14/03/2017

Chili: Santiago & San Pedro de Atacama

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21/01-02/02/2017  - Chili:  de Santiago à San Pedro de Atacama avec les parents .

La lettre des "Vieux".

Presque un an jour pour jour après notre rencontre en Thailande, nous retrouvons Cyril à Santiago du Chili. Cette fois pas de colis encombrant, seulement quelques kilos de pièces de vélo et d'équipements alourdissent nos valises. A l'arrivée de l'avion, nous cherchons Cyril au milieu de la foule. Nous le reconnaissons à son tee-shirt vert et quand il se retourne, surprise! C'est un baroudeur avec une barbe rousse de plusieurs mois qui vient à notre rencontre. Cyril est radieux, ravi de faire un petit break dans sa course autour du monde.


Le choc thermique est violent: de 6°C à Madrid nous passons à 37°C à Santiago. Nous avons réservé un petit appartement pour trois personnes dans le centre de Santiago. Après avoir récupéré du décalage horaire nous commençons la visite de Santiago par la Plaza de  Armas, puis les collines de Santa Lucia et San Cristobal. Monter sous la chaleur par un chemin escarpé, ce n'est plus de notre âge! En récompense, la vue est superbe mais limitée par la brume qui recouvre la ville dû à la combinaison de la chaleur et des incendies dans le sud du Chili.  Nous profitons de nos soirées pour discuter avec Cyril des détails de son périple depuis l'Asie.

Deux jours plus tard, direction Valparaiso en bus. Le port qui faisait rêver les marins ayant passé le cap Horn est une curiosité. On parcourt la ville calée à flanc de collines à pied et en funiculaire.



Nous prolongeons la balade par Viňa del Mar une station balnéaire huppée où se retrouve la belle société de Santiago.




De retour vers Santiago, le bus qui avance péniblement dans une montée bien raide se gare précipitamment. Aucune explication du chauffeur, mais il semble que le moteur chauffe. Après une pause de 10 min le bus repart et rebelote dix kilomètres plus loin. Personne ne bronche, ce genre d'incident ne provoque aucune réaction de la part des passagers! Ce ne doit pas être inhabituel. Finalement nous arrivons à bon port.

Deux jours plus tard, c'est le départ en avion vers Calama et le désert à perte de vue jusqu'à l'oasis de San Pedro de Atacama (prononcer "dé Atacama"). Le soir même nous contactons Santiago un guide chilien qui parle parfaitement français pour une excursion aux lagunes d'altitude le lendemain.

Le matin suivant nous partons en minibus avec d'autres français. Après un arrêt dans les oasis de Toconao et Socaire nous dépassons 3000m d'altitude, la mécanique souffre jusqu'à ce le chauffeur se gare sur le bord de la route et nous annonce que nous avons un problème mécanique. Le guide nous propose de faire le pique-nique sur place en attendant qu'un bus de remplacement arrive: deux heures environ. Le casse-croute préparé par Santiago est étonnant: hors d'oeuvre, plat et dessert chilien accompagné de plusieurs vins chiliens servis dans des verres à pied. Vu  l'altitude de 3400m on peut lui attribuer une étoile. Le vin chilien déliant les langues nous palabrons tous autour du repas. Quand Cyril raconte qu'il est en route pour faire un tour du monde à vélo, c'est un bref moment de silence, avant que les questions ne fusent de tous les côtés:
- Combien de kilomètres parcourus par jour, depuis le départ, de pays visités? ...
- Comment financer un tel voyage?
- Comment est-on accueilli?
- Est-ce que c'est dangereux?
- Combien de temps encore avant de rentrer? ...
Les réponses sont à l'image de la philosophie du voyage de Cyril:
- J'ai le temps, je suis en vacances depuis 570 jours et je veux profiter au maximum de tout ce que je peux voir. Je roule entre cinq et dix heures par jour, soit de cinquante à deux cents kilomètres.
- Je me contente du minimum de confort et donc de dépenses
- Je suis bien accueilli partout par des habitants généreux qui m'offrent le gîte et (ou) le couvert.
- L'itinéraire se fait au jour le jour en fonction des conditions météo et des paysages.
- Je m'adapte tous les jours aux situations qui se présentent à moi, j'en ferai autant à mon retour dans un an ou plus.

Nous pourrions résumer le voyage de Cyril en trois mots:
- La découverte: cette recherche permanente des plus beaux endroits de la planéte
- La liberté de voyager avec un minimum de contrainte, ce qui n'est pas incompatible avec un degré de difficulté certain
- La singularité dans le choix des itinéraires et des moyens pour arriver au but


Trois heures plus tard, le bus de réserve arrive. Nous continuons vers les lagunes Misquina et Miniquez. Arrivés vers 4000m, le temps se couvre et les premières gouttes tombent, suivies, de neige fondue puis de grêle. De tous petits grêlons de 2 à 3mm très légers, qui s'accumulent autour des touffes de "paja brava" une herbe jaune présente au delà de 4000m et très appréciée des vigognes.
















Une heure plus tard, nous faisons une balade à pied à "Piedras rojas" un amas de pierres rouges volcaniques avançant dans une lagune de couleur bleu pâle tirant sur le blanc.



Le retour dure trois heures. Santiago en profite pour nous raconter l'histoire récente du Chili. A l'arrivée au pouvoir de Pinochet sa famille doit fuir la dictature et s'exile à Paris. Il y restera vingt cinq ans avant de revenir à San Pedro pour s'installer comme guide. On sent une forte émotion dans sa voix quand il raconte tout ces évènements qui mêlent sa propre histoire à celle de son pays. A la fin de son discours, tout le bus à les yeux humides et se met spontanément à applaudir notre émouvant orateur.

A l'approche de San Pedro, les éléments se déchaînent, la pluie s'intensifie. Les rues sont inondées par dix centimètres d'eau et l'électricité est coupée. Le chauffeur nous dépose à l'hôtel après un long détour. Que faire? Les restaurants sont fermés. La logeuse nous propose un peu de pain. Avec un reste de confiture et de manjar (un mélange de lait concentré sucré et de caramel), nous improvisons un repas dans la chambre sur une valise à la lumière de nos lampes frontales.



La pluie est rare dans ce désert, mais il peut tomber en une journée la quantité de pluie d'un mois ou plus!

Le mardi, nous partons à pied vers le Pukara de Quitor: les ruines d'un ancien village fortifié ayant résisté aux assauts des premiers espagnols au 16ème siècle. Arrivés sur place, il n'y a pas de pont, seulement un passage à gué. Le Rio Grande en crue nous empêche de franchir les cents mètres qui nous séparent du site archéologique. Retour en aval à la recherche d'un passage; deux heures et trois kilomètres de marche plus tard nous sommes à l'entrée du site. Nous grimpons jusqu'au Mirador trois cents mètres plus haut. La vue à 360° est époustouflante: la vallée de la Lune, le rio Grande et l'oasis de San Pedro sont à nos pieds.


Au sommet un mémorial  commémore les massacres des "Atacaménes" par les espagnols. La dernière phrase inscrite sur la stèle est particulièrement poignante: " BON DIEU! BON DIEU! POURQUOI NOUS A TU ABANDONNE".

Pour notre dernier jour dans le désert d'Atacama on nous a recommandé une excursion dans le désert de Tara situé à plus de 4400m d'altitude. Santiago est encore une fois notre guide. Dans la montée vers le col à 4800m apparait sur notre gauche le volcan Licancabur: "le volcan du peuple" dans la langue des Atacamènes. Majestueux, il est coiffé d'une couche de neige tombée la veille.




















En plein désert, quelques vigognes broutent de minuscules touffes de végétation dans un paysage lunaire.



Un peu plus loin nous faisons un arrêt pour déguster une tisane de feuille de coca censée nous aider à supporter les effets de l'altitude. Rien d'illégal, juste un goût de tilleul. Revigorés, nous bifurquons sur la piste vers le Salar de Tara. Après trente kilomètres de piste chaotique, nous basculons au sommet d'une butte sur la lagune de Tara. Sur notre gauche de grandes colonnes de roches ocres baptisées "Cathédrales de pierre", devant nous des flamands roses dans une lagune aux couleurs dégradées de bleu et vert et au fond la cordillère des Andes avec ses volcans enneigés, c'est un vrai plaisir pour les yeux.


Santiago nous entraine vers un lieu en dehors des circuits touristiques: la Réserve naturelle "Los Flamingos". Une succession de lagunes où les flamands roses viennent se nourrir pendant l'été austral. Nous montons sur un promontoire qui  domine les lagunes. Et c'est à ce moment que nous ressentons les effets de l'altitude: le cœur bat fort, la tête bourdonne et pour certains c'est la nausée. Une sensation d'épuisement qui s'estompe au bout de quelques minutes. Pourtant Santiago nous avait  recommandé de marcher lentement et de ménager nos efforts pour éviter ces désagréments. Heureusement nous sommes récompensés par le spectacle de la nature.

 


Une dernière vue au pied des "Cathédrales de pierre" et nous repartons vers San Pedro. Sur le chemin de retour Santiago nous raconte l'histoire de la conquête du Chili par les espagnols. Passionant !

 


Nous repartons de San Pedro de Atacama avec des images, une lumière et des paysages plein la tête et beaucoup de choses à raconter plus tard.

Retour à Santiago pour deux jours. L'avant dernier jour nous partons en bus pour le Caijon de Maipo, un canyon qui descend de la Cordillère jusqu'à la banlieue de Santiago. La cascade de Los Vientos que nous avions prévue de voir est bien trop difficile à atteindre. Nous rebroussons chemin pour suivre un canal d'irrigation à flanc de montagne bordé d'un chemin de chèvre qui nous ramène à San Alfonso où nous nous restaurons à l'ombre d'une terrasse.  

 Le dernier soir nous retrouvons au restaurant Florent un ami de notre nièce Sophie et Philomène qui ont hébergé Cyril et tout son équipement. Grande discussion sur leur vie au Chili et sur le marasme qui envahit la France. Et nous en venons à la conclusion qu'en France nous vivons bien dans un pays "favorisé", mais que nous n'en sommes pas toujours assez conscients.

Cyril en profite pour noter une adresse en Colombie que lui fournit le serveur, un colombien èxilé économique au Chili pour faire vivre sa famille. Un point de chute supplémentaire pour la suite du périple.

Et puis les vacances pour nous ont une fin. Au seuil de l'hôtel, nous laissons Cyril déjà concentré sur sa prochaine étape.

A+ fiston.

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