05/05/2017

Argentine : el paso Agua Negra, 4753m d'altitude

Leave a Comment

10/04/2017 - 19/04/2017 ; Adelia Maria - San Juan - Paso Agua Negra.

Je quitte la famille Carletti qui m'a encore accueilli les bras ouverts : merci infiniment . Sur la route je m'arrête dans la petite école rurale où Paola enseigne. J'arrive à aligner 3 mots d'espagnol sans trop d'erreur. J'improvise un petit cours de géographie aux enfants en leur présentant mon parcours. La majorité des gamins sont issus de communautés rurales ou de fermes éloignées. Certains font même des kilomètres à cheval pour venir à l'école. Une photo de "classe" et je repars.
Je vais en direction de San Juan et de la Cordillère des Andes. Je reprends en sens inverse la même route par laquelle je suis arrivé il y a deux mois à Adelia Maria. Je passe faire un petit coucou à Daniel, le propriétaire d'une épicerie dans le village de Bulnes. Tout étonné de me revoir ! Séances photos et c'est reparti. Je traverse des champs, rien de magique, surtout avec le vent de face
Mais quand j'aperçois les premières montagnes aux alentours de la Toma le sourire revient. Plus de deux mois de longues et plates lignes droites à travers champs. Quelques montées-descentes ça va faire du bien.

J'arrive à San Juan le 15 avril 2017 chez Santiago et sa copine, un couple argentin travaillant à l'université qui m'accueille pour deux nuits. Au menu : grillades, bières, vins, crêpes et empanadas. Un moment super sympa pour fêter mes 40000km !  Rempli d'énergie je me mets en selle direction la Cordillère pour entamer mon second tour de la planète.

Les choses sérieuses "recommencent". Les Andes et les grands sommets se rapprochent. Je suis excité comme un gamin à Noël ! Il ne pleut presque jamais par ici, sauf quand je passe. Après une première nuit humide, au petit matin il pleut toujours. Je suis à 1600 mètre d'altitude et il fait 10°C. Je plie mes affaires et j'attaque la montée. Je dois franchir un col à 2600m. Ça monte progressivement mais cette pluie gâche un peu le plaisir de grimper. En haut du col j'ai même droit à de la grêle Mais quelques kilomètres plus loin le ciel s'éclaircit et je profite pleinement de la descente sous le soleil: 20km à plus de 60km/h, c'est le pied !!!



Paso Agua Negra

A 14h, j'arrive devant le poste frontière argentin. Et là, c'est la douche froide . Le col Agua Negra à 4753m qui doit me mener au Chili à travers la Cordillère est fermé à cause d'une tempête de neige. Pourtant les prévisions météo étaient optimistes. Á cette altitude le temps change très vite et très souvent. Le douanier me dit qu'il ne rouvrira pas avant le lendemain ou plus, suivant la quantité de neige tombée. Je suis bloqué au pied des Andes par le mauvais temps. Je passe la nuit en face de la gendarmerie dans le petit village de Las Flores tout en espérant que le col ouvrira le plus tôt possible.
Le lendemain vers 10h, il y a une file de plusieurs voitures bloquées devant le poste frontière. Le col semble toujours fermé. Alors que je m'approche du guichet, le douanier me dit que c'est bon: je peux passer. Le col ouvre à l'instant. Les conditions sont bonnes. Je fais tamponner mon passeport et je pédale en direction du col. Une montée continue de 91km pour 3000m de dénivelé positif. De longues heures de vélo.

Pas un nuage, ciel bleu, léger vent de dos. Les conditions sont parfaites. Les sommets devant moi sont enneigés. Le paysage est magnifique. Ça monte progressivement, pas de pourcentage excessif. Au détour d'un virage, des hommes sur un chantier m'interpellent. Ils partagent leur repas de midi avec moi : pain et charcuterie. Un régal. Le ventre plein, je continue la montée tranquille. Après 58km, la route se transforme en piste. Le goudron fait place à la terre. Il est 16h30, mes jambes sont fatiguées. Je décide de m'arrêter là pour aujourd'hui. Je suis sur un grand plateau avec quelques monticules pour me protéger du vent. C'est parfait. J'espère passer une nuit 3 étoiles à 3700m d'altitude.

J'installe ma tente et je m'allonge. Une heure plus tard, je commence à avoir mal à la tête, puis vers 23h ça s'aggrave. J'ai mal à la tête, mes bras et mes jambes sont tétanisés. C'est le mal aigu des montagnes, impossible de dormir, la douleur est trop vive. Vers 4h du matin enfin je m'endors. À 7h30  je suis réveillé par le vent qui souffle, ou plutôt par le bruit du  sable qui est projeté sur ma tente. Je range mes affaires en urgence et je pars affronter la dernière partie du col. Le vent souffle extrêmement fort. Impossible de rester sur le vélo. Je pousse ! Puis la tempête se déchaîne: des tornades de sable s'abattent sur moi. J'ai du mal à tenir debout. Le sable me fouette si fort que j'ai l'impression de recevoir en permanence une volée de plomb ! Au bout de 2km de combat, j'abandonne et je fais demi-tour. Trop dangereux. Je m'abrite dans une cabane de chantier de 3m² que j'avais repéré la veille. C'est démentiel, la montagne est féroce ! Je patiente 45min en espérant que la cabane résiste. Puis la tempête se calme. Le vent souffle toujours fort mais sans bourrasques. Je repars. Je n'ai presque pas dormi de la nuit à cause du mal d'altitude et au matin je dois lutter contre une tempête de sable. La journée s'annonce rude.

A certains endroits le vent est si fort que je descends de vélo pour pousser, impossible de pédaler. Mais le décor est magique, splendide, j'en prends plein les yeux. Au dessus de 4500m, je souffre physiquement. La piste est mauvaise, le vent souffle fort : putain je subis !!! Je mets plus de 15 minutes pour faire les 500 derniers mètres (moyenne 2 km/h !). Je n'ai plus de forces, plus de jambes et encore moins de mental. Tous les 50 mètres je m'arrête pour reprendre mon souffle. Le vent me fouette en pleine face. La montagne et les éléments se sont coalisés contre moi.
Mais je ne compte pas abandonner si près du but et j'arrive en haut du col à 15h03 après 5h et 33km de combat. Au sommet rien ! Un replat désertique et caillouteux où trône un portique signalant le point le plus haut. Quelques photos pour le souvenir et j'attaque la descente. Je suis au Chili mais la douane est à plus de 80km. Ouf ! Ça descend.



Malgré le fort vent de face, je file à plus de 40km/h sur de la piste ! La pente est très forte. Je passe la nuit à 3800m mais cette fois-ci​ plus de mal d'altitude. Juste un léger mal de tête. Je suis tellement fatigué, que ce soir là, je n'ai pas la force de manger. A 18h je m'endors alors qu'il fait encore jour. Je dors profondément jusqu'à 7h30 du matin. Au réveil il fait -3°C et je dois plier mes affaires pour rejoindre le poste de douane. Ça descend encore, c'est facile mais avec le froid, je me gèle !  Le côté chilien est très encaissé, le soleil n'atteint pas encore la route en ce début de matinée. Le paysage est superbe au milieu de ces pics à plus de 5500m d'altitude.
Vers midi j'arrive à la douane. Je suis à 2400m d'altitude, le soleil et la chaleur sont de retour. Il me reste encore 200km de descente jusqu'à La Serena et l'Océan Pacifique

Statistiques

Distance :  1069 km
Nb jours : 10
Nb jours de vélo : 9
Nb jours de repos : 1
Etape la plus longue : 150 km
Etape la plus courte :  58 km
Plus haut col : 4753m, paso Agua Negra, Argentine-Chili
Crevaison : 1


Total depuis le début

Distance : 40330 km
Nb jours : 569
Nb jours de vélo : 384
Nb jours de repos : 185
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 4753 m (paso Agua Negra, Argentine-Chile)
Crevaison : 12
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)



0 comments :

Enregistrer un commentaire