25/09/2016

Australie : Entre mer et montagne

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24 août 2016 - 25 septembre 2016 : Warragul, Sydney, Brisbane

1°C, brouillard, le froid est toujours présent fin août. Quelques jours de plat et de routes quelconques avant d'arriver à Bairnsdale. Deux choix s'offrent à moi : suivre la côte ou traverser les montagnes en plein hiver. La voie de la sagesse ou de l'adversité.
En regardant mes mains je me dis: évite le froid.
Ma main gauche est enflée avec quelques marques d'engelure et douloureuse au toucher. Les journées froides et pluvieuses en sont responsables. Mes moufles "étanches" ne résistent pas à plusieurs heures de pluie ☹. Je n'ai ressenti ni le froid, ni une quelconque douleur.
Ça fait longtemps que je n'ai pas vu la neige et le dénivelé me manque. Je décide de partir pour 300km de versants enneigés. Je vais en profiter pour tester mon matériel avant d'affronter le froid en Nouvelle-Zélande et en Patagonie.

La route monte progressivement et 150km plus loin quand j’atteins des altitudes de plus de 1000m j'aperçois les premiers névés. Le soleil brille mais les températures descendent au fur et à mesure que je progresse. -8°C, ce matin là, ma tente est gelée, mon vélo est couvert de givre et des glaçons flottent dans mes bouteilles d'eau. Il est six heures du matin, le soleil se lève, les sardines en aluminium me collent aux doigts et une fois mes affaires prêtes, j'enfourche mon vélo moufles aux mains. J'arrive à la station de ski de Mount Hotham, les gens me regardent d'un air bizarre. N'ont-ils jamais vu un cycliste en short en hiver à la montagne ? Je ne prends pas le temps de les questionner, le vent se lève, il ne faut pas que je traîne. J'atteins le col à 1808 m. Je change de versant et de temps: brouillard, vent, pas de quoi profiter de la descente ☹. Malgré mes moufles, après 15km de descente j'ai les doigts gelés. Mais il fait meilleur et je profite des toilettes publiques d'un petit village à 600m d'altitude pour me réchauffer les mains. Le soir, ma tente est toujours gelée et je prends une bonne douche avec une bouteille d'eau à moitié glacée.



Les montagnes sont derrière moi, la suite n'est qu'une succession de collines sur une route calme au milieu de paysages plutôt beaux à mes yeux. Le printemps pointe le bout de son nez et les premières fleurs apparaissent.
Je continue mon parcours à 200km des côtes. Je me dirige vers le nord, les Blue Mountains et Sydney. "Tu verras, en septembre le temps change d'un coup, le soleil et la chaleur chassent l'hiver". Voilà ce que m'ont promis les australiens quand j'étais dans le froid et la pluie aux alentours de Melbourne. Sauf que cette année c'est: pluie, pluie et pluie. Le ciel me tombe sur la tête jusqu'à Sydney.
Je m'achète une tenue de pluie style "ciré" pour me protéger un peu mieux. Pour ménager mes mains, je me fabrique des manchons  en coupant les jambes du pantalon que je fixe sur le guidon. Et ça se révèle efficace. Les jours de pluie succèdent aux jours de pluie. Et puis certains jours je suis malchanceux : il est 17h, la nuit tombe, la route est longée de barbelés. Je n'ai pas le choix, j'ouvre la porte non cadenassée d'un champ où les moutons pâturent. Propriété privée ? Je ne sais pas et je m'en fous, je veux juste dormir à plus de 100 mètres de la route. J'essaie de me cacher et je m'endors comme un bébé après cette longue journée. La pluie commence à tomber dans la nuit et au petit matin c'est le déluge. Je plie ma tente et range mes affaires sous une pluie glaciale. Toute la journée, elle tombe, pas d'accalmie. Je suis obligé de suivre la route principale, pas de route alternative. Les voitures et camions me doublent sans interruption. Je roule sur la bande d'arrêt d'urgence, jonchée de morceaux de verre, de boulons, ... Et donc je crève ! Je change la chambre à air et je repars. Le soir venu, je plante ma tente derrière un engin de chantier. Je n'ai pas trouvé mieux. La pluie s'arrête mais le vent se lève et ma tente claque toute la nuit ☹. Journée de merde ! Heureusement mes sacoches sont 100% waterproof et j'ai toujours des affaires "sèches" pour passer la nuit. Mais au petit matin avec des températures de 5°C, il faut remettre les vêtements mouillés de la veille.

"Ce qui ne te tue pas te rend plus fort" disait Nietzsche.
J'espère que c'est vrai.
Mano Solo qui chantait "j'ai vécu si fort que j'ai tué ce corps, fondu, désintégré en plein élan" ne s'applique pas à mon cas ☺

Tous les jours ne sont pas comme ça. A Albury, sous un beau soleil de printemps, je rencontre Rex et sa petite famille. Je passe un moment à discuter et ils m'offrent un café ainsi qu'un casse-dalle. Certains soirs quand je suis hébergé, c'est un bonheur de discuter autour d'une bière avec un bon repas chaud, de prendre une douche chaude et de dormir dans des draps propres.



J'atteins les Blue Moutains dans le froid et la pluie. Dommage, l'envie de visiter les alentours ne me vient même pas à l'idée. J'ai une seule envie, rejoindre la côte pour avoir des températures plus clémentes. Avant d'atteindre Sydney, je passe une nuit au chaud chez Pat et Tania, un couple d'australiens débordant de générosité. Je repars dimanche matin après avoir dégusté deux magnifiques croissants français ☺ Direction Sydney à 70km à l'est.

Rentrer et sortir d'une grande ville est toujours inintéressant et bruyant. Sydney ne déroge pas à la règle. Je ne suis pas fan des villes, mais il parait que Sydney est une ville magnifique. Ce n'est pas faux. Je fais mon touriste durant quelques heures. Je visite l'Opéra et l'Harbour Bridge. Puis je sors de ce vacarme pour retrouver la tranquillité du bush australien.
Je suis la côte jusqu'à Port Macquarie. Les plages de sable blanc sont belles à contempler et le soleil est de retour.
J'en profite pour prendre de vraies douches au bord des plages, raser ma barbe de deux mois et me reposer en regardant des surfeurs essayant de dompter les vagues. Mais il y a trop de monde à mon goût, trop d'interdictions: pas de camping, pas de feu, pas de chien et beaucoup trop de trafic pour profiter des joies du bord de mer.
Je décide de rentrer dans les terres pour retrouver le calme des petites routes sinueuses et le camping au bord des rivières avec de la belle pelouse pour dormir confortablement. Je me réveille à l'aube avec le chant des oiseaux.
Même si la météo est capricieuse, les températures sont agréables même à 1000m d'altitude près d'Armidale. Les journées de pluie, je ne porte pas de kway, trop chaud, je transpire. Juste short et T-shirt. Je suis trempé mais je n'ai pas froid. Et le soir venu je n'ai pas besoin de prendre de douche ☺


J'évite au maximum les routes principales et prends les routes de campagnes en passant par Grafton, Kyogle, Beaudesert et Kilcoy. C'est vallonné, vert et j'aperçois les premiers arbres exotiques: banane, avocat, ... Il fait 25°C, le soleil brille, je bronze de nouveau ! J'arrive le 22 septembre à Morayfield, 50km au nord de Brisbane. Je suis hébergé chez Brownyn et Darryl, un couple de retraité rencontré il y a quelques mois à l'ouest de l'Australie. Je me relaxe avant de m'envoler pour la Nouvelle-Zélande.

Statistiques

Distance :  2674 km
Nb jours : 33
Nb jours de vélo : 28
Nb jours de repos : 5
Etape la plus longue : 129 km
Etape la plus courte :  33 km
Crevaison : 3

Total depuis le début

Distance : 25232 km
Nb jours : 262
Nb jours de vélo : 239
Nb jours de repos : 123
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 10
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)
Jason et son pote au nord d'Albury




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