17/07/2017

Argentine : Abra del Acay - Paso Sico

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01/05/2017 - 17/05/2017 ; Paso San Fransisco - Cafayate - Abra del Acay - Paso Sico

Quel froid !
 La descente du Paso San Francisco Argentin est splendide : des couleurs, des vigognes et de l'asphalte flambant neuf ! Mais ça ne me fait pas oublier le froid qui me pénètre jusqu'aux os. En arrivant au poste de douane argentin, je fais les formalités avec un douanier qui n'a pas envie de travailler et qui parle volontairement trop vite. Il râle et souffle car je le fais répéter. Mais il lui suffirait juste de parler lentement et d'articuler pour que je comprenne.
Après les formalités, je m'assois à l'abri du vent et sort mon déjeuner : pâtes nature cuisinées la veille. Ce n'est pas pour les gourmets, mais ça me redonne des forces. En voyant mon repas un douanier me jette un bout de viande dans ma popote et me dit :
"Ici en Argentine on mange de la viande! Bon appétit".
La manière est un peu brutale mais la générosité est bien là. Je suis de retour en Argentine, ça c'est sûr ! Après m'être réchauffé, je continue la descente. Je ne me lasse pas de ces paysages colorés et je passe toute la descente la tête en l'air à les admirer. La route est parsemée de petits refuges: le coucher du soleil venu, je ne me gêne pas pour m'abriter et y passer la nuit. Deux bancs en béton, une cheminée et une radio pour joindre la gendarmerie. Après avoir écouté un peu de musique, j'entends la gendarmerie à travers la radio murale. Je ne comprends pas grand chose, la liaison est mauvaise. Je ne réponds pas. Dès que la nuit tombe, une voiture de police arrive. Un des policiers me demande pourquoi je n'ai pas répondu à leur appel. Je leur réponds que je ne comprenais rien à ce qu'ils disaient. Ça n'a pas l'air de les choquer puisqu'ils changent de sujet et me posent les questions usuelles :
- d'où tu viens ?
- pourquoi tu voyage en vélo ? ...
Après une bonne demi-heure de blabla ils s'en vont et je m'endors comme un bébé.

Le lendemain après 115km de descente j'arrive à Fiambala, un petit village bien connu des fans du Dakar. 1500m d'altitude, léger vent, soleil et température clémente: le plaisir !
Je squatte un petit camping, mange et me repose en compagnie de Martin un auto-stoppeur argentin. Un repos bien mérité après ces 5 jours dans le froid de la Cordillère.
Pour rejoindre Londres sur la ruta 40 et reprendre ma route vers le nord je décide de suivre la ruta de la cuesta de Zapala. Une route fermée à la circulation à cause des éboulements. Les locaux me disent qu'en vélo ça passe!
Exact, ... mais en poussant. La route n'est plus entretenue depuis des années et ça se voit. Je passe plus de 10km à pousser dans les cailloux. Mais au moins je ne suis pas gêné par l'odeur des pots d'échappement 
Puis c'est le retour sur le goudron de la ruta 40 jusqu'à Cafayate. Sur la route, je rencontre une famille française partie sur les routes d'Amérique du Sud pour sept mois en compagnie de leurs deux enfants. Ils m'invitent à partager un dîner de roi dans leur camping-car​ et déguster un petit génépi pour la digestion : "le petit Jésus en culotte de velours".



Abra del Acay

A Cafayate, j'en profite pour faire un peu de gras avant d'attaquer de nouveau la montagne. Pour l'Argentine les prix sont "corrects". 60-90 pesos (3-5€) la douzaine d'empanadas, 30-50 pesos le sandwich à l'escalope milanaise, ... Je croise pas mal de voyageurs en tout​ genre. C'est l'occasion de partager quelques bières et bouteilles de pinard 

250 km de piste avec vent de face. Voilà mon défi jusqu'à l'Abra de Acay, le plus haut col de la ruta 40, 4995 mètres au dessus du niveau de la mer selon le panneau au sommet. En réalité le point le plus haut est à une altitude de 4972m. On ne va pas chipoter pour quelques dizaines de mètres.
Il me faudra 5 jours pour en venir à bout. Entre temps je croise quelques petits et grands villages (Angastaco, Cachi, La Poma, ...). Les gens sont plus typés "Boliviens". Je retrouve de petits vendeurs de bouffe dans la rue. Un avant gout de Bolivie 

Au dessus de 2500m je mets ma tenue "grand froid": chaussettes étanches, collant, polaire plus coupe-vent, bonnet et une barbe épaisse de trois mois.

Entre les villages, quelques rares petites maisons de berger et des vigognes partout. Je suis toujours impressionné par l'aisance avec laquelle elles escaladent les pentes à plus de 4000m d'altitude. Alors que moi qui pousse mon vélo et suffoque à cause de la route en mauvais état ou très pentue, elles courent tranquillement pour fuir ma présence !
Plus je monte, plus la route est en bon état, mais ça ne m'empêche pas de souffrir ! Au dessus de 4500m d'altitude, le moindre effort est éreintant. De plus, les arpenteurs ont décidé de me rendre la tâche ardue. Sur les 15 derniers kilomètres, je monte plus de 1000 mètres de dénivelé, avec des pentes à plus de 10%. Dur dur !!! Et puis ce put... de vent de face qui ne me lâche pas, m'envoie de la terre dans la gueule et me fait souffrir jusqu'au dernier mètre.
Même dans la descente il m'emmer...

Et la poisse continue, on est dimanche quand j'arrive à San Antonio de Los Cobres. Un village, chef lieu de cette région perdu à 3800m d'altitude. Seules quelques épiceries sont ouvertes et pas très fournies. A part du "dulce de leche", des gâteaux et du pain rassis, il n'y a rien. Les auberges sont trop chères. Je grimpe sur les hauteurs de la ville, où je squatte le cimetière, en grignotant un bout de pain dur ☹. Je n'ai aucune envie de rester ici plus longtemps ! Le lendemain aux aurores, je décolle en direction du Paso Sico. Un col frontière entre l'Argentine et le Chili.




Paso Sico

Sur la route, je rattrape 4 français en vélo:
Coco et Jo de cook&cycle qui ont décidé de partir un an avec comme leitmotiv de faire partager la recette des crêpes aux habitants rencontrés sur les routes d'Amérique du Sud et du Sud-Est asiatique, et puis  Jerem et Mad.
J'avais vu leurs traces dans la descente de l'Abra del Acay. Nous voilà cinq cyclistes français à l'assaut des Andes en direction du Chili. C'est beaucoup plus sympa de rouler en groupe et de discuter. Mais ça ne gomme pas la difficulté de chacun pour avancer! Le vent souffle toujours en pleine face, il fait froid la journée et la nuit est glaciale. Bienvenue dans les Andes en hiver !
Nous avançons lentement au rythme des plus lents.
Heureusement dans ces contrées reculées et rudes, il y a toujours des personnes au grand cœur. A Catua, un petit village, une femme nous invite à déjeuner. Elle vit chichement et pourtant elle nourrit cinq cyclistes affamés et nous offre en plus des biscuits pour la route. MERCI  !!!

Arrivés à la douane en fin d'après-midi, on demande l'hospitalité pour la nuit. Le militaire nous emmène dans un bâtiment adjacent au poste de douane. Chauffage, lits, cuisine et douche, le luxe à 4000m d'altitude. Le vent souffle toute la nuit. On est bien content d'être entre 4 murs. On partage les locaux avec deux techniciens télécoms argentins. Ils nous racontent quelques histoires autour d'un café. On apprend l'histoire du malbec, un cépage français qui s'est bien adapté au climat argentin. Mais aussi, qu'ici en hiver, il fait tellement froid que les bidons de 20 litres d'eau gèlent entièrement à l'intérieur des voitures. Et ils concluent par : "Vous n'avez pas choisi le bon moment" 
Et puis  le lendemain matin, ça se complique: on tombe sur un douanier chilien tatillon qui nous demande des papiers pour les vélos : numéros de série, marque, ... Nous ne les avons pas. A chaque poste frontière une nouvelle tracasserie. Celle-ci plutôt cocasse nous fait perdre plus d'une heure au bureau de douane.
Le douanier en bon fonctionnaire prend tout son temps, juste pour nous faire chier !
Bienvenidos a Chile 




Tout n'est pas si dur

L'humeur lors de mon voyage à vélo dépend beaucoup de la météo et des gens que je rencontre. Mon aventure peut sembler difficile, mais il ne faut pas oublier que j'ai tendance à choisir les routes ou les pistes atypiques. Parmi les cyclistes que je rencontre, je suis un des rares qui ne recule pas devant les difficultés de la haute montagne. La beauté et la diversité des paysages sont mes récompenses.

Ce n'est pas facile tous les jours mais je suis en vacances et je prends quand même un grand  plaisir à atteindre les objectifs que je me suis fixé, même si ça ne se ressent pas toujours dans mes textes !
 Vive les vacances 


Statistiques

Distance :  1173 km
Nb jours : 17
Nb jours de vélo : 14
Nb jours de repos : 3
Etape la plus longue :  117 km
Etape la plus courte :  35 km
Plus haut col : 4995m, Abra del Acay, Argentine

Total depuis le début

Distance : 42240 km
Nb jours : 597
Nb jours de vélo : 408
Nb jours de repos : 189
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 4995m, Abra del Acay, Argentine

Crevaison : 12
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -10°C ( Paso San Francisco, Chili)

2 commentaires :

  1. Ca a l'air bizarre comme bestiole la Vigogne ^_^
    A voir les photos avec ce ciel bleu et ce soleil on a du mal à imaginer que ça caille autant =)
    Cuidate Amigo

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  2. L'air est frais à 4000m. Mais c'est le vent qui te gèle !!! Surtout quand il est de face et qu'il souffle toute la journée

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