05/02/2017

Patagonie : La carretera austral

2 comments

Perito moreno - Futaleufú ; 10/12/2016 - 19/12/2016
Je quitte Raul et son formidable mini camping. L'accueil et la douceur "dingue" de Raul me fait presque regretter mon départ vers la Carretera Austral au Chili. La construction de la carretera austral a été débutée en 1976 sous la dictature de Pinochet. C'est l'armée chilienne qui a exécuté cette lourde tache. 10000 militaires ont travaillé afin d'établir un lien entre le centre du Chili et la Patagonie chilienne. Beaucoup d'entre eux y ont perdu la vie. La route est longue de 1240 km, de Puerto Montt à O'Higgings. En fait cette route désenclave seulement 100 000 personnes.
J'ai décidé de rejoindre cette route car tous les voyageurs qui l'ont empruntée en sont revenus ravis: paysages magnifiques au milieu des montagnes, cascades, glaciers, fjords, rivières et peu de trafic
Tout semble réuni pour que je passe quelques jours magnifiques à l'ouest des Andes.

De Perito Moreno jusqu'à la carretera austral, la route prend la direction du soleil couchant. En Patagonie, rouler vers l'ouest n'est jamais facile à cause du vent. Heureusement Raul m'a bien nourri et même avec ce fort vent de face mes jambes tournent facilement. Je n'avance pas très vite alors que la route est plate, 10km/h. C'est la dure loi du cycliste qui a choisi de remonter la Patagonie vers le nord. A mesure que je me rapproche du Chili les paysages changent: fini le jaune, le marron et le ciel bleu, place au vert et aux nuages.
Après la frontière chilienne et le village de Chile Chico la route goudronnée s'arrête et la piste qui suit le lac General Carrera, le plus grand du Chili, commence. La piste est bien entretenue à cause de la compagnie minière Cerro Bayo qui exploite les abords du lacs pour en extraire de l'or et de l'argent. Les montées descentes se succèdent mais la difficulté est effacée par les beautés du paysage. La route est parfois creusée dans la roche et le lac affiche un panel de couleur allant du bleu glacier au vert en fonction des rares rayons du soleil.

Les jours suivants, la pluie se met à tomber. La belle piste se transforme en bourbier et je suis obligé de pousser dans les montées. Mes garde-boues font bien leur travail : ils accumulent la boue !!! . Mes roues se bloquent et je suis obligé d'enlever la boue avec un morceau de bois pour pouvoir simplement continuer à avancer ! Je décide d'enlever les gardes-boues. Tant pis pour les projections en cas de pluie. Les températures sont fraîches à cette latitude (46° Sud): il fait 12°C et le vent souffle assez fort.

Au détour d'un virage je rencontre un couple de Français en 4x4. Ils m'offrent un café chaud et des gâteaux: de quoi me réchauffer pour quelques minutes.


Après deux longues journées j'atteins enfin la carretera austral. Il est temps de remonter plein nord. Le vent souffle toujours du nord-ouest, presque en pleine face. Le soleil ne veut pas se montrer et les averses se succèdent. La piste est couverte de tôle ondulée. C'est loin d'être l'extase ! Je fais de longues journées de pédalage pour essayer de fuir ce temps froid et pluvieux. Quand il ne pleut pas, il fait du vent. Et parfois j'ai droit au deux en même temps. Lorsque je lève la tête je n'aperçois jamais les sommets des montagnes. Je vois juste du gris. Les paysages sont peut être magnifiques mais avec un temps aussi mauvais, il est impossible de les apprécier. Je me languis d'une chose : repasser à l'est en Argentine. Je préfère largement le vent à la pluie gelée. Lorsque la route ou plutôt la piste monte, les températures chutent. Et même si les altitudes ne sont pas très hautes (1200 mètres max), il fait froid. C'est la première fois que j'ai les pieds gelés. J'ai dû me fabriquer des sur-chaussures étanches avec un vieux ciré trouvé au bord de la piste. Eh oui! le bord des routes est une source de matériel inépuisable pour peu qu'on sache bien se débrouiller.

Il faut tout de même positiver: avec cette pluie, les rivières et les petits ruisseaux sont pleins et je ne transporte jamais plus d'un litre d'eau. Pas besoin non plus de se doucher puisque la pluie me "rince" à longueur de journée. La route est parfois goudronnée, ce qui me permet de fuir plus rapidement ☺ Je me ravitaille en pain et fromage dans les petits villages le long de la route. Même si le plaisir de rouler fait défaut, le plaisir de manger est toujours là ! Et puis je croise au moins 5 cyclistes par jour. Ça permet de me changer les idées en prenant le temps de discuter. Même si les premiers sujets tournent toujours autour de la météo et de l'état de la route. Les zones où la route n'est pas goudronnée sont souvent en mauvais état : tôle ondulée ou cailloux et les zones de travaux sont encore pire. Ça ressemble plus à une piste de 4x4 boueuse qu'à une route. Le personnel qui travaille à l'entretien de la route est toujours habillé de la tête au pied avec un ciré. Le sourire n'est pas de mise, signe qu'ils ne sont pas plus satisfaits que moi d'être dans cette Patagonie froide et pluvieuse. Et encore  c'est la fin du printemps! En hiver, les conditions doivent être encore plus difficiles. La vie dans cette région est rude pour tous les habitants. Je leur tire mon chapeau !!!


Je pensais passer 10 jours de plaisir au milieu de paysages grandioses mais ce ne fut en fait: froid, vent et pluie: un cocktail au goût amer.

Mon souvenir le plus marquant durant cette galère: le gaucho avec ses bottes luisantes, son poncho, son chapeau et son cheval trottinant sur une route goudronnée avec une tronçonneuse à la main. Un mélange entre tradition et modernité.

Statistiques

Distance :  907 km
Nb jours : 10
Nb jours de vélo : 10
Nb jours de repos : 0
Etape la plus longue : 125 km
Etape la plus courte :   56 km

Total depuis le début

Distance : 32654 km
Nb jours : 447
Nb jours de vélo : 311
Nb jours de repos : 136
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)



2 commentaires :

  1. Malgré vent, pluie et boue, tu tiens toujours le coup. Une telle force de caractère n'est pas surprenante venant de toi, mais quand même, chapeau !

    Je ne sais plus si j'avais déjà écris un commentaire, mais sache que nous te lisons avec plaisir et intérêt avec Laurence.
    Bon courage l'ami :-)

    Aurélien.

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  2. Non je n'avais jamais eu la chance de lire ta plume.
    Biz d'argentine.
    Cyril

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