25/05/2018

Kenya en famille: Safari suite et plage

Leave a Comment


22 mars 2018 - 29 mars 2018

Le blog des parents : Saison 3   Episode 2

La piste directe pour accéder au Parc Tsavo Ouest est coupée. Elle a été emportée par les fortes pluies des jours précédents. Nous devons faire un détour de 200km en retournant sur nos pas vers la route principale.

Tsavo West: le parc des éléphants rouges

L'axe principal Nairobi-Mombasa est silloné par une noria de poids lourds transportant des conteneurs. Le trafic se compose presque exclusivement de camions et de matatu. Ces taxis collectifs de douze à quinze places, toujours bondés,  assurent le transport des passagers entre les villes du Kenya. A l'intérieur des villes ils se substituent aux transports publics totalement défaillants. Aucune ligne régulière de matatu, le terminus est plus ou moins défini et les étapes dépendent des passagers. Un joyeux fouillis qui emmène toujours les Kenyans à bon port! Hakuna Matata !

Sammy est fier de faire partie de l'ethnie Kamba qui est localisée à l'est du Kenya entre la côte de l'Océan Indien et les hauts plateaux. Il nous montre au passage son village et sa maison au loin sur une colline verdoyante. Les Kambas étaient au XIXème siècle les guides des européens et des arabes qui voulaient faire commerce avec les tribus du centre du continent. Il existe quarante deux ethnies ou tribus officiellement reconnues avec leur propre dialecte. Les deux langues officielles, l'anglais et le swahili, sont les langues de communication entre les ethnies.
Sammy nous explique rapidement ce qui le touche dans le contexte politique du pays. Les dernières élections présidentielles en 2017 ont été suivies de troubles et d'émeutes qui ont fortement pénalisé le secteur du tourisme. Les guides comme lui et le personnel des hôtels n'ont pratiquement pas travaillé pendant environ huit mois. Et sans contrat pas de salaire. Les temps sont parfois durs au Kenya où malgré une certaine prospérité, le pays en démocratie depuis 1992 est encore fragile.

Le Parc National Tsavo est le plus étendu (13 000km2) et le plus ancien parc du Kenya (1948).  C'est une savane semi-aride parsemée de petits villages, sans clôtures ni obstacles qui permet aux animaux de se déplacer entre les deux parties du Parc Tsavo en fonction de la saison. A l'approche de notre destination du jour, nous voyons des panneaux demandant la prudence des conducteurs entrant dans un couloir de migration des animaux entre le Parc Tsavo West et East.

Dès l'entrée dans le Parc Tsavo West le paysage change.  La piste serpente au milieu des collines et des cônes d'anciens volcans. A six cents mètres d'altitude, l'herbe est rare dans cette terre rouge peu fertile.  Les animaux sont plus difficiles à repérer au milieu de cette végétation plus dense aux arbustes très nombreux. Seul le long cou des girafes atteignant les cinq mètres dépasse de la verdure.








Avant d'arriver à notre lodge nous parcourons les pistes à la recherche d'animaux.
Les zèbres qui adorent se rouler dans la poussière pour éliminer les parasites sont couverts de traces rouges qui  colorent leur belle robe rayée. Sur le bord de la piste nous apercevons de nombreuses et peu farouches antilopes naines. Toujours en couple, elles observent sans bouger les véhicules passer.
Beaucoup de kilomètres de piste parcourus, mais le bilan photographique est mince: un groupe d'impala, un couple de pintades, quelques rapaces et une famille de koudous.

 

 

 

L'arrêt pique-nique prévu en fin de matinée est retardé. En début d'après-midi nous arrivons enfin à Mizma Springs.  L'aire de pause est occupée par des dizaines d'enfants venus en excursion dans la nature. Nous nous installons à l'écart pour profiter de notre casse-croute. A peine assis arrive un jeune kenyan avec un lance-pierre qui se charge nous dit-il d'éloigner les petits singes chapardeurs. A peine sorti nos sacs à provisions, les singes s'approchent. Notre protecteur lance quelques pierres pour les maintenir à distance. Le repas n'est pas extraordinaire, mais avec la faim qui nous tenaille depuis au moins deux heures, nous ne sommes pas trop exigeants. A la fin, Cyril sort un bonbon qu'il pose sur le banc où nous sommes assis. En une fraction de seconde, un malin petit singe sort de derrière un arbre et déjoue la surveillance de notre garde pour saisir le précieux trophée et s'éloigner de quelques mètres. Il décortique le papier avec dextérité avant de le croquer en nous observant comme pour nous narguer. Nous laissons au jeune kenyan désolé de s'être laissé surprendre le reste des friandises avec malgré tout une petite pièce.
Comme au Masai Mara c'est un soldat armé d'une Kalach qui assure la visite des lieux. Il est très curieux et vif d'esprit. Il nous montre une tige de plante que les kenyans écrasent et utilisent comme brosse à dents. Il en profite pour nous demander comment on appelle les animaux du lieu en français pour les futurs touristes francophones.
La source Mizma est captée pour alimenter en eau la ville de Mombasa à cent cinquante kilomètres. Le reste de l'eau coule dans une série de bassins où nagent des hippopotames et des crocodiles invisibles ce jour là.


 


Le plus surprenant est à venir.
Nous sommes maintenant au centre du Parc Tsavo West à vingt kilomètres de la route et de la civilisation. Nous entamons une  montée raide et caillouteuse pour arriver au Rhino Valley Lodge. Le complexe est quasiment invisible de loin, tellement il est intégré dans le paysage. L'accueil et la salle de restaurant sont en plein air, à flanc de colline avec une vue somptueuse sur la vallée. L'endroit est particulièrement bien choisi. Notre appartement surplombe un point d'eau où les animaux se regroupent pendant la saison sèche. Au dessus du toit une bruyante colonie de tisserins construit des nids en prévision de futures couvées. Nous sommes impressionnés par la beauté et la tranquillité du lieu. C'est magique !
La logistique pour préserver le confort des clients est parfaite. Il nous faut quand même nous soumettre à quelques contraintes comme deux créneaux d'éléctricité de deux heures le matin et le soir assurés par un groupe électrogène poussif. L'eau chaude est produite par un feu de bois chauffant une réserve d'eau qui alimente tout le lodge. Le kenyan qui s'en charge est très fier de nous garantir une eau chaude de bonne heure le lendemain matin, si on veut bien patienter quelques minutes après ouverture du robinet.


   

Parole tenue !
Le lever du soleil à travers les fenêtres est un émerveillement. A tour de rôle nous nous installons sur la terrasse pour voir le brouillard découvrir lentement la savane.

 

Après un bon petit déjeuner nous admirons encore une fois la Rhino Valley avant de lever le camp. Notre dernière demi-journée de safari parcourt la piste pour sortir du Parc Tsavo West. En cette basse saison, seuls quelques véhicules sillonnent la savane en quête des ultimes photos.

Sammy converse avec les autres guides à la Cibi. Brusquement il fait demi-tour sur une piste étroite et nous annonce fièrement: "un léopard à trois minutes d'ici". Il accélère pour ne pas rater le félin qui d'habitude est plutôt furtif. Cinq 4x4 sont déjà sur place et attendent que le léopard sorte d'un fourré pour le photographier. "C'est un jeune, qui a l'air curieux" nous affirme Sammy. Le félin contourne les véhicules et s'avance vers nous. Il prend la pose avant de traverser la piste et de s'assoir à l'ombre sous un arbre. Les chauffeurs jouent habilement aux chaises musicales pour ne pas effrayer le léopard et amener les photographes au point assurant le meilleur angle de vue. Nous restons dix bonnes minutes à observer l'animal avant qu'il ne décide de s'éloigner.



Sammy nous propose un détour près du sanctuaire des rhinocéros en espérant un peu de chance pour en entrevoir un. Le refuge est une zone de plusieurs kilomètres carrés ceinturée d'une clôture électrique et gardée jour et nuit par des militaires et des gardiens armés. Malgré ces précautions quatre rhinos ont encore été massacrés en 2015 dans ce sanctuaire. Les asiatiques très friands de la corne pour ses propriétés soi-disant aphrodisiaques sont prêt à payer jusqu'à soixante milles dollar le kilo ! Déplorable !

Sur le bord de la piste on sent les buissons bouger, puis en avançant lentement, on découvre la tête d'un énorme éléphant. C'est un vieux mâle entièrement couvert de cette terre rouge qui tapisse le sol. La boue sur son corps est encore humide jusqu'aux défenses qui sont aussi colorées. Sammy arrête le van, le pachiderme avance en déployant ses oreilles en signe d'agréssivité pour défendre son territoire. Le van se déplace d'une dizaine de mètres et le manège recommence plusieurs fois. Les éléphants de Tsavo sont plus méfiants et plus agressifs car ils sont sous la menace récurrente des braconniers qui en veulent à leurs défenses.
Le parc des éléphants rouges mérite bien son nom.

 


Nous faisons la pause déjeuner dans un restaurant perché sur un promontoire qui domine le Parc Tsavo East. La végétation est plus clairsemée et moins verte dans cette partie du parc. Aucun animal intéressant dans notre espace de vue, à part un oiseau de la famille des martin-pêcheurs. Ces dernières images clôturent notre safari.

Au fait ! Safari ça veut dire voyage en swahili.
Ce fut un safari fabuleux: la nature, les animaux, le dépaysement, les photos, rien n'a manqué sauf peut-être un rhinocéros !


Mombasa

Et maintenant direction la plage pour se reposer de ces journées harassantes.

Sammy s'arrête pour une pause technique dans un "café-souvenirs" comme on en trouve beaucoup sur cet axe fréquenté par les touristes. Les toilettes sont toujours au fond du bazar qui fait office de "boutique de souvenirs" pour obliger les touristes à jeter un coup d'œil aux objets exposés. Nous demandons le prix de petites statuettes d'animaux en bois d'ébène de moins de dix centimètres: 12€. Cyril négocie sans réussir à faire baisser le prix sous la barre des huit euros et nous repartons sans rien acheter. "Des escrocs, des voleurs, dès qu'il s'agit de vendre aux touristes" nous dit Cyril. C'est une réflexion que nous avons souvent entendu dans les conversations téléphoniques que nous avons régulièrement avec lui.

A l'approche de Mombasa nous sommes empétrés dans un bouchon monstre de poids lourds. Le seul grand port du nord-est africain concentre tout le trafic des conteneurs vers le Kenya, l'Ouganda et le Rwanda. Sammy s'impatiente et se lance sur le terre-plein qui sert de bande d'arrêt d'urgence. Dans ce chaos, la seule voie qui circule  un peu est prise d'assaut par les piétons, les motos taxis, les tuk-tuks, les matatus et les rares véhicules particuliers. Sammy zigzague au milieu de ces obstacles mouvants en klaxonnant seulement les tuk-tuks. "Ce sont les seuls qui ne respectent rien" nous dit-il. Drôle de façon de penser quand lui-même traverse la voie opposée pour remonter la bande d'arrêt d'urgence de l'autre côté de la route dès qu'une "ouverture" se présente.  A la première incursion du mauvais côté nous nous sommes regardés un peu inquiets, mais il est vrai qu'à la vitesse où nous avançons, ça ne représente aucun danger. Hakuna matata !

Deux heures pour parcourir les dix kilomètres qui nous séparent du ferry qui traverse un bras de mer de cinq cents mètres en direction de la Tanzanie. La montée sur le ferry est une cohue indescriptible de tuk-tuk,  de piétons et de poids lourds. Pas un centimètre carré n'est perdu grâce aux placiers qui font manoeuvrer les véhicules au millimètre.







La région de Mombasa n'est pas considéerée comme une zone ethnique nous explique Sammy. Le brassage de population issu des influences maritimes des arabes et des indiens se voit au premier coup d'œil. Les femmes sont voilées, les hommes portent la tenue traditionnelle de source arabe et les mosquées sont plus nombreuses que les églises. Ali notre premier chauffeur était originaire de Mombasa.

Au niveau de la mer la température grimpe jusqu'à trente degrés. Sammy est fatigué et nous aussi. La dernière heure de route est interminable.  Il est dix-huit heures quand nous entrons dans  un immense complexe hôtelier au bord de l'Océan Indien: le Tiwi Amani Beach Resort. Avant que Sammy ne reparte pour rentrer chez lui nous le récompensons pour sa gentillesse et sa bonne volonté. Le domaine est isolé au bord d'une plage de sable blanc protégée par un lagon turquoise.
Une douche, un bon repas suivi d'une longue nuit, rien de tel pour récupérer de notre longue route.



Le lendemain matin nous partons explorer la plage. Les vendeurs à la sauvette et les rabatteurs qui travaillent pour les restaurants de plages nous poursuivent pour essayer de nous convaincre d'acheter des babioles ou d'aller manger une langouste dans leur gargottes couvertes de feuilles de palmier à même la plage. Les sangsues ne veulent pas nous lâcher. La persévérance de Cyril qui répète sans cesse la phrase magique "no money" les décourage assez rapidement. Sorti du complexe, il n'y a plus personne sur cette bande de sable blanc. Cinq cents mètres plus loin nous sommes arrêtés par un vigile armé d'un arc artisanal qui nous explique que la limite de promenade est un peu plus loin à l'embouchure de la rivière.
Est-ce vraiment dangereux ou seulement une précaution pour que les touristes ne soit pas importunés par les locaux?
Nous ne le saurons jamais. Mais nous suivons ses conseils pour rester dans cet oasis de luxe noyé au milieu d'un désert de pauvreté.

 

Notre journée de farniente se termine par un spectacle d'acrobates kenyans dans le pur style "Les bronzés".

Nous avions prévu une journée d'excursion sur l'île de Wasini, mais nous sommes trop épuisés pour faire quatre heures de route et passer une journée supplémentaire au soleil. A la place ce sera  baignade et bronzette sous les cocotiers. On  pensait que rester peu de temps à l'ombre des arbres nous éviterait de brûler sous le soleil de l'équateur. Hélas notre peau d'européen à la sortie de l'hiver s'est bien vite colorée d'une nuance allant du rose pâle au rouge écarlate. La nuit fut plutôt chaude !

Le troisième jour nous prenons un taxi pour aller à Diani Beach un centre touristique plus animé que notre complexe où nous ferons quelques emplettes. Pas de souvenir ramasse-poussières, mais du thé et du café des hauts plateaux pour Cyril et pour régaler la famille.

Et Cyril ?

A notre arrivée à Nairobi, nous avons retrouvé Cyril en pleine forme, affuté et plus motivé que jamais à poursuivre son périple en Afrique.
Passé le plaisir de se retrouver après notre rencontre au Chili l'année dernière, nous avons beaucoup discuté sur sa traversée des Amériques. Les difficultés météorologiques dans le Sud  ou altimétriques dans la Cordillères de Andes ont forgé en lui un mental hors du commun. Nous lui transmettons les louanges des gens que nous rencontrons et qui nous vantent d'abord le courage d'avoir quitté son travail puis l'envie de perséverer aussi longtemps.

Trois jours de repos et de discussion nous ont confortés dans nos certitudes quant aux motivations de Cyril.

Nous allons essayer de répondre aux questions que nos proches et que les gens que nous rencontrons nous posent inlassablement.

Comment s'est-il décidé à partir ?

L'idée de départ, le défi du voyage autour du monde, trottait dans sa tête depuis la fin de ses études. Son adresse mail de l'époque était déjà prémonitoire: profitedetavie@...
Mais c'est deux ans avant son départ que l'idée a vraiment pris forme. La décision de quitter son travail a mûri pendant une année au moins. La routine professionnelle, pas dans le sens du ras le bol, mais plus dans la réflexion d'un choix de vie, voilà ce qui l'a decidé à se lancer dans une aventure au départ assez banale il faut le dire. Dans son sillage se sont engoufrés Jérome et Sébastien ses colocataires de l'époque. Il fallait se projeter en avant, annoncer la décision à la famille et organiser le début du parcours, notammant savoir si le visa russe serait accordé avant de choisir la direction de départ. Tous ces préparatifs demandent beaucoup de temps.
Passé la surprise de l'annonce de son départ, nous l'avons conforté malgré tout dans son projet en répétant sans cesse  les mises en garde contre tous les dangers qui sont liés à ce type de voyage. Mais comme nous connaissons la volonté et la persévérance de Cyril, qui depuis l'adolescence se donne toujours les moyens de réussir ses défis, nous étions un peu plus rassurés.

"Mon énergie débordante, ma curiosité mais aussi mon envie de changement m'ont poussé à faire les premiers pas de ce voyage. La vie est trop courte pour ne pas en profiter. Vivre ses rêves pour ne pas rêver de les vivre" avait-il déclaré à la Provence qui lui demandait ses motivations après un peu moins d'un an de périple.


Pourquoi être parti aussi loin aussi longtemps?

Le trajet prévu au départ devait traverser l'Europe, la Russie, l'Asie, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Amériques du Sud au Nord jusqu'en Alaska pour terminer. En arrivant aux Etats-Unis plus tard que prévu en hiver, Cyril n'a pas poursuivi vers le nord à quelques mois du terme du parcours, et décidé de sauter directement en Afrique de l'Est pour profiter encore de l'aventure.
Dans la durée, le tournant se situe au nord de la Chine entre Datong et Péking après quatre mois de "cohabitation" avec Jérome et Sébastien. La manière de vivre et le but du voyage pour chacun était devenu bien trop différent. Jérome rentre en France, Sébastien qui bénéficie d'une année sabbatique n'est pas très chaud pour pédaler surtout lorsque la route s'élève et c'est ainsi que Cyril se lance sur les routes chinoises en vélo et en solo. Le piment pour Cyril, c'est avoir son indépendance et pouvoir découvrir une partie du monde peu ouverte aux étrangers. L'approche des gens en vélo est totalement différente du touriste classique qui arrive en bus ou en voiture. Le cycliste n'est pas considéré comme un touriste à part entière, il vit la vie des locaux, se déplace comme eux et il attise la curiosité au moindre arrêt. La preuve la plus flagrante est le nombre de photos avec des gens rencontrés sur la route que vous pouvez trouver dans l'album photo du blog.
La traversée de la Chine profonde lui a servi à acquérir la certitude que le mode de transport sur deux roues était le meilleur compromis vitesse de déplacement, rencontre avec la population locale et plaisir de découvrir. En vélo la distance parcourue journalièrement est forcément limitée ce qui allonge mathématiquement la durée du voyage !

Malgré les difficultés physiques endurées sur la bicyclette,  le moteur principal pour la poursuite du voyage c'est le plaisir sans cesse renouvelé de découvrir de nouveaux paysages et faire de belles rencontres. Et tant que le plaisir est au bout de la route, il n'y a pas de raison de s'arrêter ! dixit Cyril.

Et le budget ?

Cyril avait beaucoup économisé pendant sa période professionnelle en prévision de ce voyage. Suffisamment pour ne pas travailler en cours de route. "Etre en vacances, c'est la liberté. Pourquoi chercher plus" nous a-t'il  maintes fois répété. Nous avons fait un rapide calcul de ses dépenses depuis le départ: 12€ par jour tout compris. Ceci comprend le transport, l'assurance voyage, les taxes administratives, la nourriture, l'hébergement, le matériel de vélo et de camping (hors achat du matériel neuf au départ).  C'est moins de la moitié du budget journalier affiché par d'autres cyclistes qui ont tenté un parcours similaire. Certes le niveau de confort que s'est fixé notre voyageur est à la mesure du budget qu'il lui consacre, mais peu lui importe pourvu que la découverte soit sur le bord du chemin.
Cyril est un as pour trouver les bons plans, réfléchir des heures pour gagner quelques dollars, faire des kilométres pour ne pas payer de taxe ou négocier pendant une heure pour obtenir un taux de change le plus favorable possible. Un exemple pour bien comprendre la démarche: au Kenya nous avons fait un un long chemin à pied et quatre distributeurs de billets pour trouver celui qui offrait la plus faible commission pour un gain d'un demi dollar. Dérisoire peut-être, mais en mutipliant ce minuscule bénéfice par mille (le nombre de jour de voyage) et par le nombre de transactions on en mesure rapidement les effets sur le budget.
Le coût qui impacte le plus le budget est l'hébergement. Cyril privilégie la tente ou les constructions abandonnées dans les parties non habitées, les hôtels pas chers à moins de 10$ la nuit dans les pays les moins développés et enfin les hébergements gratuits par l'intermédiaire des réseaux de cyclistes comme "Warmshower" dans les villes. Les hôtes sont des gens extraordinaires qui partagent volontiers tout ce qu'ils ont avec des cyclistes inconnus venus du monde entier.
Mais qui aurait pu imaginer qu'on puisse être hébergé dans ces lieux?
- un temple boudhiste ;
- une mosquée ;
- une caserne de pompier ;
- un centre de la Croix Rouge ;
- une église évangélique ;
- un poste de police.

Et pourtant en se fiant aux expériences d'autres aventuriers, Cyril a toujours trouvé un abri pour la nuit sans aucune incidence sur son budget en faisant par la même occasion de fabuleuses rencontres.

Quelle performance sportive ?

Faire cent à cent cinquante kilomètres par jour est à la portée de tout cycliste entrainé. Répéter cet effort pendant neuf cents jours dans des conditions atmosphériques plus que difficiles ou à des altitudes extrêmes est une autre paire de manches. Le rythme de roulage que Cyril a expérimenté dans l'Outback australien est de cinq à dix jours maximum de vélo avec nuit sous la tente suivi un à deux, voire trois jours de repos en hébergement plus confortable pour récupérer.

Sa journée type de vélo commence au lever du jour, après avoir plié sa tente et pris une boisson chaude. Après une à deux heures de selle, vient le moment de se restaurer dans un stand de bord de route ou en avalant un petit déjeuner copieux. En fonction de la température et de la difficulté du jour, ce sont ensuite quelques heures de pédalage entrecoupées de pause pour profiter du spectacle de la nature avant de faire la pause pour le repas de midi. Les après-midi sont courtes car il faut penser à trouver un endroit pour installer sa tente, préparer le parcours du lendemain, cuisiner un repas chaud et manger avant le coucher du soleil surtout quand il fait très froid. Selon la fatigue et l'humeur du jour, c'est ensuite un peu de lecture ou d'écriture pour consigner les évènements de la journée. Et enfin un bon dodo pour être en forme le lendemain.
Les jours de repos, c'est douche, lavage des vêtements, farniente, visite des alentours si l'hôte est disponible et entretien du vélo. Si le temps le permet, c'est l'occasion de préparer le texte qui va alimenter le blog.

La condition physique ne suffit pas, il faut pouvoir dépasser ses limites quand les nécessités du moment le réclament. C'est essentiellement le mental qui lui a permis de durer, de ne jamais renoncer et aussi de ne jamais franchir la ligne rouge qui l'aurait mis en danger. Vous avez pu lire dans ce blog le nombre de fois où Cyril est allé au delà de sa zone de confort pour relever les challenges qu'il s'était lui même fixés.


Comment assure t-il sa sécurité?

Avant de partir Cyril avait écrit dans sa présentation:
"Un peu d'utopie
Dans une société où la sécurité est une obsession, l'inconnu proscrit, le voyage peut sembler dangereux. Mais c'est sans compter sur cette citation : "si le voyage est dangereux, la routine est mortelle".
Quitter son emploi, ses proches, partir à l'aventure peut paraître un peu fou. Surtout à l'heure où les médias d'informations nous bourrent le crâne avec l'insécurité, la guerre, les meurtres et le coté obscur des peuples de ce monde. Je suis persuadé que la plupart des hommes sont bons."

Il ne suffit pas de le penser pour éviter les surprises désagréables et les situations dangereuses. Cyril part du principe que pour faire face à un danger il faut déjà bien le connaître. Il a aussi décidé d'éviter au maximum les grandes villes où la violence routière et physique est beaucoup plus présente. Avant d'aborder un pays ou une zone réputée dangereuse, il consulte le site du Ministère des Affaires Etrangères. Les recommandations qui y figurent sont certes actualisées, mais elles sont dictées par le principe de précaution qui veut que le risque d'exposition des voyageurs aux dangers potentiels ne soit pas pris à la légère. Cyril préfère se documenter sur les blogs de cyclistes ayant traversé récemment ces zones ou demander oralement aux voyageurs croisés sur la route leurs retours d'expériences et leurs bons tuyaux pour trouver un hébergement sûr pour la nuit.

"Si quelqu'un l'a fait avant moi, je peux le faire" telle est sa devise.

L'intuition et le ressenti du voyageur est capital. "Si je ne le sens pas, je n'y vais pas" nous répète-t-il souvent au moment de choisir son itinéraire. Aucune explication rationnelle derrière ça, juste l'instinct de l'aventurier.

Néanmoins plusieurs frayeurs générées par le zèle de certains policiers ont émaillé quelques nuits de campement. En Amérique latine la haine du gringo (le blanc surtout américain) est présente partout mais elle se limite à quelques insultes ou jets de pierres sans grand danger.
Malgré son optimisme nous ne sommes pas toujours très rassurés, en particulier à La Paz une ville de Basse Californie mexicaine gangrénée par les règlements de comptes entre cartels de la drogue où il a passé deux jours dans un hébergement pour cyclistes. Lors de notre discussion par téléphone il nous explique ne pas se sentir menacé et nous fait la comparaison entre ce qui se passe à Marseille et à La Paz pour nous tranquilliser: "La guerre des gangs ne fait pas de dégâts collatéraux. Les tirs sont très biens ciblés. Aucun étranger extérieur aux trafics n'a jamais été tué au Mexique" ! C'est un fait. Vu de notre pays à travers le filtre des informations fournies par Cyril et dans notre position de parents, il est difficile d'avoir une idée objective des risques encourus.

Terminons le volet sécurité par une question que nous nous sommes souvent posés:
Est-ce plus dangereux de voyager autour du monde que d'emprunter tous les jours les routes du département en moto pour aller travailler ?
Bingo ! si vous répondez à cette question avant de regarder le journal télévisé ou d'interroger internet !

Le retour à Nairobi

Notre retour Mombasa-Nairobi était prévu en train, mais notre agence n'a pas réussi à trouver de billets pour la date prévue. En compensation et sans frais supplémentaires nous recevons trois billets sur un vol d'une compagnie lost cost locale.
Nairobi "c'est Manhattan au milieu de la savane", comme me l'avait fait remarquer un ami expatrié au Rwanda au siècle dernier. C'est vraiment l'image vue du ciel de la capitale kenyane. Le vol s'est bien déroulé malgré un léger doute sur la sécurité du vol. En consultant une base de données de l'aviation civile mondiale, Cyril découvre que Fly540 fait pas partie des compagnies interdites de vol en Europe et que notre  appareil est un DC-9 de 51 ans d'âge qui a appartenu à plus de dix compagnies avant d'arriver en Afrique. A posterioiri moyennement rassurant !
On peut vraiment crier très fort: HAKUNA MATATA.

Et puis le jour du départ arrive trop vite. Très tôt le matin, un brin ému, nous quittons Cyril à l'hôtel pour aller prendre notre avion. Nous avons tous les trois une journée chargée, lui à faire la maintenance de son vélo et nous à enchaîner les heures de vol pour rentrer à la maison.
Deux semaines inoubliables en sa compagnie.
Sur le chemin de l'aéroport nous suivons un bus scolaire sur lequel est écrit la devise de l'école:
"LA DETERMINATION EST UNE NOBLESSE"
Tout à fait ce qui caractérise le voyageur courageux et déterminé que vous suivez grâce à ce blog.

Poursuivons le rêve avec Cyril !

Parcours






La Suite...

03/05/2018

Kenya: Safari en famille

Leave a Comment


17/03/2018 - 29/03/2018

Le blog des parents. Saison 3 Episode 1

Et un !
Et deux !
Et trois !
Troisième visite sur un troisième continent.
Le rendez-vous est fixé à Nairobi au Kenya depuis quatre mois.
Cyril est arrivé la veille d’Atlanta en passant par Doha. Il a laissé son vélo et ses sacoches chez Pierre un expatrié français en VIE qui vit en colocation à Nairobi.
Nous arrivons d’Amsterdam en 747. Les formalités douanières et le visa sont un peu longs.
Pour notre séjour nous avons trouvé un guide local qui a tout organisé du début à la fin.
A la sortie de l’aéroport  personne pour nous recevoir. Cyril est bloqué dans les embouteillages et le guide qui doit venir nous chercher est introuvable. Après quelques échanges de messages et un bon quart d’heure d’attente, Cyril nous rejoint, puis Ali notre guide-chauffeur pour le safari arrive. La cinquantaine, parlant un français minimaliste, il nous présente son outil de travail: un van de 9 places équipé d’une glacière pour les boissons fraiches et d’une CIBI pour partir à la recherche des animaux sauvages dans les parcs.

Nous sommes heureux de nous retrouver tous les trois. Cyril est en forme après sa traversée des Etats-Unis. Notre dernier contact téléphonique date d’une semaine.
La nuit est déjà avancée quand nous arrivons à l’hôtel. Il est temps de prendre un peu de repos après une longue journée de voyage.

Nairobi
Le lendemain est un dimanche, nous croisons beaucoup de kenyans endimanchés convergeant à pied ou en moto taxi vers les églises à l’heure de la messe. Les femmes portent des robes imprimées aux couleurs vives et les hommes  des costumes sombres et brillants. 
Nos deux visites de la journée à la périphérie de Nairobi sont des nurseries d’animaux sauvages menacés de disparition.  On y trouve des girafes et des éléphants dont les mères ont été tuées par des braconniers ou tout simplement qu'on a retrouvés abandonnés dans la nature. Les girafes qui sont habituées au public se prêtent volontiers au jeux des photos pour peu qu’on leur présente quelque granulés dans le creux de la main. Le plus téméraire d’entre nous  tente le « bisous de la girafe » en tenant un granulé entre les lèvres.  Et ça marche ! La photo est dans la boite.



 Une partie des animaux est maintenue éloignée du public pour une future réintroduction dans leur milieu naturel.

Nous poursuivons par la nurserie d'éléphants qui ouvre vers onze heures, au moment où les gardiens nourrissent les bébés. Ils arrivent par groupe de quatre ou cinq, d'abord les plus petits qui pèsent deux à trois cents kilos. Chaque animal a droit à un biberon de lait XXXL. La dose géante est engloutie en moins de trente secondes. Les gourmands qui en veulent davantage bousculent avec leur trompe les gardiens qui les repoussent fermement. Viennent  ensuite les plus gros, âgés de deux à trois ans. Ils avalent deux biberons puis grignotent délicatement l’écorce des branches apportées par les gardiens. C’est un spectacle qui enchante la foule, mais qui laisse indifférent un phacochère à la recherche de quelques racines. A l’âge de trois ans et  déjà sept cents kilos ils sont remis progressivement dans leur milieu d’origine. La phase la plus difficile est la réintroduction de l’animal dans une famille déjà constituée. La réadaptation est considérée comme réussie vers l’âge de dix ans.


Masai Mara: "Out of Africa"
Le lundi, départ de bonne heure pour le parc MASAI MARA. Au Kenya il faut beaucoup de patience pour voyager par la route. Pour nous les occidentaux, la surprise est à chaque virage, chaque croisement, chaque montée.

Dans la descente qui nous amène au fond de la dépression du Grand Rift nous sommes ralentis par un énorme bouchon de camions suivant au pas un convoi exceptionnel transportant deux locomotives chinoises pour la nouvelle voie ferrée Nairobi-Kampala. Ali se faufile entre les poids lourds pour doubler et gagner quelques minutes. 

La saison des pluies est en avance de deux semaines. La savane est verdoyante, très loin des images du Kenya pendant la saison sèche qui s'affichent dans les guides touristiques. 


Dix kilomètres plus loin la route est coupée. Ali discute avec la policière qui bloque le passage. Nous entendons "no 4x4", "road closed" et Ali prend une déviation sur une piste en terre. Le chemin est boueux et parsemé de passages à gué où des "aides" venus d'on ne sait où  poussent les véhicules en difficulté moyennant finance. Au bout d'un quart d'heure et de quelques "poussettes", nous sommes bloqués à coté d'un autre van sur un chemin en dévers. Ali fait de grands signes au conducteur pour lui demander d'attendre un peu. Mais rien n'y fait. L'autre van démarre, glisse lentement et finit contre le notre. Bilan: un dégagement d'urgence de nos sièges, une vitre cassée et un peu de tôle froissée. Les deux chauffeurs palabrent, téléphonent et finissent par se mettre d'accord.  On apprendra plus tard que notre chauffeur qui conduit un véhicule de location a renoncé à un dédommagement "cash", parce que son véhicule est assuré et que son collègue a fait valoir son manque d'argent suite à la naissance de son dernier enfant ! Une négociation à l'africaine ! Encore quelques billets et nous sortons de ce bourbier pour rejoindre la route qui a été rouverte entre-temps !

Lors d'un arrêt dans un café pour faire une pause, Ali fait réparer la vitre: une double épaisseur de plastique fixée avec une bande adhésive et ça repart. La débrouillardise africaine en matière de mécanique est phénoménale.

Nous sommes entrés dans la zone ethnique des  Masais. Partout au bord des routes de petits troupeaux de moutons, chèvres ou bœufs gardés par un point rouge: un berger masai couvert d’une couverture à carreaux rouges extrêmement voyante. Selon la légende la couleur rouge éloignerait les lions !

Pas grand monde à l'entrée du parc Masai Mara gardé par des soldats en armes. En effet, c'est la fin de la haute saison et le prix d'entrée est dissuasif: 80$ les 24 heures !

Après six heures de route dont deux sur une piste détrempée et défoncée, nous arrivons à notre camp de tente. Le "tent-camp" ou lodge, n'a rien à voir avec un camping, c'est un hôtel de qualité très bien intégré dans la nature. La "tente" est constituée d'un sol en béton ciré, d'une salle de bain en dur et d'une double paroi de toile. L'accueil par un personnel pléthorique et une rangée de Masais en tenue traditionnelle comme dans un hôtel de luxe nous surprend. Les guerriers en tenue traditionnelle chantent et dansent, mais nous sommes trop fatigués pour vraiment apprécier ce spectacle un peu forcé. 
Le lodge est ouvert depuis huit mois. Nous ne sommes qu'une poignée de clients autour des tables. Après un bon repas et une heure de repos, on passe vraiment aux choses sérieuses.




Nous partons sous la pluie pour notre premier "safari photo". Devant nos yeux, le paysage du film Out of Africa: une plaine verdoyante parsemée de quelques arbres jusqu'aux contreforts des montagnes. Des herbivores par centaines se répartissent le terrain pour brouter en toute quiétude. C'est la période d'abondance. La quête du "big five" soit lion, éléphant, girafe, rhinocéros et buffle commence.




Ali nous emmène directement vers une zone boisée où tous les véhicules s'agglutinent. Là, un lion  qui se repose à la limite du bush est la vedette du spectacle de la nature. Les moteurs sont arrêtés, tous les touristes mitraillent l'animal pour immortaliser la scène.




Le roi de la savane est paresseux mais majestueux. On ne se lasse pas de regarder, jusqu'à ce que la CIBI annonce des guépards. La colonne de 4x4 se déplace sur une piste voisine. Assez loin de nous, on arrive difficilement à identifier une famille de trois guépards qui s'éloigne. Impossible de les suivre avec notre véhicule sans quitter la piste. En effet la circulation automobile est strictement limitée aux pistes aménagées.






Un petit tour sur les pistes et la nuit tombe. Le soir après un bon repas, nous discutons en anglais avec notre guide des traditions des Masais. Les employés de cette ethnie qui ont entendu notre conversation se regroupent et se mettent à chanter et à danser en sautant. Leur sourire forcé de l'arrivée a disparu. Il sont heureux de nous montrer ce qu'ils sont capables de faire. Une détente verticale impressionnante, un chant sourd d'une voix rauque, le plaisir de partager leur culture c'est beaucoup plus émouvant.


En pleine nuit l'orage se déchaine. Le bruit sur la toile de tente est  inquiétant. Quelques gouttes traversent la toile et se répandent sur le sol. Au petit matin la pluie s'est arrêtée et la rivière qui coule tout près du restaurant est montée de quatre mètres. Le manager du lodge scrute avec inquiétude la hauteur et la force de l'eau.

Prendre la route vers le parc en traversant la rivière ou attendre un peu?
Ali décide de partir tout de même à la recherche des animaux.
L'eau lèche le tablier du pont mais ça passe ! Le pont est franchi.




Le premier animal au bord de la piste est un éléphant qui broute paisiblement, nullement affecté par la présence des véhicules sur la piste. Un peu plus loin une hyène et enfin un buffle sur le qui-vive le nez au vent.





Encore une fois la CIBI crache des mots en swahili. Ali nous emmène vers un ravin où nous dit-il quelqu'un a aperçu un rhinocéros. Nous passons quarante minutes à l'arrêt à scruter les arbustes aux jumelles. Rien ne bouge. Nous repartons vers la plaine à la "chasse". Ali roule vite puis ralentit dans les secteurs où il pense apercevoir les animaux que nous cherchons. Au détour d'une piste, nous arrivons sur un embouteillage de 4x4 au pied d'un arbre où dort un léopard à la robe tachetée qui se confond avec les branches.





Nous filons vers la frontière de la Tanzanie. Les pistes sont boueuses après l'épisode pluvieux de la nuit. Un van qui s'est embourbé sur le bord de la piste appelle au secours. La solidarité des guides joue à fond. Quatre véhicules arrivent en quelques minutes. Un guide fournit le câble de traction, l'autre l'accroche à son 4x4 et le dernier dirige la manœuvre pour sortir le van de l'ornière. Et hop, c'est fait !



On croise un troupeau de buffle, des girafes et une famille de babouins avant d'atteindre la rivière Mara.



Le parc Masai Mara n'est pas clôturé, mais il est protégé par des militaires aux abords de la frontière avec la Tanzanie. Les jeunes soldats arrondissent leurs fins de mois en accompagnant les touristes au bord de la rivière "pour des raisons de sécurité". Pour justifier son job le jeune soldat nous emmène tout près d'un animal plus que dangereux: un crocodile. Cinq mètres de long, un abdomen impressionnant, il semble endormi, mais gare à ceux qui s'approchent trop près de l'eau. Nous apercevons de l'autre côté quelques hippopotames à l'abri du fort courant dans une boucle de la rivière. Une demi-heure de visite mérite bien un généreux pourboire. 




Après la pause pique-nique nous sortons du parc pour rejoindre l'hôtel. Au poste de contrôle, le gardien constate que nous avons dépassé les 24 heures inscrites sur nos tickets. Ali, qui semble connaitre tous les gardes, palabre un bon quart d'heure et la barrière s'ouvre par miracle. 


Notre véhicule supporte mal les chaos de la piste. Un claquement sur une roue avant inquiète Ali qui va chez le mécano. Pas d'atelier, pas de pont élévateur, juste un vieux cric à vis sur un terre-plein pour lever le véhicule et une réparation de fortune sur l'étrier de frein avant qui devrait tenir jusqu'à notre retour selon les dires d'Ali.


Nous passons notre deuxième nuit dans le parc. Nous sommes prêts le lendemain matin à sept heures pour une longue journée de route. Pour repartir vers Nairobi il faut retraverser une partie du parc. Le toit du van est ouvert au cas où quelques animaux matinaux croiseraient notre route. Peu après l'entrée dans le parc, Cyril voit un lion la gueule ensanglantée, l'oeil fermé qui avance en boitant bas au bord de la piste. "C'est une bagarre entre mâles qui peut mal se terminer si ce jeune lion ne se rétablit pas rapidement" nous confie Ali.



 Un peu plus loin nous croisons une lionne avec trois jeunes lions avançant sur la piste. Ils sont repus et s'éloignent sereinement. Ils sont suivis de près par deux mâles. C'est la journée des lions.







De retour vers Nairobi nous traversons la pleine fertile du Grand Rift. Après les pluies des derniers jours, tous les habitants sont au travail, labourant les champs avec des tracteurs, des bœufs ou à la main et plantant, du maïs des céréales ou des légumes. Grace à ce grenier, le Kenya a atteint il y a peu son autosuffisance alimentaire pour les denrées de base. 
Au milieu de nulle part on retrouve régulièrement une église et une école. 
Le matin à l'heure de la rentrée des classes, on aperçoit les groupes d'enfants en uniforme qui convergent vers leur école. Au Kenya l'école est gratuite, mais l'uniforme obligatoire est payant. Les plus pauvres sont encore exclus de l'éducation. Le taux de scolarisation stagne autour de 90%.
Les églises alternatives foisonnent:
- Eglise Apostolique du Christ
- Eglise du Créateur
- Eglise Adventiste du Septième jour
- Eglise méthodiste
- Église Sainte Surmontante Apostolique de Dieu (traduit mot à mot de l'anglais) !
- ...
Toutes sont impeccablement entretenues et très fréquentées lors de la messe dominicale.

Lac Naivasha:
Sept heures de route plus tard nous arrivons au Lac Naivasha. 

A 1900m d'altitude, le climat est doux et très ensoleillé. Cette étendue d'eau douce naturelle subit de fortes variations de niveau à cause des cultures florales qui pompent le précieux liquide pour exporter des roses dans la monde entier. Depuis que les serres fleurissent à proximité du lac, le Kenya est devenu le quatrième exportateur mondial de fleurs au détriment des pêcheurs locaux qui maudissent les cormorans et les serres florales !
Des centaines d'espèces d'oiseaux peuplent les berges au contact de troupeaux d'hippopotames.








En balade sur le lac nous assistons a un magnifique ballet d'oiseaux. Tout près de notre bateau un aigle pêcheur (ou vocifaire) qui tient un poisson entre ses serres est poursuivi par une mouette qui tente de lui faire lâcher sa proie. Le rapace se pose sur une branche après quelques pirouettes pour profiter de son repas. 

Notre lodge est magnifiquement situé dans un parc en bordure du lac. La construction et la décoration nous plongent une nouvelle fois dans l'ambiance d'"Out of  Africa". Au Kenya les animaux sont en liberté. Ce sont les touristes qui sont enfermés dans les lodges ceinturés d'une clôture électrique pour les protéger des hippopotames. Cette grosse vache marine à l'allure placide dans l'eau est en fait un mammifère très dangereux quand il sort la nuit sur les berges pour brouter.  Avec ses canines impressionnantes et sa vitesse de course pouvant atteindre quarante kilomètres par heure, mieux vaut ne pas le croiser en pleine nuit. 


En fin d'après-midi Ali notre guide nous annonce qu'il nous quitte. Il doit retourner au parc Masai Mara pour remplacer un chauffeur qui n'a pas pû assurer son service après une soirée trop arrosée. 
A cette altitude les nuits sont fraiches et nos hôtes très prévenants. Au moment de nous coucher nous avons la surprise de trouver une forme chaude dans notre lit. Une bonne vieille bouillote en caoutchouc rouge qu'utilisaient nos grands-mères il y a cinquante ans quand les chambres n'était pas chauffées. Et ce fut bien utile pour supporter les basses températures dans notre tente.




Lac Amboseli: au pied du Kilimandjaro

Au lever il fait dix degrés. Un bon petit déjeuner chaud pour nous réchauffer et nous partons direction le sud.
Notre nouveau guide-chauffeur se fait attendre. Nous envoyons plusieurs messages à l'agence et Sammy arrive enfin. Il est un peu en retard car on ne lui a pas donné la bonne adresse pour venir nous récupérer! 

Au Kenya il y a une expression qui revient souvent: Hakuna Matata ! Ne t'inquiète pas. Il n'y a jamais de problèmes, il faut juste avoir de la patience en attendant la solution ! Nous sommes en vacances, aucune raison de s'en faire. 

 Notre route vers le parc Amboseli passe par Nairobi. Il s'agit de l'artère principale qui relie le port de Mombasa, à Nairobi,  Kampala en Ouganda et Kigali au Rwanda. A chaque village, chaque barrage de police, ou simplement près des stations-service on retrouve des commerces fait de bric et de broc, des restaurants et une quantité incroyable de vendeurs à la sauvette qui vendent des boissons fraiches, du mais grillé, des mouchoirs et toutes sortes de fruits de saison sur le bitume.

Après sept heures de route dont une bonne heure et demi de piste, nous arrivons fourbus au lodge Sentrim Amboseli. L'accueil "folklorique" est le même qu'au Masai Mara.
Deux heures avant le coucher du soleil, nous entrons dans le Parc Amboseli par la porte  Kimana Gate. Là, les véhicules sont assaillis par les vendeuses de souvenirs qui essaient de nous convaincre d'acheter des objets inutiles de l'artisanat local.
Nous sommes dans la plaine autour du lac Amboseli: à notre droite le Kilimandjaro couronné de nuages et devant nous un troupeau d'une centaine d'éléphants. Les différents clans, emmenés par une femelle dominante encadrent les tout petits pour les protéger. Les guides ont coupé les moteurs pour laisser traverser les pachydermes. "Les éléphants sont en sécurité dans ce petit parc où les braconniers ont beaucoup de mal à s'approcher des animaux en terrain  découvert" nous explique Sammy. Le spectacle de la nature est partout, les appareils photos crépitent dans toutes les directions. Les nombreux herbivores broutent l'herbe verte et abondante dans cette cuvette marécageuse. Près de nous une gazelle de Thomson pousse son petit qui vient de naitre et qui tient tout juste sur ses pattes. 
            Une demi-heure de pur plaisir des yeux.




Nous continuons sur la piste vers les marécages. C'est le domaine des hippopotames, des oiseaux et de leurs prédateurs. L'outarde kori ou grande outarde guette les renards qui rodent en bordure des roseaux. Les grues entament une parade amoureuse à l'approche de la nuit pendant que les hippos attendent l'obscurité pour se nourrir.



Au coucher du soleil, nous  arrivons au Lac Amboseli près du complexe "Amboseli Lodge". Enfin ce qu'il en reste ! Les carcasses de bâtiments sont abandonnées depuis dix ans à la suite de la montée des eaux du lac Amboseli. Il fut construit en dépit du bon sens sans tenir compte des variations de niveau du lac Amboseli. Ce gachis fait le bonheur des opportunistes babouins qui ont lentement investis le site.

Retour au lodge pour profiter du buffet et d'une bonne nuit.

Nous avons rendez-vous le lendemain très tôt avec Sammy pour faire un dernier tour dans le parc  Amboseli avant de rejoindre le Parc Tsavo Ouest.
Le premier coup d'œil au lever est dirigé vers le Kilima ou petite colline nom originel du Kilimandjaro. La vue est dégagée. C'est le moment idéal pour figer le sommet enneigé. On demande à Sammy de stopper le van pour prendre le temps de contempler cette carte postale. Une girafe "Masai"et quelques oiseaux prennent la pose avant de quitter le Parc Amboseli. Sammy nous dit avec un brin de chauvinisme que la vue sur le sommet situé en Tanzanie est la plus belle depuis le parc Amboseli.





Il y a tant de choses à raconter, que nous vous proposons de patienter un peu en attendant  de terminer l'écriture de la suite de notre safari !

Hakuna Matata !



D'autres photos.

Michèle & Bernard


La Suite...