27/02/2017

Chili: En terre Mapuches

Leave a Comment

San Martin de los Andes - Santiago du Chili ; 07/01/2017 - 20/01/2017
Je quitte avec un petit pincement au cœur mes trois amis argentins : Jorge, Ariel et Frederico. J'ai passé 15 jours de grand plaisir en leur compagnie. Mais je suis impatient de retrouver mes parents dans 15 jours à Santiago du Chili. Pour traverser la Cordillères des Andes, il faut que je franchisse le col Mamuil Malal. Il contourne le magnifique volcan Lanin, qui ce jour là est couvert de nuages. J'aperçois à peine le bas du cône. A quelques kilomètres de la frontière, la pluie se met à tomber. Je traverse un parc national avec ses pins très étranges. Nommé Araucaria araucana, ils sont considérés comme des fossiles vivants. Ils peuvent vivre jusqu'à 1000 ans.

La piste est mauvaise. Le retour au Chili s'annonce difficile.
Trois kilomètres avant la frontière il y a déjà une file de voitures stationnées.
- Pourquoi?
- Et d'un coup ! ça me revient ...
On est samedi et ici c'est les grandes vacances. Une erreur que seul un voyageur au long cours peut faire. Avec le temps qui passe et mes vacances qui n'en finissent pas , je ne sais jamais quel jour on est. Le jour de la semaine a rarement de l'importance.
Sans scrupule, je double tout le monde. Il pleut et je n'ai pas envie de passer plusieurs heures à greloter. Au poste juste avant la frontière argentine, une jeune militaire régule le trafic. En me voyant, elle a pitié de moi, et me fait signe de passer la barrière et de me rendre au bâtiment de service des douanes. Quand j'arrive, le poste frontière est plein à craquer. Un fonctionnaire s'occupe de diriger les gens au bon guichet. En voyant que je suis cycliste, il prend mon passeport et fait toutes les formalités pour moi. Il passe devant tout le monde et deux minutes plus tard je quitte le poste frontière avec mon tampon de sortie en bonne et due forme. Ça a parfois du bon d'être cycliste !!!



A la douane chilienne c'est un peu plus long et fastidieux. Mais en 30 minutes j'obtiens mon tampon d'entrée et me voilà officiellement au Chili. J'avais quitté ce pays il y a 15 jours sous la pluie et je le retrouve avec le même mauvais temps. Je n'ai qu'une seule envie : rejoindre la côte pacifique et profiter de la chaleur et des plages !
Je ne m'attarde ni à Pucón ni près du volcan Villarica ( un des rares volcans avec un lac de lave dans son cratère ) . Il fait froid et je suis trop mouillé. L'envie de me balader ne m'effleure même pas l'esprit.

Je rejoins la Panaméricaine, une "route" longue de 30000km, de l'Alaska au sud du Chili, et je file vers Temuco. Je ne sais pas si je suis autorisé à rouler dessus en vélo. Il n'y a aucun panneau interdisant l'entrée des bicyclettes. Je m'insère sur la voie la plus proche. Quelques centaines de mètres plus loin, je passe discrètement un poste de police sans me faire arrêter. Ouf ! Je suis sûr que je peux rouler sans problème.
Mais qu'est-ce que le Chili est peuplé !!! Après un mois et demi en Patagonie j'avais presque oublié qu'à certains endroits de la planète les hommes se sont regroupés en masse. Le moindre endroit est habité ou cultivé.

Les collines sont plantées de grandes forêts "artificielles" de pins et d'eucalyptus que les Mapuches appellent "désert vert", car cet arbre qui n'est pas originaire de cette région demande beaucoup plus d'eau que les spécimens natifs.
Les Mapuches sont les habitants originels de cette terre.  C'est un peuple de guerriers qui a résisté à l'envahisseur Inca venant du nord. Comme beaucoup de peuples  en Amérique ils ont été dépossédés de leurs terres au XIXème siècle par les émigrants européens, mais ils continuent à se battre pour faire valoir leurs droits sur les terres de leurs ancêtres. Leurs revendications s'affichent sur le bord de la route sur de grandes banderoles ou tout simplement écrites à même la route. Je comprends leurs sentiments dans ce pays où les espaces publics ne semblent plus exister. Tout est privé. Tout le long de la route il y a des barbelés. Heureusement certaines âmes charitables les ont coupés. Une ouverture bienvenue afin que je passe mes nuits au frais au milieu de grands pins.

La chaleur est venue d'un coup. Dès que j'ai quitté les Andes, elle m'est tombée dessus comme une enclume. Depuis sept mois et juin 2016, je n'avais ressenti la vraie chaleur du soleil. Celle qui te brûle, celle que tu veux fuir. Pour la première fois depuis des lustres, j'apprécie l'ombre !
Les routes de campagne jusqu'à Concepcion sont en bon état et goudronnées. Mais il n'y a toujours pas de bandes d'arrêt d'urgence ☹ . Les chiliens ne sont pas les plus respectueux des cyclistes. "Moins pire" que l'Asie mais dangereux.
Je retrouve enfin le grand plaisir de manger des fruits et des légumes. C'est l'été, les pêches, melons, pastèques, ... remplissent les étalages des vendeurs de bord de route. Les prix sont raisonnables: 1000 pesos (1.5€) le kg de pêches, 500 pesos (0.75€) le melon. Certains jours je ne mange que des fruits. Ça m'avait manqué. Et puis avec la chaleur je n'ai plus trop envie de me gaver de gras et de sucre.

A Concepción, je retrouve le bord mer et les plages. Le petit vent de la mer me rafraichit un peu et je supporte plus facilement la chaleur. Il fait plus de 30°C à l'ombre.
Comme à mon habitude, je ne m'éternise pas dans cette grande ville de 300 000 habitants.


C'est les grandes vacances à Tomé, une station balnéaire, où les plages sont pleines, mais peu de personnes profitent de l'eau. En effet l'eau est plutôt fraîche, guère plus de 17°C. En passant près d'un petit marché aux poissons je m'arrête et j'observe un lion de mer qui essaye de se remplir la panse sur les étalages de poisson frais.  Les pêcheurs le chassent à force de bruit en tapant à grands coups de bâton sur des seaux en plastique. L'animal, une belle bête de 2 mètres et plusieurs centaines de kilos, s'enfuit doucement.
Quelques kilomètres après la sortie de Tomé, je rencontre un français qui vit au Chili depuis plus de 10 ans. Il se balade avec son vélo de route. On roule quelques kilomètres ensemble avant de s'asseoir pour déguster un mote con huesillo: une boisson composée d'un jus sucré, d'une pêche séchée rehydratée et de grains de blés. Bien rafraichissant et nourrissant.

La route de bord de mer est bien vallonée. Les arpenteurs chiliens n'aiment pas les virages, ils préfèrent les routes à fort pourcentage. Les camions chargés de bois souffrent tout autant que moi.  Mon thermomètre affiche 41°C. Les plages sont couvertes de sable noir, elles sont brulantes l'après midi et la température de l'océan est vraiment fraîche. Je passe mon tour. Je me baignerai une autre fois. A Cobquecura j'apercois des dizaines de lions de mer en train de se faire dorer la pillule sur un grand rocher. Ces animaux sont en nombre dans les environs, tout près de la civilisation.
Je continue par la côte avant rentrer dans les terres direction "Santiago de Chile". Je rencontre Yohan aux alentours de Constitución. Un jeune allemand de 23 ans parti de chez lui il y a 4 ans. Il arrive de Colombie où il a passé plus d'un an. Il a travaillé sur place et appris l'espagnol. On boit quelques bières ensemble, et puis on reprend chacun notre route. Il va vers le sud à l'opposé de ma direction.
La province au sud de Santiago est en feu. Il y a des dizaines d'incendies qui ravagent les plantations d'eucalyptus. Je dois modifier mon itinéraire pour éviter les routes coupées.
Le dernier jour avant de rentrer dans Santiago, je m'arrête dans un camping avec une grande piscine. J'en profite tout l'après-midi. La belle vie !!!

A Santiago du Chili je suis hébergé chez des amis de ma cousine, Florent et Philo, un jeune couple de français vivant au Chili depuis plus d'an. Encore une belle rencontre !

Statistiques

Distance :  1219 km
Nb jours : 14
Nb jours de vélo : 13
Nb jours de repos : 1
Etape la plus longue : 161 km
Etape la plus courte :  38 km

Total depuis le début

Distance : 34607 km
Nb jours : 479
Nb jours de vélo : 336
Nb jours de repos : 143
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)





La Suite...

14/02/2017

Patagonie : au rythme argentin

4 comments

Futaleufu - San Martin de los Andes ; 20/12/2016 - 06/01/2017
Je quitte le camping de Futaleufu direction l'Argentine. Je veux passer à l'est des Andes, là ou le temps est sec et venteux.
Je pars sous la pluie et après le passage obligé par la douane chilienne, la route se transforme en piste caillouteuse. Peu m'importe, je suis en Argentine et la pluie a cessé. Devant moi un grand ciel bleu, derrière des nuages. Ça me redonne le sourire !
Je passe ma première nuit au sec depuis 10 jours. Le deuxième jour à la sortie d'Eskel, je retrouve le vent patagonien qui souffle dans mon dos d'une telle force que je roule à 32km/h sans pédaler ☺. Ca ne dure que 5 km. Ensuite la route reprend la direction du nord avec un vent de face. Quelques kilomètres plus loin, j'aperçois deux cyclistes qui se reposent. Jorge et Ariel, deux argentins qui parcourent la Patagonie pendant leur mois de vacances. Ils vont dans la même direction que moi. On repart ensemble direction le "vent de face". Les paysages ressemblent vraiment à ceux que j'ai vus lors de mon précédent passage sur la ruta 40 entre El Calafate et Perito Moreno. Immense vallée sans arbre, seul quelques touffes d'herbes jaunies par le soleil et le vent réussissent à pousser. Je ne me lasse pas de cette immensité. Même si le vent souffle assez fort, la beauté du paysage efface la difficulté. Avec Jorge et Ariel le courant passe bien. On décide de poursuivre notre route ensemble. Le rythme est bien moins soutenu qu'à mon habitude. Mais j'apprécie la compagnie de ces deux argentins. Même si mon espagnol est toujours aussi mauvais on arrive à échanger. Jorge parle un peu anglais. Avec ces deux langues on peut presque discuter politique !
On roule entre 3 et 5h par jour, entre 50 et 70km. Les journées suivent un rythme bien précis. Au petit matin à 9h on commence par un bon maté bien chaud et on attend que le soleil sorte pour nous réchauffer. Ensuite entre dix et onze heures on se met à pédaler. A mi-parcours, on s'arrête pour un petit goûter. Puis on reprend la route avant de trouver un endroit pour la nuit. On monte la tente, on boit du maté, on mange un bon repas chaud : pâtes ou polenta avec du fromage. Et au dodo !!
La route n'est pas montagneuse mais c'est toujours un peu vallonné. On alterne entre 600 et 1000 mètres d'altitude. Après 3 jours de route commune, le 23/12/2016 on s'arrête à El Bolson. Au camping de la Brasserie


Les argentins aiment la viande. Ce n'est pas une légende. Tous les gens du camping font griller de la viande. Et on fait de même : 3kg de bœuf pour trois. Le tout arrosé de bières locales et de vins rouges argentins. Une bonne entrée en matière avant Noël. Ici c'est l'été et pour fêter la naissance de Jésus on mange de la viande grillée. Et puisqu'on est en Patagonie et que leur agneau est fameux dans le monde entier,  Ariel et Jorge cuisinent pour le repas de Noël, un demi-agneau (5kg) et des légumes au four à bois, sans oublier le vin rouge pour accompagner la viande. Un régal, je mange jusqu'à exploser. Ca fait tellement longtemps que je n'avais pas mangé de viande ! Ils me font également goûter l'oeuf battu cuit dans un demi-poivron: vraiment bon. Comme dit Jorge : "avec nous c'est un court intensif d'argentin"
Le ventre et la tête lourde on repart vers le nord. Les paysages changent à mesure que l'on se rapproche de la région des sept lacs (Siete Lagos), ça devient beaucoup plus vert. A San Carlos de Bariloche on s'arrête dans un camping. Le gérant a la gentillesse d'ouvrir spécialement pour nous. L'ouverture officielle n'est prévue que le lendemain. La ville réputée pour son chocolat n'a rien d'extraordinaire. Le bord du lac est joli mais la cité en elle-même est quelconque. Comme dans la plupart des villes argentines que j'ai traversées les rues sont en mauvais état. Beaucoup de devantures de boutiques sont décrépies. Ce n'est pas sale mais c'est loin d'être neuf. Le temps a fait des "ravages". Avec le traditionnel asado (bbq), on achète du chocolat: 680 pesos le kg (40€). Ça fait mal au portfeuille mais il est très bon. Et puis au moins c'est du chocolat noir, contrairement aux supermarchés qui vendent presque exclusivement du chocolat au lait.

La route des septs lacs est magnifique. Elle longe ces grandes étendues d'eau. La vue est splendide. Le temps est clément, il fait 20°C au soleil. Pas de pluie, quel plaisir ! A Villa la Angostura, on s'arrête pour fêter le nouvel an. L'avant veille on se met en jambe avec un "pollo al disco" (poulet au disque). La recette est simple mais excellente : poulet, légumes, vin blanc et épices, le tout cuit dans un grand disque en fonte posé sur le feu.
Les argentins sont connus pour aimer faire la fête. Idée reçue vérifiée pour le jour de l'an: grillades, musique, karaoké, bières et vins, sans oublier le spécial : Fernet-cola, un "cocktail" à base de fernet branca, un alcool amer et de coca cola. Plutôt pas mal, mais le lendemain la tête s'en souvient !
Comme après chaque arrêt dans un camping, je repars "fatigué" (trop d'alcool). On décide de quitter la belle route goudronnée pour suivre une piste qui va en direction de Villa Traful. La piste, à certains endroits est vraiment pentue. Jorge et Ariel tirent la langue ☹ et moi aussi. L'état de la piste est variable, tantôt très bonne, tantôt très caillouteuse. A Villa Traful on rejoint Fredirico, un ami de Jorge et Ariel. Nous voilà quatre sur la route. Plus on est de fous plus on rit ! La piste continue vers le col paso cordoba. Une montée bien raide mais au sommet ou plutôt au col la vue est magique. Le vent soufflant fort, à la tombée de la nuit on demande l'hospitalité au gardien d'un entrepôt du service d'entretien des routes (la DDE argentine). Il vit tout seul, dans une petite maison au milieu de nulle part. Comme souvent, il accepte notre requête sans hésiter. Il nous installe dans l'entrepôt, près du poêle à bois entre un engin et un tas de bûches. On le fait ronronner sans hésiter. Le vent à l'extérieur souffle vraiment très fort, le toit en tôle se soulève à chaque rafale. Mais il tient le coup. La chaleur du poêle est la bienvenue. On passe une nuit trois étoiles avec un bon maté bien chaud et un énorme plat de polenta au fromage. Il en faut peu pour satisfaire des cyclistes affamés.


Avant d'arriver dans la ville de San Martin de Los Andes, on passe un col à 1000 m. La montée n'est pas très difficile mais dans la descente la pluie fait son apparition, la température chute d'un coup. Elle passe de 15°C à 5°C. On se gèle toute la descente. Mes vêtements de pluie sont bien rangés au fond du sac. J'avais perdu l'habitude de les utiliser ces 15 derniers jours. La Patagonie nous rappelle que le temps peut y être imprévisible ! En bas de la descente, à San Martin de Los Andes on s'arrête dans un camping et la douche chaude  nous réchauffe le corps et le cœur.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Après deux dernières soirées bien arrosées. On se dit au revoir. Je prends la route du Chili vers l'ouest pour rejoindre mes parents à Santiago du Chili. Jorge, Ariel et Frederico restent en Argentine et continuent par la route 40 vers l'est.
J'ai adoré ces 15 jours en leur compagnie : "Muchas gracias amigos"

Statistiques

Distance : 734 km
Nb jours : 18
Nb jours de vélo : 12
Nb jours de repos : 6
Etape la plus longue : 75 km
Etape la plus courte :  30 km

Total depuis le début

Distance : 33388 km
Nb jours : 465
Nb jours de vélo : 323
Nb jours de repos : 142
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)




La Suite...

05/02/2017

Patagonie : La carretera austral

2 comments

Perito moreno - Futaleufú ; 10/12/2016 - 19/12/2016
Je quitte Raul et son formidable mini camping. L'accueil et la douceur "dingue" de Raul me fait presque regretter mon départ vers la Carretera Austral au Chili. La construction de la carretera austral a été débutée en 1976 sous la dictature de Pinochet. C'est l'armée chilienne qui a exécuté cette lourde tache. 10000 militaires ont travaillé afin d'établir un lien entre le centre du Chili et la Patagonie chilienne. Beaucoup d'entre eux y ont perdu la vie. La route est longue de 1240 km, de Puerto Montt à O'Higgings. En fait cette route désenclave seulement 100 000 personnes.
J'ai décidé de rejoindre cette route car tous les voyageurs qui l'ont empruntée en sont revenus ravis: paysages magnifiques au milieu des montagnes, cascades, glaciers, fjords, rivières et peu de trafic
Tout semble réuni pour que je passe quelques jours magnifiques à l'ouest des Andes.

De Perito Moreno jusqu'à la carretera austral, la route prend la direction du soleil couchant. En Patagonie, rouler vers l'ouest n'est jamais facile à cause du vent. Heureusement Raul m'a bien nourri et même avec ce fort vent de face mes jambes tournent facilement. Je n'avance pas très vite alors que la route est plate, 10km/h. C'est la dure loi du cycliste qui a choisi de remonter la Patagonie vers le nord. A mesure que je me rapproche du Chili les paysages changent: fini le jaune, le marron et le ciel bleu, place au vert et aux nuages.
Après la frontière chilienne et le village de Chile Chico la route goudronnée s'arrête et la piste qui suit le lac General Carrera, le plus grand du Chili, commence. La piste est bien entretenue à cause de la compagnie minière Cerro Bayo qui exploite les abords du lacs pour en extraire de l'or et de l'argent. Les montées descentes se succèdent mais la difficulté est effacée par les beautés du paysage. La route est parfois creusée dans la roche et le lac affiche un panel de couleur allant du bleu glacier au vert en fonction des rares rayons du soleil.

Les jours suivants, la pluie se met à tomber. La belle piste se transforme en bourbier et je suis obligé de pousser dans les montées. Mes garde-boues font bien leur travail : ils accumulent la boue !!! . Mes roues se bloquent et je suis obligé d'enlever la boue avec un morceau de bois pour pouvoir simplement continuer à avancer ! Je décide d'enlever les gardes-boues. Tant pis pour les projections en cas de pluie. Les températures sont fraîches à cette latitude (46° Sud): il fait 12°C et le vent souffle assez fort.

Au détour d'un virage je rencontre un couple de Français en 4x4. Ils m'offrent un café chaud et des gâteaux: de quoi me réchauffer pour quelques minutes.


Après deux longues journées j'atteins enfin la carretera austral. Il est temps de remonter plein nord. Le vent souffle toujours du nord-ouest, presque en pleine face. Le soleil ne veut pas se montrer et les averses se succèdent. La piste est couverte de tôle ondulée. C'est loin d'être l'extase ! Je fais de longues journées de pédalage pour essayer de fuir ce temps froid et pluvieux. Quand il ne pleut pas, il fait du vent. Et parfois j'ai droit au deux en même temps. Lorsque je lève la tête je n'aperçois jamais les sommets des montagnes. Je vois juste du gris. Les paysages sont peut être magnifiques mais avec un temps aussi mauvais, il est impossible de les apprécier. Je me languis d'une chose : repasser à l'est en Argentine. Je préfère largement le vent à la pluie gelée. Lorsque la route ou plutôt la piste monte, les températures chutent. Et même si les altitudes ne sont pas très hautes (1200 mètres max), il fait froid. C'est la première fois que j'ai les pieds gelés. J'ai dû me fabriquer des sur-chaussures étanches avec un vieux ciré trouvé au bord de la piste. Eh oui! le bord des routes est une source de matériel inépuisable pour peu qu'on sache bien se débrouiller.

Il faut tout de même positiver: avec cette pluie, les rivières et les petits ruisseaux sont pleins et je ne transporte jamais plus d'un litre d'eau. Pas besoin non plus de se doucher puisque la pluie me "rince" à longueur de journée. La route est parfois goudronnée, ce qui me permet de fuir plus rapidement ☺ Je me ravitaille en pain et fromage dans les petits villages le long de la route. Même si le plaisir de rouler fait défaut, le plaisir de manger est toujours là ! Et puis je croise au moins 5 cyclistes par jour. Ça permet de me changer les idées en prenant le temps de discuter. Même si les premiers sujets tournent toujours autour de la météo et de l'état de la route. Les zones où la route n'est pas goudronnée sont souvent en mauvais état : tôle ondulée ou cailloux et les zones de travaux sont encore pire. Ça ressemble plus à une piste de 4x4 boueuse qu'à une route. Le personnel qui travaille à l'entretien de la route est toujours habillé de la tête au pied avec un ciré. Le sourire n'est pas de mise, signe qu'ils ne sont pas plus satisfaits que moi d'être dans cette Patagonie froide et pluvieuse. Et encore  c'est la fin du printemps! En hiver, les conditions doivent être encore plus difficiles. La vie dans cette région est rude pour tous les habitants. Je leur tire mon chapeau !!!


Je pensais passer 10 jours de plaisir au milieu de paysages grandioses mais ce ne fut en fait: froid, vent et pluie: un cocktail au goût amer.

Mon souvenir le plus marquant durant cette galère: le gaucho avec ses bottes luisantes, son poncho, son chapeau et son cheval trottinant sur une route goudronnée avec une tronçonneuse à la main. Un mélange entre tradition et modernité.

Statistiques

Distance :  907 km
Nb jours : 10
Nb jours de vélo : 10
Nb jours de repos : 0
Etape la plus longue : 125 km
Etape la plus courte :   56 km

Total depuis le début

Distance : 32654 km
Nb jours : 447
Nb jours de vélo : 311
Nb jours de repos : 136
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)



La Suite...