14/09/2017

Bolivie : un pays haut en couleurs

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04/06/2017 - 30/06/2017  Ollague - Uyuni - Potosí - Sucre - La Paz - Copacabana

Après notre échec de l'ascension du volcan Aucanquilcha retour à Ollague, une ville poussiéreuse mais avec du wifi gratuit presque rapide .
Je passe  la douane chilienne avec Jo et Coline, en attendant que la douane bolivienne ouvre. Entre midi et 14h30, c'est fermé. A l'ouverture le douanier nous tamponne notre passeport pour 30 jours, alors que normalement c'est 90 jours . Discussion inutile ! 30 jours, c'est largement suffisant pour traverser la Bolivie.

10 millions d'habitants, une superficie deux fois supérieure à la France. Une géographique variée : Cordillère des Andes, Altiplano, Amazonie. C'est sûrement le pays le plus "authentique" d'Amérique du Sud avec toutes ses couleurs et l'ampleur de ses fêtes où se mêle la culture Inca et chrétienne. La population est multiethnique. L'état reconnaît 37 langues officielles bien que l'espagnol, le quechua et l'aymara soient les plus répandues.
Mais c'est aussi un des pays les plus pauvres malgré ses grandes réserves naturelles de lithium, d'argent et d'étain. Ses principales activités économiques sont: l'agriculture, la sylviculture, la pêche et les mines,...

 Le vent ne s'est pas arrêté à la frontière: il souffle en permanence, il fait toujours aussi froid  . Il ne faut pas oublier que  l'on est à 3700m d'altitude où le soleil sur cet altiplano fait plus office de lumière que de  source de chaleur  On traverse notre premier salar près du village abandonné de Chiguana. Il n'est pas blanc neige comme celui d'Uyuni mais aussi plat. Avec le vent de dos, on se régale. Notre première nuit bolivienne, se passe dans une ancienne gare abandonnée près d'une caserne militaire érigée à côté du village abandonné de Chiguana.

Les guides touristiques annoncent la Bolivie, comme le pays des manifestations et des fêtes. En arrivant à San Juan on assiste à une reconstitution de la révolution française. Décors, costumes, prise de la Bastille, ... tout y est: exotique et grandiose ! On assiste au spectacle en dégustant des salteñas à 5 Bol (0.6€). L'empanada façon bolivienne avec des patates et des légumes est végétarienne, ici la viande est un luxe. On passe la nuit dans un hôtel dont les murs et le sol sont fait de briques de sel. Joli et original, un hôtel de charme.
Le temps est changeant. On ralentit notre allure afin d'arriver au Salar d'Uyuni avec un grand ciel bleu pour profiter de ce décor unique au monde. A quelques kilomètres au sud du Salar d'Uyuni, on s'arrête à Colcha K dans une petite auberge à 25Bol (3€) la nuit. La vieille dame qui tient ce petit commerce est adorable. On l'observe enveloppée dans son plaid en train de tisser un tapis traditionnel, tout en discutant avec elle.





A pas de fourmis on arrive au sud du Salar d'Uyuni avec un grand ciel bleu et pas de vent. 3650m d'altitude, 10540 m², c'est le plus grand lac de sel au monde mais également la plus grande réserve de lithium.
Le paysage est surréaliste, un tapis blanc à perte de vue: magnifique ! C'est la saison sèche, le sol est dur comme du béton. En suivant la piste des 4x4 qui mène à l'île Incahuasi on a l'impression d'être sur du bitume. Par contre dès que l'on s'écarte de la trace, les fragiles alvéoles de sel se craquellent et rendent l'avancée plus difficile.
L'ile Incahuasi se trouve en plein milieu du salar. Plantée de cactus autour d'un restaurant, elle est le passage obligé de tous les touristes. En arrivant avec Jo et Coline, on rencontre cinq autres cyclistes: un couple de néerlandais, deux jeunes français et un ukrainien. On installe nos tentes à même le salar. La nuit est très fraîche -9°C. Au petit matin on attend patiemment que le soleil sorte pour nous réchauffer un peu. En sortant du salar direction la ville d'Uyuni on quitte la piste de 4x4 pour filer directement. Erreur !!! Les bords du salar sont gorgés d'eau. On galère à pédaler. Le sel se colle partout: pire que de la boue. Enfin on arrive sur un mélange sel-sable. Impossible de rester sur le vélo, le sol est trop mou, il faut pousser. Nous arriverons de nuit exténué à Uyuni .

Tous les cyclistes que nous avons rencontrés nous ont dit que la ville d'Uyuni est moche et ennuyeuse. Pour nous ce fut différent. On est samedi soir, la ville vit. On goûte notre premier steak de lama au barbecue. Bon mais nerveux. Celui-là au moins n'a pas été élevé dans une cage; il a couru dans les montagnes . Le lendemain, dimanche, c'est jour de marché.  On trouve de tout: fruits, légumes, vêtements, ... 99% des petits stands sont tenus par des femmes.  Assises par terre ou sur de petites chaises, emmitouflées sous plusieurs couches de vêtements colorés, portant le chapeau traditionnel andins, elles étalent leurs marchandises sur le sol. Le marché est calme, pas d'éclats de voix, tout se négocie en douceur. Mais ce que recherche le cycliste est plus consistant. Entourées de leur gazinière et de leurs marmites, les boliviennes proposent des plats simples et pas chers. Poulet-pâtes, poulet-riz, tripes-patate, ... à 5Bol (0.6€). Assis sur un banc, en face de la responsable du marché on déguste nos premiers plats boliviens. C'est nourrissant, mais ça manque sérieusement de goût. Pas de sauce ni d'épices. C'est riz blanc dans tous les plats!

Sur la route qui nous mène à Potosi, Coline tombe malade.  Je finis cette jolie route vallonnée en solo pendant que Jo et Coline prennent le bus. Avec le vent de dos, dans une descente je bats mon record de vitesse : 95.18km/h !!!
Evo Morales est un président "apprécié" et ça se voit notoirement sur le bord de la route: des peintures tout les 100m avec comme slogan révolutionnaire: "Con Evo Si".

Potosi situé à 4070m au dessus du niveau de la mer est au pied du Cerro Rico "la montagne riche" qui a fait sa richesse. Terrain de la plus grande mine d'argent du monde au XVIe siècle, le minerai était extrait par des "esclaves" indiens sous le joug espagnol. L'argent s'est depuis raréfié. Il est encore extrait "artisanalement" dans des conditions désastreuses par une poignée de mineurs illégaux.

On continue notre découverte de la Bolivie. De nombreux boliviens ont la joue gauche gonflée. Elle est remplie de feuilles de coca. Les peuples andins de l'altiplano mâchent ça toute la journée pour avoir de l'énergie, couper la faim et supporter l'altitude. Infiniment moins nocif que de la cocaïne, ça donne un coup de fouet comme un café fort. Je me convertis aux coutumes locales: depuis le nord du Chili, je mâche régulièrement de la coca durant les matinées de vélo. Pas de contrôle antidopage! Le gout est très amer mais effectivement ça donne un peu d'énergie. Et il en faut en à 4000m ! Même les habitants, pourtant habitués à l'altitude sont facilement essoufflés par des tâches anodines : monter quelques marches, soulever des objets lourds ... A cette altitude on ressent rapidement le manque d'oxygène. La moindre petite apnée en faisant ses lacets ou en rangeant ses affaires est automatiquement suivie de grandes respirations à la recherche d'air, comme si on sortait de dix minutes d'apnée forcée.

Potosí est classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco pour ses monuments datant de l'époque coloniale. Mais pour moi le meilleur reste la vie locale. Les marchés de rue vendant des montagnes de cacahuètes, de fruits, ... tenus par des femmes habillées avec des couleurs éclatantes. Les petits stands de jus de fruits, yaourt, sandwichs, de beignets, de chocolats, ... Les sucreries restent décevantes: ça manque de crème, de beurre, de goût ! C'est souvent assez sec. Mais c'est tellement peu cher que ça passe. 1Bol (0.12€) le petit beignet, 5Bol (0.6€) le sandwich façon kebab, ...






En arrivant à Sucré,  je descends pour la première fois depuis plusieurs semaines sous les 3000m d'altitude: 2700m exactement, climat agréable, pas de vent, ciel bleu. Bien différent de ce que j'ai connu jusqu'ici. On se retrouve chez Ulrich, un expatrié allemand travaillant en Bolivie. En le rencontrant sur le chemin entre Potosí et Sucré, il nous a généreusement invités chez lui. La ville est ordonnée, propre, calme. Autour du marché central ça grouille de monde: des vendeuses de rue étalent leur marchandise à même le sol dans le plus grand calme. Sucré est la capitale constitutionnelle du pays, l'endroit où a été signé l'indépendance en 1809. La sixième ville du pays n'est pas la plus dynamique comparé à La Paz et Santa Cruz. Trop blanc, trop propre, trop calme, il y a beaucoup de quartiers où je n'ai pas l'impression d'être en Bolivie.

Coline et Jo restent pour découvrir la ville et les alentours pendant que je reprends la route pour La Paz. Une route magnifique, vallonnée avec des cols à plus de 4300m, et des portions en travaux, chaotique avec des éboulements et un revêtement qui met à mal mon vélo chargé. Très peu de trafic, des petits villages, des champs, des troupeaux de moutons et de lamas. J'apprécie ces paysages dans le calme absolu. Je m'amuse en voyant les femmes courir derrière leurs troupeaux afin de les faire avancer dans la bonne direction. Elles crient, gesticulent tout en faisant tournoyer une corde longue d'un mètre. A 4000m d'altitude il faut avoir la forme.
Sur les chantiers du bord de route la plupart des ouvriers m'interpellent et veulent discuter avec moi. Ils rencontrent rarement de "blancs" et encore moins de cycliste. Ceux qui possèdent un téléphone me prennent en photos. Je suis devenu une star cycliste de l'altiplano ☺.
Je grimpe entre 1500m et 2500m par jour: un bon col de première catégorie à plus de 4500m. Dur ! Mais dans ce décor et avec un temps clément, je prends énormément de plaisir. Quand je prends une pause, je m'assois souvent sur le sol où sur un rocher pour admirer longuement le paysage. Je ne m'en lasse jamais. Les nuits restent fraiches au dessus de 4000m d'altitude mais rien de comparable avec le sud bolivien. -5°C, -8°C. Et le sol n'est pas froid! Ça change tout.

L'arrivée à La Paz n'est pas aussi chaotique que je le pensais. On est dimanche, il n'y a pas trop de trafic. J'arrive par le quartier le plus haut "Del Alto": la vue sur la ville est impressionnante. Le centre ville entouré de montagnes enneigées se situe dans la cuvette juste en dessous. La descente jusqu'au centre est vertigineuse. Tout ce que je n'avais jamais vu en Bolovie s'étend devant moi : buildings, supermarchés, hommes en costume de ville, ... Une Bolivie bien différente !

Je passe trois jours exceptionnels à la "casa de ciclista", entouré de cyclotouristes, pour la plupart Français. L'ambiance est sympa. On est sept à partager un grand appartement. Le principe des casa de ciclista (il y en a dans toute l'Amérique du Sud) est d'ouvrir un espace pour que les cyclotouristes puissent prendre une douche, dormir entre quatre murs, cuisiner, ... Et tout cela gratuitement la plupart du temps. Ici à La Paz, Cristian, le propriétaire demande une participation de 20B (3€). C'est largement compréhensible vue le nombre de cyclistes qu'il héberge chaque mois.

La Paz est une belle ville entourée par des montagnes à plus de 6000m d'altitude avec ses marchés aux mille couleurs où l'on déguste des jus de fruits frais, des soupes, ... Les fruits et légumes sont parmi les moins chers que j'ai rencontré : 5 Bol (0.8€) pour 25 mandarines, 2 Bol (0.25€) pour un avocat, ... Je n'ai pas passé ces trois jours à arpenter la ville. Fatigué par l'altitude, le froid et une petite infection alimentaire, je me suis surtout reposé ☹.
La sortie de La Paz fut difficile; le mot est faible. Monter en haut de la cuvette pour rejoindre la route vers le lac Titicaca est extrêmement difficile. Altitude plus fort pourcentage ne font pas bon ménage. Je dois la plupart du temps pousser mon vélo sous le regard médusé des habitants plus habitués à voir des scooters ou des motos surchargés grimper ces côtes.
Deux jours plus tard je suis à Copacabana, pas au Brésil , un petit village sur le bord du magnifique lac Titicaca en compagnie de quatre autres cyclistes français. Nous faisons route vers le Pérou.

Et les Boliviens ? Dans les guides on peut lire que les boliviens sont froids et peu accueillants. J'ai vécu exactement l'inverse ! Des gens souriants et curieux de connaître mon parcours et mes motivations. De premier abord ils peuvent être un peu distants et froids. A 4500m d'altitude dans le froid et le vent, la vie n'est vraiment pas facile; encore moins sans électricité ni eau courante dans les coins les plus reculés. Qui aurait envie de sourire au premier "gringo" venu ! Le vélo est un excellent moyen de contact avec les populations locales. Il faut prendre le temps, s'arrêter de pédaler,  s'approcher, sourire, échanger quelques mots et tout s'arrange☺. Contrairement aux touristes arrivant en masse dans les lieux touristiques, nous avons parcourus des routes peu fréquentées où le cycliste est perçu comme une curiosité plutôt que comme une vache à lait.

La Bolivie et les boliviens méritent d'être connus. Un pays splendide plein de couleurs et de "chaleur".


Statistiques

Distance :  1391 km
Nb jours : 27
Nb jours de vélo : 19
Nb jours de repos : 8
Etape la plus longue :  99 km
Etape la plus courte :  28 km

Plus haut col : 4420m d'altitude

Total depuis le début

Distance : 44287 km
Nb jours : 641
Nb jours de vélo : 440
Nb jours de repos : 201
Etape la plus longue : 257 km ( Australie, Nullarbor)
Etape la plus courte : 26 km
Plus haut col : 4995m, Abra del Acay, Argentine

Crevaison : 12
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
temp. max/min : 49°C ( Australie) / -10°C ( Paso San Francisco, Chili)








1 commentaire :

  1. A poil sur le vélo t’es pas un grand malade toi !
    Amuse toi bien !
    Biz
    Sébastien Mouret

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