maquis dans un climat aride et semi-aride.
La route qui traverse cette région se nomme la Eyre highway. Ce nom provient du premier européen Edward John Eyre qui l'a traversée en 1841 et qu'il décrit de la manière suivante : a hideous anomaly, a blot on the face of nature, a sort of place one gets into bad dreams: «une anomalie hideuse, une tache sur le visage de la nature, le genre d'endroit qu'on pénètre dans les mauvais rêves». Ce n'est pas aussi terrible qu'il le prétend mais ce n'est sûrement pas le plus bel endroit d'Australie.

Après avoir vécu des jours et des jours de pluie depuis un mois, je pensais avoir un moment de répit. Faux ! Je pars de Norseman, la ville la plus à l'ouest de Nullarbor sous la pluie et avec un vent de face. Il ne fait pas trop froid, 10°C mais c'est désagréable. Les road trains, ces immenses camions me trempent littéralement. La quantité d'eau qu'ils soulèvent est titanesque. La douche est garantie. Ça ne me donne pas envie de m'éterniser dans ce désert. De toute façon je n'avais pas prévu de traîner. Il n'y a aucune ville sur le parcours, juste des road houses (station-service). J'ai 10 jours de nourriture dans mes paniers, je dois faire au moins 120km par jour. Je roule de l'aube au crépuscule. La pause déjeuner est vite expédiée, je passe la journée sur la selle.
A partir du deuxième jour, le vent souffle assez fort et principalement dans mon dos. Les jours de vent de face je parcours 120km et les jours de vent de dos plus de 200km. Une journée de grand vent j'ai parcouru 257km en neuf heures. Le vent était tellement fort, que sans effort j'avais l'agréable sensation de voler.
La pluie m'accompagne tous les jours. J'ai la poisse. Je n'ai vu le soleil qu'une demi-journée. Un des rares moments où j'ai pu prendre des photos.
Paysages monotones, météo exécrable, les journées sont longues, la chanson de Tryo tourne en boucle dans ma tête. C'est la première fois depuis que j'ai enfourché mon vélo en octobre 2015 que ce sentiment est aussi fort.


Seul l'approvisionnement en eau m'inquiétait. Je suis parti avec 18L, tout en sachant que les road houses sont éloignées au maximum de 200km mais sans garantie de pouvoir remplir gratuitement mes bouteilles. Avec la mauvaise météo, je ne buvais que 3L par jour et mes réserves se sont révélées largement surdimensionnées. J'ai pu remplir mes bouteilles dans chaque road house. Et sur les quatre derniers jours, je n'ai vécu que sur mes provisions.

Les levers et couchers du soleil dans le désert sont toujours de superbes moments. Quand il ne pleuvait pas, la lumière orange et diffuse sur les nuages était simplement magnifique. Sur les 1200km, à mon goût, seule une section vaut le détour. Sur quelques dizaines de kilomètres la route suit des immenses falaises surplombant l'océan. Beautiful comme dirait les australiens ! Mais le fort vent ce jour là m'a empêché de pouvoir profiter tranquillement de cette beauté.
Quelques jours plus tard j'ai fait la course contre 4 chameaux sauvages qui longeaient la route à plus de 18km/h. Avec un vent de face, je n'ai pas réussi à tenir le rythme plus de 20km. J'ai perdu ☹ et les chameaux se sont éloignés.
Mais ce sont les deux seuls bons moments avec la rencontre de Brownyl et Gerald. Ce couple d'une cinquantaine d'année m'a offert une soirée délicieuse. Steaks et légumes au feu de bois, café, ... La générosité australienne est toujours de mise.
Une dernière anecdote. J'ai franchi la barre symbolique des 20000km !

Après sept jours j'arrive à Ceduna, la fin de Nullarbor. En guise d'accueil je me fais attaquer par un magpie, une sorte de pie. Toujours venant de derrière l'oiseau a essayé à plusieurs reprises de m'attaquer à la tête, sans réussir à me toucher. J'ai juste senti le souffle de ses ailes. Certains cyclistes accrochent des pics sur leur casque pour se protéger pendant la saison des amours, la période où ces oiseaux peuvent être agressifs,.

Je suis fatigué physiquement mais mentalement aussi. Avec plus de 8h par jour de vélo, le corps et l'esprit ont besoin de repos. Quand j'ai quitté la Chine en octobre 2015, je voulais faire chaque jour 100km, c'était le minimum que je m'autorisais. Mais en Australie j'ai appris à aller doucement, ne faire que 50km par jour ne me dérange plus. J'étais un cycliste qui voyageait et maintenant je suis un voyageur qui se déplace à vélo. Ça fait toute la différence.

La suite du programme australien est floue. Je vais me diriger vers les grandes villes du sud-est : Adelaïde, Melbourne, Sydney, ... Sans itinéraire précis je vais me balader pendant deux mois dans la région la plus peuplée d'Australie. Une chose semble certaine, je m'arrêterai à Brisbane, fin septembre pour m'envoler vers la Nouvelle Zélande.

Selection des selfies "compteur" pour fêter mes 20000km

Statistiques

Distance :  1230 km
Nb jours : 7
Nb jours de vélo : 7
Nb jours de repos : 0
Etape la plus longue : 257km
Etape la plus courte :  121 km

Total depuis le début

Distance : 20234 km
Nb jours : 299
Nb jours de vélo : 184
Nb jours de repos : 115
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 6
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -5°C ( Mongolie)


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18/07/2016

Australie : l'hiver au bord de mer

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Augusta - Norseman : 02 jin 2016 - 17 juin 2016

Je quitte Sara, Bruce et le village d'Augusta me dirigeant vers Norseman, la porte d'entrée de Nullarbor. Le soleil me réchauffe le corps et l'esprit. Que c'est bon ! Les 15 derniers jours il était plutôt timide. Je roule toute la journée avec un ciel bleu azur et un grand sourire. La route est vallonnée et bordée de grands arbres. Le soir, après avoir installé ma tente et pris une douche sommaire, je rassemble du petit bois afin d'utiliser mon réchaud. 300ml d'eau frémissent après 10 minutes. Je cuis une carotte et de l'ail avant de verser un grand verre de semoule. Un régal ! Manger chaud au milieu de cette forêt froide et humide me revigore. Je me couche avec l'odeur de fumée qui a imprégné mes vêtements.
Le troisième soir je suis hébergé chez Simon et Lucina à Manjimup, mais je ne les verrai pas. Ils sont en voyage en France. Paul un ami proche prend soin de leur maison durant cette période et c'est avec un grand sourire qu'il m'accueille. Le frigo est plein, j'ai la maison pour moi tout seul. Leur petite demeure au milieu des pommiers à perte de vue est magnifique. Ils produisent 2 millions de pommes par an.
Après une nuit au coin de la cheminée, je repars dans le froid. Les grands arbres que j'apprécie tant cachent le timide soleil. La température est de 5°C à midi. Autant vous dire que la pause déjeuner est vite expédiée. Les journées comme celle-là, je roule en me languissant de retrouver mon duvet, bien au chaud dans ma tente.

En arrivant à Denmark je suis époustouflé par le bord de mer. Une côte sauvage agrémentée de plages somptueuses et baignée d'une eau de couleur turquoise. Difficile de se baigner, l'eau est à 17°C et la température extérieure ne dépasse pas les 15°C. Je passe une journée entière à arpenter les chemins sinueux de la côte. Je passe même une nuit dans une aire de camping gratuite à 20 mètres de la mer. Le bruit des vagues me berce toute la nuit. Dommage qu'il pleuve ☹
Sur la route d'Albany je rencontre Nick, un australien, moitié randonneur, moitié cycliste. Après avoir passé 30 jours sur les chemins du Bibbulmun, un sentier de marche sur la côte ouest australienne, il se balade en vélo afin de rejoindre un autre sentier. Plutôt que d'acheter un ticket de bus, il a acheté un vélo d'occasion à 15$.  Il s'est surnommé Princess Warrior, en hommage à la couleur rose de son vélo. On passe 2h à discuter et rigoler, un sacré numéro ce Nick !
A Albany la dernière ville avant Nullarbor, je suis hébergé chez Chris et Justin. Le grand luxe, j'ai un étage à moi tout seul, chambre, salle de bain, toilettes, salon avec TV. Chris et Justin sont simplement sensationnels. Entre les repas délicieux et les apéros (bières, gin, ...), je suis aux anges. J'aurai même le désagréable privilège de voir la défaite de la France contre le Portugal en finale du championnat d'Europe de football à trois heures du matin. J'ai également fait mon "petit touriste" et en leur compagnie je suis allé visiter quelques beaux endroits au bord de mer: "The Gap" de grandes falaises abruptes et le "Natural Bridge" un pont de pierre surplombant la mer. Je ne me suis pas trop éternisé devant ces merveilles, il pleuvait  ☹




La route jusqu'à Esperance n'a pas été exceptionnelle. Chaque jour est un combat contre la pluie, le vent et le froid. Heureusement la générosité australienne est infinie. Assis sur un banc au milieu de l'esplanade d'Esperance, je déguste un délicieux sandwich à la confiture et au beurre, lorsque Marc, un cycliste m'interpelle et discute quelques minutes avec moi. Puis il s'en va rejoindre son lieu de travail, avant revenir et m'offrir une nuit dans son humble demeure. Je le connais depuis même pas 5 minutes et il m'invite chez lui. Grandiose. Avant d'attaquer l'apéro et le diner, je pars visiter les plages réputées les plus belles d'Australie. J'en prends plein les yeux avant de revenir chez Marc pour une soirée mémorable. Bières, diner, glaces, chocolats, bonbons, ... On regarde le DVD "The Trail of Genghis Khan". L'histoire d'un australien, Tim Cope,  parti de Mongolie jusqu'en Hongrie à cheval sur la route des grands nomades de jadis. Simplement magnifique. Ensuite c'est le Tour de France en direct. Les Australiens sont plutôt fans de l'épreuve.
Un petit déjeuner copieux (pain, oeufs, saucisses, haricots et café) et me voilà parti vers Norseman avec les paniers remplis de nourriture pour 12 jours. Espérance est le dernier "village" où la nourriture est abordable avant de traverser Nullarbor. Mes paniers sont remplis d'avoine, de raisins secs et de semoule. 17 AUD (dollars australiens) pour 12 jours. Je n'ai pas explosé le budget ☺

10 juillet 2016: ça fait un an jour pour jour que je suis parti avec mon sac à dos. Quatre mille kilomètres en autostop, deux cents de randonnée à pied, huit mille en train et bus, puis environ dix-huit mille kilomètres en vélo, au total j'ai parcouru environ trente mille kilomètres soit les trois-quart de la circonférence de la terre.
Au quotidien je n'ai pas l'impression de faire un parcours hors du commun, mais avec le recul je me rends compte que je dois relever chaque jour, chaque semaine, de nouveaux défis pour m'adapter à l'environnement des pays que je traverse. Et c'est ça l'aventure !
  
En Australie la lutte contre les éléments est quotidienne, chaque jour est un nouveau challenge. Sur la route de Norseman, le vent de face est si fort qu'il me faut plus de 7h pour faire 90km. La pluie se joint au vent le deuxième jour. Après une journée de bataille, je m'effondre dans mon duvet à 17h et me réveille le lendemain à 7h du matin. Je n'ai même pas la force de lire, mon corps a besoin de repos. Heureusement le bush australien est très reposant la nuit, même à quelques dizaines de mètres de la route. Le trafic est quasi nul.

18L d'eau, 10 jours de nourriture, me voilà prêt à traverser Nullarbor, environ 1200km d'ouest en est de calcaire sans aucun arbre ni eau. C'est le dernier désert de mon périple australien.

Statistiques

Distance :  1236 km
Nb jours : 16
Nb jours de vélo : 13
Nb jours de repos : 3
Etape la plus longue : 130 km
Etape la plus courte :  34 km

Total depuis le début

Distance : 19014 km
Nb jours : 292
Nb jours de vélo : 177
Nb jours de repos : 115
Etape la plus longue : 208 km ( 10h de selle, Chine)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 6
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -5°C ( Mongolie)




La Suite...