21/04/2017

Argentine, Uruguay, Brésil, Paraguay : 3000km et 4 pays

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10/03/2017 - 09/04/2017

Uruguay

Assis dans la benne d'un pick-up, avec Yohan, on traverse le pont (Gualeguaychú - Fray Bentos ) qui sépare l'Argentine de l'Uruguay, le second plus petit pays d'Amérique du Sud avec ses 3.8 millions d'habitants. Nos chauffeurs, un couple de médecins Argentins nous aident à décharger nos vélos.
Les formalités sont simples pour rentrer en Uruguay, un tampon pour 3 mois. Les douaniers sont en train de jouer sur leur téléphone quand on entre dans le bureau. On les interpelle d'un "buenos días" pour qu'ils veuillent bien se déplacer jusqu'au comptoir. Ils nous regardent et il leur faut plusieurs dizaines de secondes pour qu'ils viennent nonchalamment faire leur travail. On voit bien qu'on les dérange !
Comme au Chili, on ne peut pas rentrer avec des fruits, des légumes, de la viande, du miel, ... Mais pas de contrôle: ouf, j'ai de la charcuterie dans mes paniers . Le changement avec l'Argentine n'est pas frappant mais la route est en meilleur état, il y a une bande d'arrêt d'urgence et l'herbe sur les cotés est coupée à ras. Et surtout il fait plus chaud ! En traversant une rivière, le rio Uruguay, on a pris +5°C. Coté argentin, la route est plate alors qu'en Uruguay c'est bien vallonné. Les champs de maïs et de soja ont fait place aux champs de maté. Ici la plupart des gens se baladent avec le thermo et la tasse à maté. C'est impressionnant, même les autostoppeurs boivent le maté !

L'Argentine est un pays cher mais l'Uruguay l'est encore plus. Seuls les fruits et légumes sont moins chers. De toute façon on n'a pas l'intention de s'éterniser en Uruguay: deux à trois jours en suivant la frontière avec l'Argentine puis le Brésil. On traverse des petits villages, les villes de Paysandú et Salto.
Puis je quitte Yohan qui repart vers l'Argentine et je continue ma route vers le nord par la ruta 3. Des champs et de grandes lignes droites, et aussi des araignées, presque aussi grosses que des mygales. Sur la route et dans les champs elles sont partout. Mais elles ne sont pas agressives ! Et ma tente ferme entièrement, je dors sur mes deux oreilles ☺. Tout au nord, proche de Bella Union, je me sens déjà au Brésil. Il y a des champs de canne à sucre partout, les gens parlent portugais et le soleil brûle.

Je fais tamponner mon passeport pour sortir de l'Uruguay.
 Quand je demande:
- où est la douane brésilienne?
 On me répond :
- dans la prochaine ville à 80 km !
Le village en amont de la rivière ne possède pas de douane. Je lui fais répéter pour être sur et elle me répond la même chose.


Brésil

Cette fois ci, je traverse le pont en vélo. Personne pour me l'interdire ! Côté brésilien, dans le village de Bara do Quaraí, à mon grand étonnement il y a un poste de douane. Mais c'est réservé aux camions. Enfin c'est ce que je comprends car le douanier parle portugais avec un accent chantant. Me voilà au Brésil "sans papier", mais comme un "migrant volontaire". On lit dans les guides, le routard, le lonely planet, que le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire à l'entrée par voie terrestre sur le territoire brésilien. En France, en 2015, j'avais spécialement fait le vaccin pour ce cas là. Mais il faut croire qu'à cette frontière tout le monde s'en fout.

Des champs, des barbelés et beaucoup de camions, voilà le Brésil tel que je le vois. Rien d'extraordinaire. Au bord de la route, assis avec une assiette entre les mains, je rencontre un cycliste du Salvador. Il a une remorque pleine à craquer ! Un mono cycle, des balles, des massues, .... Il a une vingtaine d'années et a fuit le Salvador où la vie est difficile. Il voyage depuis plusieurs années et vit de ses talents d'artiste de rue. Toute sa vie est sur son vélo. Et ce gars là qui n'a rien, m'offre le peu qu'il a. Il veut partager son assiette, me propose des graines de tournesols, ... Je décline et je lui propose de lui donner ma nourriture mais il refuse. On partage un maté et je lui fais mes adieux.
Ces rencontres me touchent toujours énormement et je me sais TRES chanceux de voyager pour le plaisir ! Plus je voyage et plus je me rends compte qu'en France, en Europe nous sommes des privilégiés. La nuit venue, je galère à trouver un endroit pour planter ma tente. Barbelés, fermes, ... pas un endroit tranquille pour ma toile ! Et des moustiques partout. Le sud du Brésil ce n'est pas le top. Je décide le lendemain de repasser en Argentine. Le paysage est le même mais au moins je peux trouver plus facilement un endroit au calme pour la nuit. Deux jours au Brésil et je m'en vais !

Argentine

Je traverse le rio Uruguay de nouveau. Sur le pont il y a des panneaux interdisant le passage des vélos et des piétons. Mais côté brésilien, pas de militaires pour m'empêcher de passer . Quand j'arrive en Argentine, un agent des douanes me fait signe. Je m'approche et il me dit qu'il est interdit de traverser le pont en vélo. Je lui réponds que je ne vais pas faire demi-tour. Il est embarrassé et ne sait pas quoi faire. Son chef arrive et me répète la même chose. Je ne réponds rien et après quelques minutes il me dit, embarrassé, que je peux aller faire tamponner mon passeport ! Mais pour me faire "chier" ils vérifient tous mes bagages aux rayons X. Et ils sont tellement incompétents qu'ils ne savent même pas lire les résultats sur l'écran.
Ils me demandent à chaque bagage :
- qu'est que c'est ça ?
- et ça ? ...
Je perds 1 heure.
Pu... de douane !
Je suis en Argentine et content d'y être. Les Argentins sont un peuple accueillant et ils me le "rappellent" dès mon arrivé dans la ville de Paso de los Libres. Je m'arrête pour déjeuner sur la place centrale ou le wifi est gratuit. On vient me parler, partager un maté, ...
Je traverse la région de Corrientes et celle de Misiones. Cette dernière, est la "terre du maté". Des champs partout: verts, alignés au cordeau, du travail de "pro". C'est magnifique. Et tout ça sans barbelés. J'en profite pour m'approcher, toucher et sentir cette plante que j'apprécie tant. Soit ce n'est pas la saison, soit les feuilles nécessitent de sécher pour révéler leurs arômes car je ne sens absolument rien, juste l'odeur et le gout du "vert".

Proche de Posadas et du Paraguay je rencontre Rafael. Un cycliste voyageur accompagné de son chien. Pour ne pas changer on partage un maté et je l'écoute. Il aime parler et pendant 30min je ne peux pas en placer une .
Je voulais visiter les chutes d'Iguazu au Nord mais le "temps" me manque, car je veux retourner au Chili par un col à 4800 mètres ( el paso Agua Negra) et si je tarde trop, le froid, la neige vont arriver et le col sera fermé jusqu'à l'été prochain ! Je décide donc de zapper les chutes d'Iguazu mais de me rendre quand même au Paraguay, ce pays que très peu de touristes visitent.
Et de nouveau je dois traverser un pont mais cette fois-ci je me trouve côté argentin. Et les douaniers m'interdisent de passer en vélo. Toujours pour les même raisons : c'est dangereux il n'y a pas de bande d'arrêt d'urgence. Mais c'est pareil sur toutes les routes en Argentine ! Je suis obligé de prendre le train (35 pesos, 2€) pour traverser le rio Paraná.


Paraguay

Changement drastique d'atmosphère quand je mets les pieds au Paraguay dans la ville d'Encarnacion. Il y a des boutiques partout, des vendeurs de rue, ... L'importation de marchandises étrangères en Argentine est très contrôlée et fortement taxée ! Du coup les frontaliers se rendent au Paraguay pour faire leurs achats. Dans les magasins on peut payer en Guarani ou en pesos argentins.
Les jours précédents il a beaucoup plu et cette terre rouge et collante a fini par pénétrer partout. Je roule, ou plutôt sur certaines portions de piste, je pousse, je tire, je traîne, je soulève mon vélo pour avancer. Je suis aussi sale que mon vélo. J'ai besoin d'une bonne douche et de laver mes affaires. Je m'arrête dans une auberge de jeunesse, 60000 Guarani (10€). Le Paraguay est un pays "bon marché". Je peux me faire plaisir sans me ruiner ☺.
Je retrouve Yohan le cycliste allemand qui m'avait accompagné au nord de Buenos Aires et en Uruguay. On partage quelques bières et je repars en solo direction la capitale Asuncion.
Cette région du Paraguay possède quelques sites historiques. En effet, les jésuites sont venus au XVIIème siècle s'installer avant d'être chassés  par les Portugais. C'est toujours intéressant de connaître l'histoire d'un pays et de visiter ce qu'il en reste. Mais cette fois-ci je passe mon tour. Je n'ai jamais été fan de religion, et encore moins de l'asservissement des peuples par ses missionnaires associés aux colonisateurs .

Il faisait déjà chaud en Uruguay et en Argentine mais là mon thermomètre affiche plus de 40°C. Ajouté à l'humidité ça devient épuisant. Je bois plus de 6 litres par jour. Avec cette chaleur je n'ai pas beaucoup d'appétit. Le seul vrai repas que je fais est le petit déjeuner. Je me gave de chipa, ces petits pains à la farine de manioc fourrés au fromage. Ça ne coûte rien, de 0.25 à 1€ suivant la taille. Mais ça cale bien ! J'en profite aussi pour me remplir l'estomac de fruits. Comme en Asie dans les petits villages, les fruits se payent à l'unité et non au poids.
 La route est légèrement vallonnée et il y a une bande d'arrêt d'urgence. Mais les autorités ont eu la mauvaise idée de jalonner la route de ralentisseurs tous les 50 mètres pour éviter que les conducteurs utilisent cette bande comme voie de circulation. Les ralentisseurs font la largeur de la bande d'arrêt d'urgence et je suis obligé de revenir sur la route pour les éviter. La technocratie  n'a pas de frontière! Il n'y a pas beaucoup de trafic mais c'est tout de même dangereux. A droite et à gauche de la route il y a des champs de maïs, de soja ou des pâturages à perte de vue. La grande majorité des animaux qui pâturent sont des zébus.

Le Paraguay est un petit pays de 7 millions d'habitants qui n'a pas d'accès à la mer. Il est bien plus pauvre que ses voisins mais la générosité est tout aussi grande. Un midi, j'achète une chipa pour le déjeuner dans une boulangerie. Je demande si je peux remplir mes bouteilles d'eau. La gérante me répond que l'eau courante est coupée . Le prochain village est à 50km et je n'ai plus d'eau. Mais avec cette chaleur j'ai vraiment besoin de boire. Elle m'offre généreusement une boutelle d'eau minérale de 2L . Parfois je me demande si les gens n'ont pas de la pitié pour moi : mes chaussures sont trouées, mon t-shirt est décoloré, mon short est rapé et je suis brûlé par le soleil. Mais c'est un choix, j'ai largement les moyens de changer, mais mon côté "écolo" me l'interdit. J'utiliserai mes vêtements jusqu'à l'usure complète !

J'arrive à Asuncion le 20 mars 2017, hébergé chez Hector et sa famille. En sa compagnie je nettoie mon vélo. Hélas il a la mauvaise idée de démonter mes moyeux et de changer la graisse. Il a l'habitude de le faire mais cette fois-ci, il se manque. Le lendemain en Argentine, après avoir traversé la frontière, mon moyeu avant s'ouvre. De la graisse sort et il prend du jeu. Je reviens au Paraguay pour essayer de régler mon problème mais le mal est fait. Je cherche désespérément à changer mes moyeux mais c'est mission impossible. Il n'y a que du matériel "chinois" ou du Shimano bas de gamme . La chance m'a abandonné au Paraguay, je fuis !


Argentine

En Argentine, je visite tous les magasins de vélo dans les villes de Formosa et Resistencia : rien de qualité ! Un vain marathon. Heureusement, Paola m'aide. Elle téléphone partout et trouve des moyeux Shimano Deore à Rio Cuarto, à 1000km de ma position actuelle. C'est pas du XT ou SLX mais mieux que du "made in China". Je vérifie l'état des moyeux à chaque arrêt.  Je suis inquiet et il me tarde de changer mes moyeux. En six jours j'avale les 1000km. Je passe mes journées à rouler, entre 8 et 9 heures de selle et mes nuits à récupérer.
Je fais changer mes moyeux dans un petit cycle. L'atelier ne paie pas de mine. Ramon, le gérant est super sympa et en quelques heures j'ai de nouveau des roues capables d'avaler les kilomètres ! Sa mère en me voyant appelle la TV locale (canal 13 rio cuarto). Quelques minutes d'interview et je passe dans le journal télévisé local du soir. Les argentins adorent les potins locaux diffusés sur la télévision locale. Le lendemain sur la route, les gens m'interpellent en me demandant si je suis "el loco de francés" (le fou de français) qui est passé à la télé la veille.

Je suis de nouveau chez la famille Carletti. Impossible de ne pas leur faire un petit coucou sachant que j'étais tout proche. Je répare les petits trous d'usure dans le sol de ma tente et de mes sacoches. Mon matériel commence à être bien usé .

Statistiques

Distance :  2842 km
Nb jours : 31
Nb jours de vélo : 23
Nb jours de repos : 8
Etape la plus longue : 237 m
Etape la plus courte :  26 km

Total depuis le début

Distance : 39399 km
Nb jours : 559
Nb jours de vélo : 375
Nb jours de repos : 184
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 3832 m (paso Los Libertadores, Argentine-Chile)
Crevaison : 11
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -8°C ( Australie)










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