14/02/2017

Patagonie : au rythme argentin

4 comments

Futaleufu - San Martin de los Andes ; 20/12/2016 - 06/01/2017
Je quitte le camping de Futaleufu direction l'Argentine. Je veux passer à l'est des Andes, là ou le temps est sec et venteux.
Je pars sous la pluie et après le passage obligé par la douane chilienne, la route se transforme en piste caillouteuse. Peu m'importe, je suis en Argentine et la pluie a cessé. Devant moi un grand ciel bleu, derrière des nuages. Ça me redonne le sourire !
Je passe ma première nuit au sec depuis 10 jours. Le deuxième jour à la sortie d'Eskel, je retrouve le vent patagonien qui souffle dans mon dos d'une telle force que je roule à 32km/h sans pédaler ☺. Ca ne dure que 5 km. Ensuite la route reprend la direction du nord avec un vent de face. Quelques kilomètres plus loin, j'aperçois deux cyclistes qui se reposent. Jorge et Ariel, deux argentins qui parcourent la Patagonie pendant leur mois de vacances. Ils vont dans la même direction que moi. On repart ensemble direction le "vent de face". Les paysages ressemblent vraiment à ceux que j'ai vus lors de mon précédent passage sur la ruta 40 entre El Calafate et Perito Moreno. Immense vallée sans arbre, seul quelques touffes d'herbes jaunies par le soleil et le vent réussissent à pousser. Je ne me lasse pas de cette immensité. Même si le vent souffle assez fort, la beauté du paysage efface la difficulté. Avec Jorge et Ariel le courant passe bien. On décide de poursuivre notre route ensemble. Le rythme est bien moins soutenu qu'à mon habitude. Mais j'apprécie la compagnie de ces deux argentins. Même si mon espagnol est toujours aussi mauvais on arrive à échanger. Jorge parle un peu anglais. Avec ces deux langues on peut presque discuter politique !
On roule entre 3 et 5h par jour, entre 50 et 70km. Les journées suivent un rythme bien précis. Au petit matin à 9h on commence par un bon maté bien chaud et on attend que le soleil sorte pour nous réchauffer. Ensuite entre dix et onze heures on se met à pédaler. A mi-parcours, on s'arrête pour un petit goûter. Puis on reprend la route avant de trouver un endroit pour la nuit. On monte la tente, on boit du maté, on mange un bon repas chaud : pâtes ou polenta avec du fromage. Et au dodo !!
La route n'est pas montagneuse mais c'est toujours un peu vallonné. On alterne entre 600 et 1000 mètres d'altitude. Après 3 jours de route commune, le 23/12/2016 on s'arrête à El Bolson. Au camping de la Brasserie


Les argentins aiment la viande. Ce n'est pas une légende. Tous les gens du camping font griller de la viande. Et on fait de même : 3kg de bœuf pour trois. Le tout arrosé de bières locales et de vins rouges argentins. Une bonne entrée en matière avant Noël. Ici c'est l'été et pour fêter la naissance de Jésus on mange de la viande grillée. Et puisqu'on est en Patagonie et que leur agneau est fameux dans le monde entier,  Ariel et Jorge cuisinent pour le repas de Noël, un demi-agneau (5kg) et des légumes au four à bois, sans oublier le vin rouge pour accompagner la viande. Un régal, je mange jusqu'à exploser. Ca fait tellement longtemps que je n'avais pas mangé de viande ! Ils me font également goûter l'oeuf battu cuit dans un demi-poivron: vraiment bon. Comme dit Jorge : "avec nous c'est un court intensif d'argentin"
Le ventre et la tête lourde on repart vers le nord. Les paysages changent à mesure que l'on se rapproche de la région des sept lacs (Siete Lagos), ça devient beaucoup plus vert. A San Carlos de Bariloche on s'arrête dans un camping. Le gérant a la gentillesse d'ouvrir spécialement pour nous. L'ouverture officielle n'est prévue que le lendemain. La ville réputée pour son chocolat n'a rien d'extraordinaire. Le bord du lac est joli mais la cité en elle-même est quelconque. Comme dans la plupart des villes argentines que j'ai traversées les rues sont en mauvais état. Beaucoup de devantures de boutiques sont décrépies. Ce n'est pas sale mais c'est loin d'être neuf. Le temps a fait des "ravages". Avec le traditionnel asado (bbq), on achète du chocolat: 680 pesos le kg (40€). Ça fait mal au portfeuille mais il est très bon. Et puis au moins c'est du chocolat noir, contrairement aux supermarchés qui vendent presque exclusivement du chocolat au lait.

La route des septs lacs est magnifique. Elle longe ces grandes étendues d'eau. La vue est splendide. Le temps est clément, il fait 20°C au soleil. Pas de pluie, quel plaisir ! A Villa la Angostura, on s'arrête pour fêter le nouvel an. L'avant veille on se met en jambe avec un "pollo al disco" (poulet au disque). La recette est simple mais excellente : poulet, légumes, vin blanc et épices, le tout cuit dans un grand disque en fonte posé sur le feu.
Les argentins sont connus pour aimer faire la fête. Idée reçue vérifiée pour le jour de l'an: grillades, musique, karaoké, bières et vins, sans oublier le spécial : Fernet-cola, un "cocktail" à base de fernet branca, un alcool amer et de coca cola. Plutôt pas mal, mais le lendemain la tête s'en souvient !
Comme après chaque arrêt dans un camping, je repars "fatigué" (trop d'alcool). On décide de quitter la belle route goudronnée pour suivre une piste qui va en direction de Villa Traful. La piste, à certains endroits est vraiment pentue. Jorge et Ariel tirent la langue ☹ et moi aussi. L'état de la piste est variable, tantôt très bonne, tantôt très caillouteuse. A Villa Traful on rejoint Fredirico, un ami de Jorge et Ariel. Nous voilà quatre sur la route. Plus on est de fous plus on rit ! La piste continue vers le col paso cordoba. Une montée bien raide mais au sommet ou plutôt au col la vue est magique. Le vent soufflant fort, à la tombée de la nuit on demande l'hospitalité au gardien d'un entrepôt du service d'entretien des routes (la DDE argentine). Il vit tout seul, dans une petite maison au milieu de nulle part. Comme souvent, il accepte notre requête sans hésiter. Il nous installe dans l'entrepôt, près du poêle à bois entre un engin et un tas de bûches. On le fait ronronner sans hésiter. Le vent à l'extérieur souffle vraiment très fort, le toit en tôle se soulève à chaque rafale. Mais il tient le coup. La chaleur du poêle est la bienvenue. On passe une nuit trois étoiles avec un bon maté bien chaud et un énorme plat de polenta au fromage. Il en faut peu pour satisfaire des cyclistes affamés.


Avant d'arriver dans la ville de San Martin de Los Andes, on passe un col à 1000 m. La montée n'est pas très difficile mais dans la descente la pluie fait son apparition, la température chute d'un coup. Elle passe de 15°C à 5°C. On se gèle toute la descente. Mes vêtements de pluie sont bien rangés au fond du sac. J'avais perdu l'habitude de les utiliser ces 15 derniers jours. La Patagonie nous rappelle que le temps peut y être imprévisible ! En bas de la descente, à San Martin de Los Andes on s'arrête dans un camping et la douche chaude  nous réchauffe le corps et le cœur.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Après deux dernières soirées bien arrosées. On se dit au revoir. Je prends la route du Chili vers l'ouest pour rejoindre mes parents à Santiago du Chili. Jorge, Ariel et Frederico restent en Argentine et continuent par la route 40 vers l'est.
J'ai adoré ces 15 jours en leur compagnie : "Muchas gracias amigos"

Statistiques

Distance : 734 km
Nb jours : 18
Nb jours de vélo : 12
Nb jours de repos : 6
Etape la plus longue : 75 km
Etape la plus courte :  30 km

Total depuis le début

Distance : 33388 km
Nb jours : 465
Nb jours de vélo : 323
Nb jours de repos : 142
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)




4 commentaires :

  1. Y'a du lag sur le réseau... mais que font les admin sys ? Un billet du 6 janvier qui arrive le 14 février. 5 semaines pour traverser la l'Atlantique. C'est vrai que la quantité de viande fait un peu peur. Tu as donc mangé ton poids en viande ?

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  2. Tu ne peux même pas imaginer la lenteur du réseau en Patagonie. Au mieux je ping à 500ms :(
    Et puis il faut dire que j'ai repris le rythme du sud. Pas trop vite le matin et doucement l'après midi.
    Si on accumule la quantité de bière et de viandes j'ai largement dépassé mon poids !!!

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  3. Hey Cyril !

    Bon fait gaffe de pas t'envoler hein... heureusement que tu peux manger en quantité quand tu as besoin de te lester ;-)
    En voyant ce genre de grillades, on se languit de la saison des barbeucs ici, même si on fait petit joueur a côté du demi agneau que vous vous êtes enfilé!
    On a hâte de pouvoir en partager à nouveau un avec toi :)
    D'ici là continue de kiffer et prends bien soin de toi (vu les photos, on se fait pas trop de souci..)

    Des biz, et dis nous si des fois tu te fais héberger chez Flo (bah oui, Florent Pagny n'a pas une baraque ds le coin?)
    A très vite au détour d'un commentaire

    Rémi

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  4. Florent pagny était bien caché, j'ai juste aperçu ses moutons ;)
    J'espère que toute ta petite famille se porte bien.
    Je suis en plein milieu de l'Argentine. Il fait 40°C.
    Biz

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